Le patriarche maronite Béchara Raï a critiqué dimanche les députés libanais qui n'ont toujours pas élu un nouveau président, déclarant que "quiconque voit les agissements d'un certain nombre de députés au cours des dernières sessions parlementaires comprend immédiatement qu'il s'agit d'une pièce de théâtre". Ses propos interviennent alors que le mandat du chef de l'État Michel Aoun expire le 31 octobre et qu'aucun accord politique n'a encore été trouvé autour d'un nouveau président, comme cela est d'usage au Liban.
Lors de la troisième session électorale du Parlement, le 20 octobre, les députés n'ont pas réussi à élire un nouveau président de la République, pour la troisième fois consécutive. Une quatrième session se tiendra lundi, mais il est peu probable que les députés élisent un nouveau président sans consensus.
"Trahison"
Dans son homélie dominicale, Mgr Raï a déclaré que la réunion parlementaire de jeudi dernier "était divisée en deux : une session pour élire un président à l'intérieur de l'hémicycle, et une autre pour torpiller le quorum dans les salles environnantes". Plusieurs députés ont quitté la séance dans ce qui semblait être un mouvement coordonné pour faire perdre le quorum et aboutir à la levée de la séance, comme cela a déjà eu lieu lors des sessions précédentes.
Le patriarche maronite a dans ce contexte critiqué un "marché entre députés" autour de l'élection. "C'est là le summum de la corruption politique", a-t-il estimé, faisant valoir que l'on se trouve dans le domaine de la "trahison".
Kaouk et la présidence
De son côté, un membre du conseil exécutif du Hezbollah, Nabil Kaouk, a soutenu, dimanche lors d'un sermon religieux à Aïta al-Chaab (Liban-Sud), que "ce n'est plus un secret pour les Libanais que l'ambassade saoudienne au Liban s'immisce dans l'élection présidentielle tout comme elle s'est immiscée dans les élections législatives, mais cette fois directement et sans médiation, et certains députés se plaignent d'être soumis aux pressions des ambassades américaine et saoudienne." "C'est une farce et une insulte à la souveraineté et à la dignité libanaises", a-t-il ajouté.
Le cheikh Kaouk a ajouté que les sessions parlementaires sans consensus sur un nouveau président manquent de "sérieux", et que "le sérieux commence quand il y a un consensus national pour élire un président de la République qui sortira le Liban de ses crises, n'en provoque pas de nouvelles, protège l'unité nationale et ne fasse pas exploser le pays par des dissensions internes."
En 2016, l'élection du président Michel Aoun, fondateur du Courant patriotique libre et allié du Hezbollah, a été rendue possible par des arrangements entre groupes politiques, après plus de deux ans de vacance à ce poste. À l'époque, le Courant du Futur, dirigé par Saad Hariri, et les Forces libanaises de Samir Geagea avaient accepté de soutenir la candidature de M. Aoun, qui était également soutenue par le parti chiite. Mais actuellement, aucun consensus ou compromis ne semble émerger alors qu'aucun camp ne peut prétendre avoir la majorité au Parlement.
La période constitutionnelle de l'élection présidentielle, qui dure deux mois, a commencé début septembre, et les craintes s'accentuent quant au risque d'une vacance totale du pouvoir exécutif si le mandat de Michel Aoun expire le 31 octobre sans qu'un nouveau gouvernement ne soit formé.
commentaires (8)
Vous n’osez pas publier un commentaire qui critique celui qui dénonce l’ingérence dans les affaires internes libanaises alors qu’il est avec son gourou et toute la clique barbue, les instigateurs et les rois de la sous traitance des problèmes locaux aux iraniens qui les détiennent par la barbe et les c…. Allez, censurez au moins c’est dit et ça ne me reste plus en travers de la gorge.
Sissi zayyat
20 h 14, le 24 octobre 2022