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Lifestyle - Coolitude

À la Pintada, le festival national du « vrai » chapeau de Panama

En s’abritant du soleil, lors d’une visite sur le chantier du canal de Panama en 1906, le président Theodore Roosevelt a lancé sans le savoir la mode d’un chapeau devenu iconique et sujet à confusion.

À la Pintada, le festival national du « vrai » chapeau de Panama

La grande fierté du pays, et surtout de la province panaméenne de Coclé. Photo tiré de la page Facebook sombrero pontados

Mercredi, la Pintada de Coclé, une petite ville du Sud-Ouest panaméen, accueillera parades, musique et compétitions pour le plus grand plaisir de la foule. La plupart des participants en ce jour spécial arboreront ce chapeau de paille ivoire, souligné de fins traits noirs, baptisé pinta’o (chapeau peint) à l’occasion du grand festival qui lui est consacré. Chapeau panaméen traditionnel par excellence, le pinta’o remonte à plus de 200 ans et est toujours tissé en paille naturelle avec grand art. Quid alors de ce que tout le monde appelle le chapeau de Panama, qui a une forme différente mais qui est devenu culte ? Selon la petite histoire, ce couvre-chef a été malencontreusement nommé ainsi alors qu’en réalité, il provient de l’Équateur. Une confusion qui remonte à l’époque de la construction du canal de Panama à la fin du XIXe siècle. Les ouvriers travaillant sur le chantier se couvraient la tête avec ce chapeau à larges bords pour se protéger du soleil brûlant. En 1906, le président américain Theodore Roosevelt, venu inspecter les travaux du canal et vêtu d’un costume de lin blanc, avait arboré l’un de ces couvre-chefs. Il n’en aura pas fallu plus pour lancer ce chapeau dans l’univers de la mode.

L’affiche du festival. (Photo tirée de la page Facebook sombrero pontados).

Le faux label panaméen

Rapidement, ce chapeau, que tout le monde imagine provenant du Panama, rencontre un succès phénoménal. Jusqu’à aujourd’hui, force est de constater que le « panama » est devenu le roi des plages.

Aujourd’hui, le Panama revendique « son » chapeau par le biais d’un festival qui se déroulera du 21 au 23 octobre et qui est placé sous le patronage du ministère panaméen de la Culture. Au programme, un parcours des ateliers avec la participation de plus de 50 artisans, des spectacles artistiques et culturels, un symposium académique intitulé « Sombrero Pinta’o, patrimoine culturel », des concours de chapeaux, des défilés à thème, des feux d’artifice, une fanfare et un défilé de chars décorés. Ministre panaméenne de la Culture, Giselle González Villarrúe souligne que cette année particulièrement, il revêt une grande importance. Il s’agira en effet de la première fois qu’il est organisé après que l’Assemblée nationale a approuvé le projet de loi n° 738, qui a institué le Festival national du chapeau pinta’o et a créé son conseil d’administration dans le but de préserver, diffuser et promouvoir les us et coutumes de la Pintada. Cet accessoire du pays, né dans ce district, y est encore fabriqué. Comme le chapeau équatorien (toujours appelé un panama), le pinta’o est tissé à la main avec des fibres naturelles, mais il est défini par de sombres motifs complexes imbriqués sur l’ensemble du chapeau : lignes droites, vagues et zigzags. Un design donnant l’apparence d’un chapeau peint, comme la traduction de son nom espagnol, pinta’o signifiant chapeau peint. Un savoir-faire délicat est nécessaire pour le fabriquer à partir des fibres de plusieurs plantes locales, teintes de plusieurs couleurs.

La grande fierté du pays, et surtout de la province panaméenne de Coclé. Photo tiré de la page Facebook sombrero pontados

« La tradition du pinta’o remonte à 200 ans », explique Marelys Montero de Monteza, coordinatrice artisanale à la province de Coclé auprès du ministère de la Culture, qui travaille à la préservation et à la conservation du patrimoine du pays à travers la promotion de l’art et de la culture. « Le chapeau met en valeur les techniques, les expressions ancestrales, le soin des plantes et la créativité dans les dessins qui se sont transmis de génération en génération, ajoute-t-elle. C’est une dynamique qui est ancrée dans les coutumes du peuple, et elle est un symbole de fierté pour tout Panaméen. »

Le président Roosevelt en chapeau équatorien visitant le Canal de Panama en 1906 (Photo Public Domain)

Une véritable identité

En 2017, l’Unesco a inscrit le pinta’o sur sa liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité qui honore les savoirs, les traditions et les rituels faisant intrinsèquement partie d’une culture. « Les artisans cultivent les plantes, travaillent les matières premières, tressent les fibres et exécutent ce chapeau faisant partie de l’habit de toutes les régions du pays et qui se retrouve dans les danses folkloriques et les fêtes communautaires », avait précisé l’Unesco à cette occasion. Cette pratique artisanale favorise la solidarité sociale, étant donné que la création de coopératives et de groupements de chapeliers et de producteurs est vivement encouragée.

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Selon son degré d’élaboration, un chapeau peut nécessiter environ dix jours de travail et coûter moins de 100 dollars, tandis qu’un design plus recherché peut requérir jusqu’à trois mois de travail et se vendre plus de 1 000 dollars. Plusieurs associations stimulent cet artisanat et le soutiennent à travers des conférences académiques préparées à l’intention de ceux qui le pratiquent. Pour la ministre de la Culture Giselle González Villarrúe, « ils seront les protagonistes de cette tradition. Nous croyons en l’enseignement, la formation et la transmission des connaissances, qui leur donneront les outils pour améliorer leur art ». Un artisan passionné y voit encore plus : « Ce chapeau est plus qu’un symbole ou une marchandise. C’est notre identité. »

Mercredi, la Pintada de Coclé, une petite ville du Sud-Ouest panaméen, accueillera parades, musique et compétitions pour le plus grand plaisir de la foule. La plupart des participants en ce jour spécial arboreront ce chapeau de paille ivoire, souligné de fins traits noirs, baptisé pinta’o (chapeau peint) à l’occasion du grand festival qui lui est consacré. Chapeau panaméen...

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