Rechercher
Rechercher

Moyen-Orient - Éclairage

Téhéran à la rescousse de Moscou en Ukraine

L’armée russe utilise sur le terrain des drones iraniens depuis septembre.

Téhéran à la rescousse de Moscou en Ukraine

Des drones iraniens ont été utilisés par l’armée russe la semaine dernière en Ukraine. Photo AFP

Les Shahed-136, nouveaux emblèmes de la coopération russo-iranienne, envahissent le ciel ukrainien depuis septembre. Ces drones iraniens sont devenus la première préoccupation militaire de Kiev. Aperçus tout d’abord dans la région de Kharkiv, ils ont par la suite étés observés à Odessa, Kiev, Lviv, Zaporijia, Bila Tservka, Dnipro, Krementchouk et Jytomyr. Le journal ukrainien Ukrayinska Pravda parle de 32 drones déployés en Biélorussie selon les services de renseignements militaires ukrainiens. De leur côté, Russes comme Iraniens démentent toujours leur utilisation et leur vente sur le terrain ukrainien. Les drones ont pris une importance toute particulière dans la guerre qui oppose la Russie et l’Ukraine. Le drone turc Bayraktar est ainsi devenu une arme phare de l’armée ukrainienne, faisant d’importants dégâts du côté russe.

Une arme psychologique

Si les capacités des drones iraniens restent inférieures à celles de bon nombre de leurs concurrents, ils possèdent deux atouts de première importance pour la Russie : leur maniabilité et leur disponibilité. Le choix des drones iraniens s’explique d’abord par l’impossibilité pour la Russie de recourir à son propre équipement. « Si les Russes ont eu recours à ces systèmes, c’est parce que leur industrie de la défense a été vraiment impactée par les sanctions occidentales, elle ne peut plus avoir accès aux composants, mais aussi parce que le programme de drones domestiques russe était très en retard », souligne Federico Borsari, chercheur associé au Center for European Policy Analysis (CEPA). Ainsi le recours aux armes iraniennes questionne la préparation de la Russie pour un conflit moderne alors que son adversaire ukrainien dispose maintenant de l’aide massive des Occidentaux.

Lire aussi

« Une normalisation entre Erdogan et Assad changerait la dynamique en faveur de la Russie »

Cet approvisionnement doit permettre à la Russie de prendre un avantage psychologique dans la guerre. Comme l’explique M. Borsari, les drones ne sont pas un game changer mais ils participent à la tentative de démoralisation des civils ukrainiens entreprise par la Russie.

Sur le plan technique, ils ont l’avantage d’être maniables et peuvent être lancés depuis l’arrière d’un camion. Volant lentement et à basse altitude, ils sont plus difficiles à repérer par les systèmes de défense ukrainiens. Dans un article pour le Washington Institute, Farzin Nadimi explique que leur utilisation « pourrait donner à la Russie le même type d’impulsion psychologique et tactique dont les forces ukrainiennes ont bénéficié lorsqu’elles ont commencé à utiliser des drones Bayraktar importés de Turquie ». Rebaptisés Geran-2 par les Russes, ils ont figuré en bonne place dans les attaques de lundi dernier. Ces appareils bon marché représentent en somme le substitut idéal dans l’attente de la fabrication de drones russes.

Lire aussi

Russes ou Ukrainiens : qui épuisera son équipement le premier ?

Mais l’aide iranienne ne s’arrête peut-être pas à la livraison de munitions vagabondes. Selon le Centre de la résistance ukrainienne, des instructeurs iraniens seraient récemment arrivés dans les régions de Kherson et de Crimée. Selon M. Borsari, cette information est plus que probable car les Russes ne disposent pas de la formation adéquate pour piloter les engins iraniens. Dimanche matin, le Washington Post a également annoncé que, selon des responsables américains et occidentaux, l’Iran prévoit d’envoyer ses premiers missiles sol-sol à la Russie.

Démontrer ses capacités militaires

Mais que recherche l’Iran ? Comment expliquer cette collaboration entre ces deux États, dont les relations ne sont pas historiquement au beau fixe et que les intérêts, notamment en termes d’hydrocarbures, opposent ? « La Russie et l’Iran ne se font toujours pas confiance, mais ont besoin l’un de l’autre plus que jamais. Ce n’est plus un partenariat de choix, mais une alliance de nécessité », affirmait Ali Vaez, directeur du projet Iran de Crisis Group, au New York Times en juillet.

Pour M. Borsari, « le premier avantage est économique : vendre ses drones, le second est politique : démontrer les capacités militaires de l’Iran. C’est un message pour ses voisins et plus spécifiquement Israël ».

Ce n’est pas la première fois que Téhéran exporte ses armes. Ne serait-ce qu’au Moyen-Orient, des drones iraniens, ou des composants de ces derniers, se sont retrouvés en Syrie, au Yémen, au Liban et à Gaza. Dans un article publié par l’International Institute for Strategic Studies (IISS) en octobre, le conflit ukrainien est présenté comme une opportunité pour l’Iran de tester la fiabilité de cet armement dans un contexte de guerre à haute intensité, un terrain où il n’a pas l’habitude d’être déployé, et de démontrer ses capacités. L’ouverture d’une usine de drones par les Iraniens au Tadjikistan en mai est par ailleurs révélatrice d’une volonté de développer leur offre d’équipements militaires.

Lire aussi

Les drones envoyés par l'Iran à la Russie sont pour beaucoup défectueux, selon Washington

Certains spécialistes évoquent un éventuel échange d’armement entre les deux pays. L’Iran cherche en effet à reconstituer sa flotte d’avions de combat et pourrait acquérir les 24 Sukhoï Su-35 fabriqués par les Russes et initialement promis à l’Égypte. Cependant, ces équipements sont coûteux et la question se pose de savoir si l’Iran possède les fonds nécessaires pour les acquérir et les manœuvrer.

En outre, alors que les discussions entre la République islamique d’Iran et les Occidentaux autour du dossier nucléaire n’avancent vraisemblablement plus, la coopération mise en place par le régime iranien avec la Russie ne peut être vue comme complètement anodine.

Réponse internationale

Afin de faire face à cette nouvelle menace, Kiev s’est adressé à ses alliés. Lundi, le président du Parlement ukrainien a ainsi écrit au Congrès américain, lui demandant l’acheminement de Nasam, des missiles pouvant intercepter n’importe quel objet dans le ciel. La demande d’aide a été entendue. Mardi, l’Ukraine recevait le premier des quatre systèmes de défense aérienne IRIS-T promis par l’Allemagne. Quant à Emmanuel Macron, critiqué pour son aide insuffisante, il déclarait mercredi soir que des armes antiaériennes seraient prochainement livrées à l’Ukraine. Des diplomates ont également indiqué à l’agence Reuters que plusieurs ministres européens des Affaires étrangères « discuteront lundi du transfert de drones iraniens à la Russie et pourraient parvenir à un accord politique sur de futures sanctions liées à une telle activité ».

Les Shahed-136, nouveaux emblèmes de la coopération russo-iranienne, envahissent le ciel ukrainien depuis septembre. Ces drones iraniens sont devenus la première préoccupation militaire de Kiev. Aperçus tout d’abord dans la région de Kharkiv, ils ont par la suite étés observés à Odessa, Kiev, Lviv, Zaporijia, Bila Tservka, Dnipro, Krementchouk et Jytomyr. Le journal ukrainien...

commentaires (3)

Édré wou lé'it ghataha.... jusqu'au jour où ils découvriront qu'à leurs frontières leurs intérêts s'opposent et ramènent des souvenirs historiques de conflits...

Wlek Sanferlou

16 h 38, le 17 octobre 2022

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Édré wou lé'it ghataha.... jusqu'au jour où ils découvriront qu'à leurs frontières leurs intérêts s'opposent et ramènent des souvenirs historiques de conflits...

    Wlek Sanferlou

    16 h 38, le 17 octobre 2022

  • Je suis de nature positive tout le temps. Tout en étant réaliste. Cependant, en lisant tout ceci.... Quelqu'un oserait contredire le fait que "nous avançons lentement mais sûrement" vers une 3e guerre mondiale??? Israel qui s'implique. L'iran aussi. La France qui entraine des officiers ukrainiens sur le sol Français, même l'allemagne envoie des armes ( du jamais vu depuis la fin de la 2e guerre), La Suisse qui prend position...M'enfin...Nous sommes en pleine guerre mondiale qui ne dit pas son nom. Un simple missile sur des unités russes en russie (par erreur) ou un missile sur les armées de l'OTAN à la frontière Ukrainienne serait une mèche pour l'intervention militaire directe des USA et du camp de l'occident. L'iran ne sera pas en reste sans oublier le fou furieux de la corée du Nord...Chacun se lachera sur son adversaire ou ennemis. Tous les pays ayant des litiges en stand by : La turquie, la grèce, l'algérie, le maroc, l'espagne, la corée, Taiwan, la chine, même l'australie ... Un malheureux dérapage et.... Que Dieu nous préserve...

    LE FRANCOPHONE

    13 h 31, le 17 octobre 2022

  • La où il faut massacrer des civils innocents les iraniens répondent présents. Gageons qu’ils ne sortiront pas indemnes de cette alliance intéressée qui va leur coûter leur régime.

    Sissi zayyat

    11 h 21, le 17 octobre 2022

Retour en haut