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Politique - Présidentielle

Face aux tergiversations locales, la diplomatie s’active

Walid Boukhari œuvre à souder les rangs de la communauté sunnite ; la ministre française des AE est attendue à Beyrouth.

Face aux tergiversations locales, la diplomatie s’active

L’ambassadeur saoudien entouré des députés Achraf Rifi (à g.) et Walid Baarini, samedi à Tripoli. Photo Achraf Rifi

Tout le monde en convient : il faut parvenir à élire un nouveau président de la République avant la fin du sexennat Aoun, le 31 octobre, pour épargner au pays les scénarios du chaos constitutionnel. C’est dans cet objectif que la France et l’Arabie saoudite s’activent sur la scène libanaise. Après la réunion franco-saoudienne tenue à Paris en septembre, la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, est attendue à Beyrouth en fin de semaine. Parallèlement, l’ambassadeur d’Arabie, Walid Boukhari, œuvre à mettre de l’ordre dans les rangs de la communauté sunnite orpheline de leadership, pour faire barrage à l’élection d’un candidat appuyé par le Hezbollah. Le forcing du diplomate saoudien intervient alors que plusieurs parlementaires sunnites n’ont pas soutenu le député Michel Moawad, candidat de l’opposition, dont les alliés de Riyad, lors de la première séance électorale. Samedi, M. Boukhari s’est rendu à Tripoli, où il a rencontré un parterre de personnalités politiques autour d’un déjeuner. Il s’est même réuni avec Fayçal Karamé, député tripolitain proche du Hezbollah et hostile aux alliés locaux du royaume, notamment les Forces libanaises. « L’objectif est très clair : Riyad veut souder les rangs de la communauté dans la perspective de la présidentielle », commente pour L’Orient-Le Jour Achraf Rifi, député de Tripoli, qui était présent à la rencontre de samedi. Il rejoint des informations obtenues par L’OLJ selon lesquelles l’action de l’ambassadeur serait le fruit d’une coordination entre Paris et Riyad. À en croire une source informée, il s’agirait du prélude d’une action saoudienne en direction du Liban, mais dont les modalités ne sont pas encore définies. Selon des médias locaux, le diplomate pourrait s’entretenir aujourd’hui avec une délégation du Courant patriotique libre, allié chrétien du Hezbollah.

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Washington presse aussi pour que la présidentielle se tienne à temps. « Les États-Unis appellent à l’organisation d’une élection présidentielle libre et transparente, dans les temps, conformément à la Constitution », a déclaré hier le porte-parole du département d’État au site web de la chaîne saoudienne al-Arabiya, affirmant que son pays ne soutient pas de candidat spécifique.

Le 13 octobre, une date qui fait débat

Sur la scène locale, les protagonistes se montrent tout aussi impatients. Mais rien ne prête à croire qu’ils arriveront à faire une percée dans un sens ou dans l’autre. D’un côté, le Hezbollah – dont les deux alliés Sleiman Frangié et Gebran Bassil sont perçus comme présidentiables – ne s’est pas encore prononcé en faveur d’un candidat, d’où le recours de son camp au vote blanc lors de la séance du 29 septembre. De l’autre, l’opposition – dont 36 députés ont soutenu Michel Moawad – n’arrivent toujours pas à accorder leurs violons, la contestation et quelques indépendants insistant pour faire cavalier seul. C’est dans ce contexte que devrait se tenir la seconde séance électorale prévue le 13 octobre. Elle coïncide avec l’anniversaire de l’assaut, en 1990, des troupes syriennes contre le palais présidentiel de Baabda où se trouvait à l’époque le général Aoun, qui était chef de l’armée et Premier ministre d’un gouvernement militaire de transition.

Pour le CPL, le choix de cette date pour convoquer à une séance n’est pas anodin. « Nous ne sommes pas enthousiastes pour prendre part à cette séance, confie César Abi Khalil, député de Aley. Nous prendrons notre décision finale demain (aujourd’hui) à l’issue de la réunion hebdomadaire de notre bloc », dit-il. Quid du Hezbollah, pris de nouveau en tenaille entre ses deux alliés, Nabih Berry et Gebran Bassil? « En principe nous serons présents et déposerons des bulletins blancs dans l’urne », souligne Mohammad Afif, porte-parole du Hezb, précisant que « les députés seront notifiés de la décision mercredi ». Hier, le parti, par la bouche de son numéro deux Naïm Kassem, a de nouveau appelé à une entente. « Il y a deux sortes de présidents : un président de défi, qui veut aller vers la confrontation et imposer sa vision qui se recoupe avec (celle des) États-Unis et détruit le Liban ; et un président ouvert, capable de régler tous les dossiers par le dialogue, et non soumis à l’étranger », a-t-il écrit sur Twitter. « Le défi est une logique de blocage qui ne mènera pas à l’élection d’un président. Ceux qui œuvrent pour un chef de l’État capable de redresser le pays doivent dialoguer pour rapprocher les points de vue au sujet du président adéquat pour la phase actuelle », a-t-il ajouté.Dans le camp de l’opposition, la situation n’est pas moins compliquée.

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Pour le moment, les Kataëb étudient la position à prendre quant à un possible boycott de la séance par solidarité avec le CPL. Un tweet posté par le chef du parti, Samy Gemayel, a dans ce contexte laissé entendre une position allant dans ce sens. Dans son message, le chef des Kataëb a qualifié le 13 octobre de « journée noire » lors de laquelle « la légitimité est tombée aux mains de la tutelle syrienne ». À Meerab, les FL ont déjà tranché : elles participeront à la séance et voteront, de nouveau, pour Michel Moawad. « Nous avons fait un choix politique clair face au Hezbollah », explique Ghayath Yazbeck, député FL de Batroun, appelant les députés de la contestation à « bien capter ce message ». Car ces derniers persistent et signent dans leur opposition au député de Zghorta. « L’heure est à la recherche d’une nouvelle voie », affirme Melhem Khalaf, député de Beyrouth. Après avoir voté pour l’homme d’affaires Salim Eddé, les députés de la thaoura ont mené des contacts avec Salah Honein, ex-député, ainsi que Nassif Hitti et Ziyad Baroud, anciens ministres des AE et de l’Intérieur. De source informée, on apprend que ces députés se sont entretenus avec M. Baroud, mais que les discussions n’ont pas débouché sur un dénouement heureux. Que fera donc le groupe des treize jeudi ? Il faudra attendre quelques heures pour avoir la réponse, répond M. Khalaf. Pour muscler son score, M. Moawad parie aussi sur ses collègues du Nord – majoritairement sunnites – qui avaient voté pour « le Liban » lors de la première séance. « Nous pourrions adopter une autre approche à la suite de notre réunion avec Michel Moawad cet après-midi », confie Walid Baarini, député du Akkar, à L’OLJ. Un changement dans le ton, qui pourrait s’expliquer par le forcing saoudien en direction des sunnites indécis.

Raï rejette l’élection d’un « président qui soit le fruit de compromis »

Le patriarche maronite Béchara Raï a refusé dimanche l’élection d’un « président qui soit le fruit de compromis », dans une nouvelle critique voilée au président du Parlement, Nabih Berry, qui appelle à une entente autour de la candidature du successeur de Michel Aoun dont le mandat arrive à terme le 31 octobre. « Nous ne voulons pas d’un président qui soit le fruit de compromis », a souligné Mgr Raï dans son homélie dominicale à Bkerké, alors qu’une seconde séance électorale est prévue jeudi. « Le patriarcat maronite n’appuie pas de candidat, contrairement à ce que certains disent (...) Nous soutenons l’idée d’un président qui réussit, après son élection, et qui peut jeter réellement les bases d’une solution pour le Liban, avec une onction internationale », a-t-il poursuivi. Le patriarche a affirmé qu’« il est temps de trouver un président qui s’impose de lui-même par sa personnalité, son expérience, sa ténacité, sa vision du sauvetage et sa capacité à l’exécuter ». Il a encore plaidé pour « un président qui exprime la volonté de la société libanaise et non pas un président qui fait allégeance à l’étranger ». Le mufti jaafarite Ahmad Kabalan, proche du Hezbollah, n’a pas tardé à répondre à ces propos, estimant que « les compromis font partie de la composition du Liban » et mettant en garde contre « la fragmentation, le régionalisme et les décentralisations qui déchirent le pays ».

De son côté, le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Élias Audi, a tancé le camp pro-Hezbollah qui a voté blanc lors de la première séance, mais aussi les députés indépendants, notamment sunnites, qui n’ont pas voté pour un candidat, optant pour des slogans comme « le Liban ». « Nous espérons que le comportement des députés lors de la prochaine séance électorale sera plus mature et sérieux, et qu’ils assumeront leurs responsabilités en élisant un président dans les délais plutôt que de se réfugier dans le vote blanc ou ce qui y ressemble. » « C’est comme si personne ne méritait d’assumer cette responsabilité, de mener la bataille de la réforme et du sauvetage, comme si la situation permettait de perdre du temps », a-t-il fustigé.

Tout le monde en convient : il faut parvenir à élire un nouveau président de la République avant la fin du sexennat Aoun, le 31 octobre, pour épargner au pays les scénarios du chaos constitutionnel. C’est dans cet objectif que la France et l’Arabie saoudite s’activent sur la scène libanaise. Après la réunion franco-saoudienne tenue à Paris en septembre, la ministre française...

commentaires (4)

Monsieur Boukhari, plus vous ratissez large et plus le fossé devient sans fond. Ces gens prennent les négociations et le protocole pour de la faiblesse. Il faut les surprendre avec des décisions spontanées sans jamais dévoiler ses cartes ni prendre leur avis. Traîtres ils sont, traîtres ils le resteront alors en quoi leur avis intéresse les patriotes qui eux savent que , ce que disent ces vendus est toujours contraire au patriotisme et ne correspond pas à ce qu’ils pensent ou à ce qu’ils sont en réalité.

Sissi zayyat

16 h 05, le 11 octobre 2022

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Commentaires (4)

  • Monsieur Boukhari, plus vous ratissez large et plus le fossé devient sans fond. Ces gens prennent les négociations et le protocole pour de la faiblesse. Il faut les surprendre avec des décisions spontanées sans jamais dévoiler ses cartes ni prendre leur avis. Traîtres ils sont, traîtres ils le resteront alors en quoi leur avis intéresse les patriotes qui eux savent que , ce que disent ces vendus est toujours contraire au patriotisme et ne correspond pas à ce qu’ils pensent ou à ce qu’ils sont en réalité.

    Sissi zayyat

    16 h 05, le 11 octobre 2022

  • ON TOURNE EN RONG, TOUT ÇA N'EST QU'UNE PERTE DE TEMPS. JOUMBLATT ET BERRY REGARDENT ET RIGOLENT ENSEMBLE. SLEIMAN EST ÉLU DÉJÀ DEPUIS LONGTEMPS ET SERA ANNONCÉ OFFICIELLEMENT LE MOMENT VENU PAR UNE RÉUNION DES DÉPUTÉS À LA FAÇON BERRY.

    Gebran Eid

    13 h 03, le 11 octobre 2022

  • Faysal Karame est un EX depute

    Khalil Chehade

    08 h 31, le 11 octobre 2022

  • Un "chef de l’État capable de redresser le pays" se trouvera automatiquement face à un double "DEFI", Il aura à affronter la classe politique corrompue ("Kellon, yani, kellon" et un organisme politico-militaire supra-étatique. Malheureusement, la révision constitutionnelle berryste (quorim des 2/3) va nous imposer un président hezbollaho-compatible, c-à-d, au mieux, incolore, imodore et insipide.

    Yves Prevost

    07 h 29, le 11 octobre 2022

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