Il a été plébiscité par les onze députés de la contestation présents jeudi dans l’hémicycle lors du premier tour de vote à l’élection présidentielle. Parce qu’il se situe au-dessus de la mêlée, qu’il rejette toute polarisation, qu’il a cru et continue de croire dans le Liban, sa jeunesse, son éducation, sa santé, sa culture, son entreprise. Parce qu’il s’est engagé de tout son poids pour soutenir ces secteurs, mais aussi les personnes les plus défavorisées. Salim Eddé, 63 ans, n’est pourtant pas candidat. Il est même très loin de la politique. Aussi loin qu’en était proche son père, l’ancien ministre Michel Eddé, décédé en 2019. Mais cela n’est pas un obstacle pour la Constitution libanaise. « Il n’est pas nécessaire d’être candidat pour être élu président », affirme le député de la contestation Melhem Khalaf.
L’homme d’affaires prospère, philanthrope, actionnaire de L’Orient-Le Jour, est visiblement pressé d’agir, de continuer à se sentir utile, comme il le fait au quotidien. Dans cette situation d’éclatement interne qui reflète les querelles régionales, difficile d’aller vite. En même temps, il n’est pas homme à se débiner, toujours prêt à faire quelque chose de plus pour servir ce pays auquel il voue un attachement sans limites.
Au service de la jeunesse et du pays
Après des études à l’École polytechnique en France durant la guerre civile libanaise, une formation d’ingénieur chimiste à MIT et un MBA spécialité finance à l’Université de Chicago, il fait de son entreprise Murex, cofondée en 1986 avec un ami, le leader mondial de logiciels informatiques destinés aux marchés financiers. La multinationale basée à Paris avec des bureaux à New York, Tokyo, Singapour, Sydney, Dublin, compte à Beyrouth et au sein de son aile chypriote quelque 800 employés dont un pourcentage élevé de jeunes diplômés libanais, qui injectent chaque année quelque 50 millions de dollars dans le pays. Des sommes conséquentes en cette période de crise sans précédent.
« Salim Eddé est de ces personnes dont la success story a particulièrement servi le Liban, sa jeunesse, son entreprise. C’est aussi un homme de dialogue, qui se place au-dessus de la mêlée, loin de toute polarisation politique », confie Melhem Khalaf. « Il fait partie de ces présidentiables qui répondent aux critères de la contestation populaire. Être extérieur à la polarisation politique », renchérit la députée Paula Yacoubian.
C’est dire son parcours au terme de 36 ans d’engagement pour développer l’emploi jeune et qualifié au pays du Cèdre. Un engagement qui va de pair avec ses actions philanthropiques, personnelles et professionnelles, au profit de l’éducation et de la santé, au sein des secteurs public et privé. Si la famille de Salim Eddé s’est distinguée par la construction et le développement de l’école publique Rachel Eddé de Sebeel (Zghorta), son entreprise Murex n’a eu de cesse de soutenir les écoles, les universités, les étudiants et les hôpitaux.
Avec son credo, « Tout dans la vie peut s’en aller, l’éducation reste pour toujours, car elle permet aux jeunes de se développer », ce soutien de longue date, à travers des associations dont Beit el-Baraka, est passé à la vitesse supérieure lors de l’explosion du port de Beyrouth, le 4 août 2020, après une accélération due à la crise économique, à l’effondrement du pouvoir d’achat, aux difficultés des enseignants dont les salaires ne valent plus rien, celles des parents d’élèves qui ne parviennent plus à payer les scolarités. « Il fait partie de ceux qui ont le souci des Libanais et de la jeunesse particulièrement. Il a réussi à maintenir au Liban plus de 700 jeunes diplômés. Il en a aidé d’autres, comme nul ne l’a fait », précise encore Me Khalaf.
Si son parcours séduit, indubitablement, même au-delà des rangs de la contestation, son rapport à la politique questionne toutefois. « Nous sommes tous fiers de lui et de son parcours de chef d’entreprise qui a réussi, assure des emplois à tant de jeunes diplômés et fait vivre tant de familles libanaises, reconnaît le député Kataëb Élias Hankache. Mais nous ne connaissons pas ses positions politiques, quant aux armes du Hezbollah notamment. Il n’a d’ailleurs jamais fait de déclaration politique. Et nous ne pouvons pas élire un président sans connaître ses positions politiques. »
Une passion pour les minéraux et l’histoire
Salim Eddé fait partie de ces optimistes inébranlables, confiant dans le peuple libanais et dans l’existence du Liban, en dépit de la crise qui s’éternise. Un optimisme qui a permis de mettre sa passion pour les minéraux et l’histoire au service des Libanais. Après avoir créé à Beyrouth le musée MIM des minéraux, il l’agrémente de celui des fossiles. Et peaufine l’ouverture prochaine d’un musée d’histoire naturelle consacré à la faune et la flore. « Pour toutes ces raisons, nous avons besoin de cette personnalité à la tête de l’État, conclut Melhem Khalaf. Une personnalité ouverte au dialogue avec toutes les parties, dont le parcours de vie repose sur les services à la population, plutôt que sur le partage du pouvoir. »
commentaires (13)
Clairement au dessus de la mêlée Avec un recul suffisant pour être excellent médiateur à distance de toutes les parties La chose politique ne l’intéresse pas ? Tant mieux ! C’est un homme qui AGIT pas qui DIT il a la parole rare mais sure et il s’engage vraiment Les libanais s’habitueront à de vraies valeurs et changeront déjà de vocabulaire .. Cclest déjà pas si mal .. Au lieu de reprendre en boucle Mafieux , requins voleurs et corruptions ils apprendront à épeler Empathie Probité et Intelligence de cœur Ils comprendront la vraie valeur du travail et pas seulement de la Chatara Mais est ce qu’ils méritent un Salim Edde ? Ceux qui le jugent avec suffisance sans le connaître ? Pas sure ! Alors s’il est élu c’est une chance inespéré pour le pays Et sinon les balablateurs pourront continuer à se vautrer dans leur sport préféré : la critique au ras des pâquerettes .. parce que ça tout le monde est d’accord ça fait une unité nationale extraordinaire!
Noha Baz
00 h 05, le 01 octobre 2022