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Moyen-Orient - Répression

Les manifestations se multiplient en Iran : au moins huit morts

Raïssi accuse l’Occident de pratiquer une politique des « deux poids, deux mesures » sur les droits des femmes.

Les manifestations se multiplient en Iran : au moins huit morts

Heurts entre manifestants et forces de l’ordre en Iran, alors que des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes du pays après la mort controversée de Mahsa Amini, arrêtée par la police des mœurs à Téhéran la semaine dernière. Photo AFP

Au moins huit personnes ont été tuées lors de la répression des manifestations qui se multiplient en Iran après la mort d’une jeune femme arrêtée par la police des mœurs, selon un nouveau bilan mercredi.

Les manifestations nocturnes se sont propagées dans la République islamique depuis l’annonce du décès de Mahsa Amini vendredi dernier jusqu’à la ville sainte de Qom, cité natale du guide suprême iranien Ali Khamenei, qui s’est exprimé mercredi lors d’un événement à Téhéran sans mentionner de manifestations dans le pays.

Elles ont eu lieu dans les rues d’une quinzaine de villes iraniennes situées dans le nord-ouest et le sud du pays, tout comme dans la capitale. Des manifestants en colère y ont bloqué la circulation, incendié des poubelles et des véhicules de police, lancé des pierres sur les forces de sécurité et scandé des slogans hostiles au pouvoir, selon l’agence officielle IRNA.

La police a utilisé du gaz lacrymogène et procédé à des arrestations pour disperser la foule, a précisé l’agence. Des hommes et des femmes, dont beaucoup avaient ôté leur foulard, se sont rassemblés à Téhéran et dans d’autres grandes villes du pays, selon la même source.

« Non au foulard, non au turban, oui à la liberté et à l’égalité! » ont crié des manifestants à Téhéran lors d’un rassemblement dont les mêmes slogans ont été repris dans des manifestations de solidarité à l’étranger, notamment à New York et à Istanbul.

Une vidéo tournée dans la ville de Chiraz (Sud) montre les forces de sécurité ouvrant le feu sur des participants aux manifestations qui se sont poursuivies jusqu’aux premières heures du matin mercredi.

Âgée de 22 ans, Mahsa Amini, originaire de la région du Kurdistan (Nord-Ouest), a été arrêtée le 13 septembre à Téhéran pour « port de vêtements inappropriés » par la police des mœurs, une unité chargée de faire respecter le code vestimentaire strict dans la République islamique. Des militants ont déclaré que la jeune femme avait reçu un coup mortel à la tête, une affirmation démentie par des responsables qui ont annoncé une enquête.

En Iran, les femmes doivent se couvrir les cheveux, et la police des mœurs leur interdit également de porter des manteaux courts au-dessus du genou, des pantalons serrés, des jeans troués ainsi que des tenues de couleurs vives.

Foulards brûlés

D’autres images vidéo montrent des manifestants ripostant aux forces de sécurité en arrachant des bombes lacrymogènes aux forces de l’ordre et en les empêchant de procéder à des arrestations. L’une des principales tendances virales sur les réseaux sociaux est de voir des femmes mettre le feu à leur foulard.

Un groupe de défense kurde basé en Norvège, Hengaw, a indiqué mercredi que deux autres manifestants avaient été tués en Iran dans la nuit de mardi à mercredi. De leur côté, les autorités iraniennes ont fait état mercredi d’un bilan de six morts depuis le début des manifestations.

Outre la vague de colère déclenchée en Iran, l’annonce du décès de la jeune femme, dont le prénom kurde est Jhina, a suscité de vives condamnations internationales, notamment de l’ONU, des États-Unis et de la France.

Le président Joe Biden a affirmé mercredi que les États-Unis se tenaient « aux côtés » des manifestants en Iran qui crient leur colère. « Nous sommes aux côtés des courageux citoyens et des courageuses femmes d’Iran qui manifestent en ce moment même pour défendre leurs droits les plus élémentaires », a affirmé le dirigeant américain à la tribune des Nations unies.

En marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York, le président français Emmanuel Macron a déclaré, après un entretien avec le président iranien Ebrahim Raïssi, avoir « insisté sur le respect des droits des femmes » en Iran.

Réagissant aux condamnations internationales, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Nasser Kanani a condamné mardi soir ce qu’il a qualifié de « positions interventionnistes étrangères ».

Le ministre iranien des Télécommunications Issa Zarepour a évoqué de son côté mercredi la possibilité de restrictions d’accès à internet dans le pays pendant les manifestations « en raison des problèmes de sécurité », a-t-il dit, cité par l’agence de presse ISNA.

À New York, le président iranien a accusé l’Occident de pratiquer une politique des « deux poids, deux mesures » concernant les droits des femmes. « Il y a deux poids, deux mesures, avec une attention portée seulement d’un côté et pas partout », a-t-il déclaré devant l’Assemblée générale de l’ONU, évoquant les morts de femmes de peuples autochtones au Canada ou les actions israéliennes dans les territoires palestiniens. « Cela montre que la place de l’accusé et du défenseur ne doit pas être jugée seulement à l’aune de ce qui est présenté par certains », a ajouté M. Raïssi.

Ces manifestations constituent « une secousse très importante » en Iran, « c’est une crise sociétale », a déclaré David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l’IRIS, spécialiste de l’Iran. « Il y a une déconnexion entre les autorités bloquées sur leur ADN de la révolution islamique de 1979 et une société de plus en plus sécularisée. C’est tout un projet de société qui est remis en question. Il y a un flottement chez les autorités sur la marche à suivre vis-à-vis de ce mouvement », a expliqué le chercheur.

Source : AFP

Au moins huit personnes ont été tuées lors de la répression des manifestations qui se multiplient en Iran après la mort d’une jeune femme arrêtée par la police des mœurs, selon un nouveau bilan mercredi.Les manifestations nocturnes se sont propagées dans la République islamique depuis l’annonce du décès de Mahsa Amini vendredi dernier jusqu’à la ville sainte de Qom, cité...

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Convertis de force du zoroastrisme au sunnisme par les envahisseurs arabes puis convertis de force du sunnisme au chiisme par les safavides venus d’Anatolie, les iraniens n’ont jamais adhéré en profondeur à la religion qui leur a été imposée par des moyens humains. Depuis l’invention du dogme du wilayet el faqih en 1979 jusqu’à maintenant, l’adhésion à ce dogme a TOUJOURS ÉTÉ bien plus faible en Iran-même que par exemple dans les régions chiites du Liban. Le monde entier commence à s’en rendre compte seulement maintenant à sa grande surprise, mais il en a toujours été ainsi. Les masses iraniennes fanatisées que certains Libanais ont peur de voir débouler sur notre sol si le Hezbollah est contrarié, n’existent que dans l’esprit de Hassan Nasrallah et de ses maîtres néo-safavides. C’est bien le contraire qui peut se produire: si les Libanais se décident enfin à faire leur révolution contre le Hezbollah et ses maîtres néo-safavides, c’est les iraniens qui seront galvanisés pour faire de même. Un peu comme les syriens ont été galvanisés par les « printemps arabes » de Tunisie et d’Égypte. Nous avons juste besoin d’audace et de sortir de nos vieux schémas frileux hérités de la guerre de 75-90.

Citoyen libanais

11 h 17, le 22 septembre 2022

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  • Convertis de force du zoroastrisme au sunnisme par les envahisseurs arabes puis convertis de force du sunnisme au chiisme par les safavides venus d’Anatolie, les iraniens n’ont jamais adhéré en profondeur à la religion qui leur a été imposée par des moyens humains. Depuis l’invention du dogme du wilayet el faqih en 1979 jusqu’à maintenant, l’adhésion à ce dogme a TOUJOURS ÉTÉ bien plus faible en Iran-même que par exemple dans les régions chiites du Liban. Le monde entier commence à s’en rendre compte seulement maintenant à sa grande surprise, mais il en a toujours été ainsi. Les masses iraniennes fanatisées que certains Libanais ont peur de voir débouler sur notre sol si le Hezbollah est contrarié, n’existent que dans l’esprit de Hassan Nasrallah et de ses maîtres néo-safavides. C’est bien le contraire qui peut se produire: si les Libanais se décident enfin à faire leur révolution contre le Hezbollah et ses maîtres néo-safavides, c’est les iraniens qui seront galvanisés pour faire de même. Un peu comme les syriens ont été galvanisés par les « printemps arabes » de Tunisie et d’Égypte. Nous avons juste besoin d’audace et de sortir de nos vieux schémas frileux hérités de la guerre de 75-90.

    Citoyen libanais

    11 h 17, le 22 septembre 2022

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