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Politique - Explosion au port

Les parents de victimes réclament une commission internationale d’établissement des faits

L’initiative du Rassemblement du 4 août est appuyée par les députés et les partis de la contestation. L’annonce a été faite lors d’une conférence de presse vendredi au siège du Bloc national, à Beyrouth.

Les parents de victimes réclament une commission internationale d’établissement des faits

À la tribune, les députés Waddah Sadek et Mark Daou entourant Michel Hélou. À l’écran, Paul Naggear qui intervenait via Zoom.

La volonté du ministre de la Justice de nommer un suppléant au juge Tarek Bitar, en charge de l’enquête sur la double explosion au port de Beyrouth, a été la goutte qui a fait déborder le vase. Après ce qui a été interprété comme une énième tentative d’écarter le juge Bitar, les parents de victimes de la double explosion, réunis sous l’égide du Rassemblement du 4 août, déclarent clairement n’avoir plus aucune confiance dans la justice libanaise et demandent la formation d’une commission internationale d’établissement des faits sous l’égide de l’ONU. Une initiative en ce sens a été annoncée vendredi lors d’une conférence de presse au siège du Bloc national (BN) à Gemmayzé, en présence de députés de la contestation et de plusieurs figures de l’opposition. « Dès le lendemain de l’explosion, nous prévoyions déjà qu’une enquête nationale ne donnerait rien, en présence d’une classe politique coupable et complice qui ne veut pas la vérité, et deux ans plus tard, les faits nous donnent raison », a martelé Paul Naggear, qui a perdu sa petite fille Alexandra dans la tragédie.

Il explique qu’un groupe de parents de victimes et d’autres personnes concernées se sont penchés dès le lendemain de la catastrophe sur les alternatives internationales, avec l’aide de l’organisation Legal Action Worldwide. « Après maintes délibérations qui ont pris toutes les options en compte, nous avons déduit que la meilleure et la plus applicable, dans notre cas, est une commission internationale d’établissement des faits, qui viendra prêter main-forte au juge chargé de l’enquête en vue d’arriver à la vérité », explique-t-il, prenant soin de préciser qu’il ne s’agit pas d’un tribunal.

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Le problème, c’est qu’une telle commission doit être décidée et formée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, et qu’une telle démarche nécessite une demande formulée par un pays tiers. Or jusque-là, aucun pays n’a encore formellement adopté cette cause, sachant que le lobbying se poursuit. Selon Paul Naggear, « le pays qui serait le plus susceptible de répondre à notre demande à l’heure actuelle est l’Australie, grâce aux efforts des parents australiens du petit Isaac tué dans l’explosion ». Il a souligné que les parents des victimes comptaient initialement sur la France, mais que ce pays n’a pas pris cette initiative, assurant que les contacts se poursuivent.

Un précédent dangereux

Tous les autres intervenants de la conférence de presse ont insisté sur le manque de confiance dans l’enquête locale. « La classe dirigeante mène une lutte dont le titre est clair : mettez un terme à l’enquête ! » a affirmé Michel Hélou, ancien directeur de L’Orient-Le Jour, membre du conseil exécutif du BN et ancien candidat du parti aux législatives. Louant les « efforts » des juges Fadi Sawan puis Tarek Bitar, il a estimé que « le courage du juge ne suffit pas », énumérant les manœuvres des politiciens pour tuer l’enquête.

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Le député Mark Daou a stigmatisé les comportements des officiels, estimant que la décision de nommer un juge suppléant au juge Bitar est un « précédent dangereux », que ce soit dans cette affaire ou pour la justice en général. Il a révélé l’existence d’une pétition qui circule au Parlement pour appuyer l’initiative des proches de victimes. Waddah Sadek, autre député de la contestation, s’est dit « triste de participer à une conférence où l’on annonce la mort de la justice libanaise ». Il a appelé la juge Samaranda Nassar, 1re juge d’instruction du Liban-Nord, pressentie pour être nommée juge suppléant à Tarek Bitar, « à ne pas accepter cette fonction ». Ce n’est pas la première fois qu’une telle demande de commission internationale est formulée. En février 2021, les Forces libanaises avaient présenté une pétition au secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, pour réclamer la création d’une commission internationale d’établissement des faits sous l’égide de l’ONU.

La volonté du ministre de la Justice de nommer un suppléant au juge Tarek Bitar, en charge de l’enquête sur la double explosion au port de Beyrouth, a été la goutte qui a fait déborder le vase. Après ce qui a été interprété comme une énième tentative d’écarter le juge Bitar, les parents de victimes de la double explosion, réunis sous l’égide du Rassemblement du 4 août,...

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Un extrait d'un article de l'OLJ du 1er septembre 2022: "le général Lazaro répond que ces forces [casques blues] avaient détecté la cargaison de nitrate d’ammonium et alerté à ce sujet les autorités compétentes. Mais la Finul n’a pas de mandat pour arrêter une cargaison et ce n’est pas elle qui délivre les autorisations. De plus, son mandat est placé sous le signe du « chapitre 6 » et non du « chapitre 7 » qui autorise l’usage de la force. La Finul a d’ailleurs été interrogée à ce sujet par le juge d’instruction chargé de l’enquête". Par conséquent, le monde libre savait. Les services de renseignements savaient. Vous imaginez que l'ONU va chercher à se désavouer et démasquer l'inaction des grandes puissances? Il n'y aura pas d'enquête internationale.

Céleste

00 h 39, le 17 septembre 2022

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Commentaires (1)

  • Un extrait d'un article de l'OLJ du 1er septembre 2022: "le général Lazaro répond que ces forces [casques blues] avaient détecté la cargaison de nitrate d’ammonium et alerté à ce sujet les autorités compétentes. Mais la Finul n’a pas de mandat pour arrêter une cargaison et ce n’est pas elle qui délivre les autorisations. De plus, son mandat est placé sous le signe du « chapitre 6 » et non du « chapitre 7 » qui autorise l’usage de la force. La Finul a d’ailleurs été interrogée à ce sujet par le juge d’instruction chargé de l’enquête". Par conséquent, le monde libre savait. Les services de renseignements savaient. Vous imaginez que l'ONU va chercher à se désavouer et démasquer l'inaction des grandes puissances? Il n'y aura pas d'enquête internationale.

    Céleste

    00 h 39, le 17 septembre 2022

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