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La jeunesse libanaise, moteur de changement ou carburant de la crise ?

Sur invitation de la Chaire de la Fondation Diane pour l’éducation à l’écocitoyenneté et au développement durable (CEEDD) de l’Université Saint-Joseph (USJ), le journaliste et ancien candidat de l’opposition aux législatives Jad Ghosn a animé un webinaire sur l’apport de la jeunesse libanaise à la politique.

La jeunesse libanaise, moteur de changement ou carburant de la crise ?

Selon le journaliste Jad Ghosn (ci-dessus), pour faire bouger les choses, les jeunes Libanais doivent se défaire de la fibre communautaire et de l’individualisme en faveur du bien commun et lutter contre les idéologies qui les transforment en « éternels adolescents consommateurs ». Photo DR

Pour que les jeunes Libanais deviennent de véritables acteurs de changement et réussissent à faire entendre leur voix, il faut d’abord qu’ils s’organisent eux-mêmes, qu’ils agrandissent leur communauté, qu’ils se regroupent et se rassemblent autour d’un projet politique bien déterminé. Et en premier lieu, qu’ils soient « conscients et bien convaincus dans leurs têtes qu’ils sont en mesure d’impacter leur entourage, leur avenir et, par conséquent, de changer la réalité dans laquelle ils évoluent ». C’est ce qu’a affirmé le journaliste Jad Ghosn lors d’un webinaire organisé par la Chaire de la Fondation Diane pour l’éducation à l’écocitoyenneté et au développement durable (CEEDD) de l’Université Saint-Joseph (USJ), sur le thème « La jeunesse libanaise : moteur de changement ou carburant de la crise ? » qui a réuni une centaine de participants venus de tous bords.Peut-on classer la jeunesse comme une catégorie à part entière, presque au même titre qu’une classe sociale? Quid de la jeunesse libanaise ? Si la question posée par le journaliste et créateur de podcasts de 36 ans est trop vaste pour être traitée de façon approfondie le temps d’une rencontre virtuelle, il n’empêche que ce dernier a réussi à brosser de manière succincte les contours de la réalité de la jeunesse libanaise.Souvent instrumentalisés à des fins politiques, les jeunes Libanais, dont le futur semble aujourd’hui plus que jamais menacé, représentent, selon Jad Ghosn, une force économique et de consommation vive, voire une arme redoutable pour faire avancer toute sorte de combats. « Les jeunes sont dynamiques, pleins d’énergie, libres de toute contrainte – par opposition à la génération précédente prisonnière de ses intérêts – et, par conséquent, ils sont capables de se mobiliser et lutter pour leur avenir », estime-t-il. Toutefois, à ses yeux, il est « difficile de s’attaquer seul à des combats et enjeux complexes tels que ceux affrontés au Liban ». C’est pourquoi l’un des meilleurs moyens pour les jeunes d’avoir un impact, de faire émerger de nouvelles figures porteuses de projets concrets et introduire une nouvelle praxis politique consiste à se rassembler autour d’un projet précis, à élargir leur communauté, à construire des alliances et des plateformes, en réseautant et en mobilisant de nouvelles personnes partageant les mêmes valeurs. « Je ne peux qu’insister sur l’importance du travail collectif, du travail en groupe », dit-il. Ce faisant, il est primordial d’éviter de devenir un instrument aux mains « des autorités confessionnelles rusées et de meneurs fort habiles qui pourraient les exploiter à leur profit », prévient l’ancien candidat aux législatives. Car s’ils sont manipulés, le risque est grand de les voir s’armer et glisser vers la guerre…

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Pointant du doigt la culture de « l’ascension sociale » qui, au lieu de changer la structure sociopolitique préexistante, la conforte dans sa position, l’ancien journaliste de la chaîne al-Jadeed a estimé que le recours régulier, entre autres, à des « technocrates » pour régler des problèmes essentiellement politiques, conjugué à la simplicité avec laquelle les Libanais, notamment les jeunes, fuient la crise en quête d’un avenir meilleur à l’étranger ainsi qu’à des problématiques de nature culturelle propres à une société qui a la « mémoire courte » et est soumise à la « tyrannie du présent », constituent autant de facteurs ayant contribué à ce que les jeunes protestataires se soient contentés d’exprimer leur colère et que le mouvement de contestation se soit limité à une « intifada », sans se transformer en thaoura. « C’est dur pour n’importe quel groupe social d’opérer un changement quelconque sans une connaissance approfondie des causes de la crise ou encore l’élaboration et le développement d’une perception plus large de la solution », indique Jad Ghosn tout en insistant sur le fait que « reconnaître son potentiel et se connaître soi-même sont une condition sine qua non pour que tout jeune devienne un acteur efficace de changement ». Facile à dire, mais le remède ne se résume pas à une recette toute simple. En effet, selon M. Ghosn, si de nombreuses opportunités s’offrent aujourd’hui aux jeunes Libanais pour faire bouger les choses, ces derniers ont néanmoins intérêt à travailler à plus d’un niveau : d’abord se défaire de la fibre communautaire et de l’individualisme en faveur du bien commun, lutter contre les idéologies qui les transforment en « éternels adolescents consommateurs », profiter des nouvelles technologies pour développer une culture et une prise de conscience, penser différemment et faire preuve d’originalité pour exprimer leurs idées et toucher un public plus large… « Autant ils peuvent façonner une prise de conscience et une réponse politique basée sur des intérêts communs en mesure de répondre à des enjeux complexes, autant ils peuvent devenir acteurs de changement », conclut-il.


Pour que les jeunes Libanais deviennent de véritables acteurs de changement et réussissent à faire entendre leur voix, il faut d’abord qu’ils s’organisent eux-mêmes, qu’ils agrandissent leur communauté, qu’ils se regroupent et se rassemblent autour d’un projet politique bien déterminé. Et en premier lieu, qu’ils soient « conscients et bien convaincus dans leurs têtes...

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