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Société - Liban

Mikati appelle l'ONU à une "nouvelle approche" pour le retour des réfugiés syriens

Dans une lettre adressée à Antonio Guterres, le Premier ministre sortant rappelle que le Liban accueille le pourcentage le plus élevé de réfugiés par habitant au monde et souffre de l'une des plus graves crises économiques depuis 1850.

Mikati appelle l'ONU à une

Des Syriens attendant près d'un convoi pour une opération de rapatriement en 2018, à Ersal, au Liban. Photo d'archives AFP

Le Premier ministre libanais sortant, Nagib Mikati, a envoyé jeudi une lettre au Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, dans laquelle il réclame une "nouvelle approche" de la communauté internationale sur le retour des réfugiés syriens en Syrie, en soulignant que le Liban est un petit pays qui accueille le pourcentage le plus élevé de réfugiés par habitant au monde, alors qu'il souffre de l'une des plus graves crises économiques et financières depuis le milieu du XIXe siècle.

"Alors que le Liban s'efforce de faire face à la crise et d'en contrôler les répercussions, qui ont poussé plus de 80 % des Libanais sous le seuil de pauvreté, les répercussions de la crise du déplacement des Syriens et son coût sur l'économie libanaise, [qui] est estimé à plus de 3 milliards de dollars par an, rendent extrêmement difficile toute résolution de la crise économique", écrit M. Mikati.

Le premier ministre sortant n'a pas précisé d'où il tirait ce chiffre. Un rapport de la Banque mondiale, publié en 2013, a estimé que l'impact de la guerre en Syrie pourrait "faire baisser les recettes publiques [du Liban] de 1,5 milliard de dollars tout en augmentant simultanément les dépenses publiques de 1,1 milliard de dollars en raison de l'augmentation de la demande de services publics, ce qui porte l'impact fiscal total à 2,6 milliards de dollars".

Un rapport de la Banque mondiale de 2020 examinant l'impact de la guerre en Syrie sur l'Irak, la Jordanie et le Liban a, lui, révélé que le conflit a entraîné une réduction de 1,2 %, 1,7 % et 1,6 % des taux de croissance annuels moyens de ces pays, respectivement. Les deux rapports ont tenu compte de l'impact de la guerre sur le commerce et d'autres aspects de l'économie, et pas seulement de la présence de réfugiés syriens au Liban.

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Pourtant, M. Mikati soulève une "concurrence" entre les groupes vulnérables de citoyens libanais et les "Syriens déplacés et les réfugiés palestiniens" pour l'accès aux services et ressources limités.

"Le Liban a accueilli les personnes déplacées et a fait preuve de coopération avec la communauté internationale pour les aider en attendant que cette situation prenne fin et qu'une solution durable à la crise syrienne soit trouvée", a-t-il déclaré, "à condition que cette [solution] ne se fasse en aucun cas aux dépens du Liban". Il a poursuivi en accusant les réfugiés syriens de "restructurer la démographie du Liban, car le nombre de naissances syriennes dépasse celui des naissances des Libanais."

Incidents de sécurité
M. Mikati a également semblé imputer à la présence des réfugiés syriens le "taux de criminalité élevé" du Liban, qui, selon lui, augmente "en raison des crises auxquelles le pays a été confronté, provoquant une surpopulation carcérale qui dépasse les capacités des autorités libanaises." Dans sa lettre, il souligne que la concurrence pour des opportunités d'emploi limitées a encore entraîné une augmentation des "tensions et des incidents de sécurité", ainsi qu'une hausse de l'immigration illégale vers l'Europe.

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Face à ce constat, le Premier ministre a exprimé sa frustration face à l'incapacité de la communauté internationale à proposer une solution qui permettrait de "renvoyer [les réfugiés syriens] dans leur pays ou de les envoyer dans un pays tiers." "À ce jour, la communauté internationale est complètement absente", a-t-il déploré, appelant à une "nouvelle approche dans la gestion de la crise du déplacement des Syriens avant que la situation ne s'aggrave et ne devienne incontrôlable." Il a dès lors exhorté à un retour rapide des réfugiés syriens, citant une "baisse de la tension militaire dans de nombreuses régions."

La position officielle de l'ONU est que la Syrie n'est pas suffisamment sûre pour des retours massifs. Une déclaration récente du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) soulignait qu'il "reste préoccupé par une combinaison de facteurs, notamment : la sûreté et la sécurité, le logement, l'accès aux services essentiels et les moyens de subsistance ... [et] jusqu'à ce que les facteurs inhibant le retour des réfugiés soient traités, il est crucial de s'assurer qu'ils continuent d'être en sécurité et protégés au Liban."

Le HCR a déclaré, en juillet, qu'il ne participait à aucune négociation ni à aucun plan visant à renvoyer en masse les réfugiés du Liban vers la Syrie. Cette déclaration est intervenue un jour après que le ministre intérimaire des personnes déplacées, Issam Charafeddine, a annoncé que les autorités libanaises travaillaient sur un plan visant à rapatrier 15.000 réfugiés syriens en Syrie chaque mois. Ce plan a depuis échoué, mais les cas individuels d'expulsion ont augmenté, selon certains groupes qui suivent la situation.

Dans sa déclaration, le HCR a déclaré qu'il "continue d'appeler le gouvernement à respecter le droit fondamental de tous les réfugiés à un retour volontaire, sûr et digne, ainsi que le principe de non-refoulement."

"Il est nécessaire de confirmer l'adhésion du Liban aux règles contraignantes du droit international humanitaire", a conclu M. Mikati dans sa lettre à Guterres. "[Le Liban] affirme sa volonté de coopérer de bonne foi avec les parties internationales, conformément aux exigences du droit international et aux nécessités imposées par son intérêt suprême et l'intérêt de son peuple."

Environ 839 000 réfugiés syriens sont actuellement enregistrés auprès du HCR au Liban, mais leur nombre exact n’est toutefois pas connu car le gouvernement libanais a demandé au HCR de cesser d’enregistrer les nouveaux réfugiés qui ont déferlé à partir de 2015. La population totale du pays est estimée à quelque 6 millions d'habitants, selon différentes sources.

Le Premier ministre libanais sortant, Nagib Mikati, a envoyé jeudi une lettre au Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, dans laquelle il réclame une "nouvelle approche" de la communauté internationale sur le retour des réfugiés syriens en Syrie, en soulignant que le Liban est un petit pays qui accueille le pourcentage le plus élevé de réfugiés par habitant au monde, alors...

commentaires (2)

Cette lettre est de la poudre aux yeux. Rien de sérieux ne sera fait par Mikati.

Sam

10 h 19, le 10 septembre 2022

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Commentaires (2)

  • Cette lettre est de la poudre aux yeux. Rien de sérieux ne sera fait par Mikati.

    Sam

    10 h 19, le 10 septembre 2022

  • MIKATI,le blablabla...encore et encore.

    Marie Claude

    19 h 27, le 09 septembre 2022

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