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Culture - Septième art

Le Festival libanais du film indépendant, un événement à préserver

C’est à Station Beirut que s’est tenu au cours de ce premier week-end de septembre la sixième édition du Festival du film indépendant LIFF. Avec 45 films libanais sur la centaine de films locaux et internationaux projetés, la sélection de cette année préfigure, semble-t-il, un futur prometteur (malgré tout !) pour le cinéma indépendant du pays du Cèdre.

Le Festival libanais du film indépendant, un événement à préserver

De gauche à droite : Estéphan Khattar, Samir Kawas, Daniela Stephan, trois réalisateurs libanais, et Gauthier Raad, directeur et fondateur du festival, lors de la cérémonie d’ouverture de la sixième édition du LIFF. Photo Farah Sawli

Pour la cérémonie d’ouverture du Lebanese Independent Film Festival (LIFF) jeudi soir, les organisateurs avaient déroulé le tapis rouge et renoué, à l’entrée de Station Beirut, avec les traditionnelles poses photo dignes des grands rendez-vous du septième art. À l’étage, sur la terrasse de cet espace artistique beyrouthin dédié aux arts visuels et aux arts vivants, les gens se rencontrent, se retrouvent, discutent, rient, pendant que le chanteur Adam Ziftawi occupe la scène, sur un style original entre R&B soul et pop arabe, en attendant que les organisateurs prennent la parole. Le concert terminé, un petit silence… Puis la voix de Fayrouz s’élève avec « Ya Beyrouth, min qalbi salamon ilayki ya Beyrouth » (« À Beyrouth, du fond du cœur, un salut de paix à Beyrouth »). Le message de paix de l’icône libanaise résonne entre les tours d’immeubles qui entourent la terrasse, provoquant cet inévitable frisson d’émotion que suscitent les paroles de sa célèbre chanson Li Beyrouth, devenue quasiment l’hymne de la ville…

Place ensuite aux organisateurs, producteurs et réalisateurs, qui prendront à tour de rôle la parole pour exhorter au respect des droits de l’homme et défendre les droits de la femme, les droits civils, les droits des minorités… Tous appellent à la diversité, à la tolérance et à l’inclusion, valeurs pour lesquelles le festival se bat et qu’il promeut à travers sa sélection de films. Son fondateur et directeur, Gauthier Raad, dira dans son allocution de circonstance que « le LIFF a une responsabilité envers la société », en insistant sur l’importance « de se battre contre les stigmates, surtout en ces temps, en créant des safe spaces pour permettre de donner voix à chacune de nos histoires ».

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Les lumières s’éteignent. 3, 2, 1, action ! Trois films libanais sont projetés et donnent le ton – engagé – du festival. Conversations With an Actress du réalisateur et scénariste Estéphan Khattar qui ouvre le bal avec un court-métrage sur Beyrouth, l’amour, la recherche identitaire, l’échec, l’espoir et l’immigration, et dont les tribulations du personnage principal féminin apportent aux spectateurs une réflexion poétique sur la vie… Suivra The Sun Sets on Beirut de la réalisatrice, scénariste et rédactrice Daniela Stephan, qui voulait « aborder le sujet de l’explosion et de la lutte pour rester en vie, comme si ce n’était pas un droit humain de respirer sans se sentir menacé ». Et en clôture, The Giant Taro Root, le film musical du cinéaste Samir el-Kawas, qui s’articule autour du thème de la solidarité. « J’ai voulu aborder un tel sujet parce que je crois que le sectarisme et la division entre nous, les Libanais, sont à l’origine de la plupart des crises de notre pays. En utilisant une approche légère et comique, j’ai voulu montrer comment aucune amélioration ou solution ne sera obtenue si nous n’unissons pas nos forces dans la poursuite de notre objectif commun et si nous n’essayons pas de résoudre les conflits qui nous ont été inculqués par les générations précédentes », explique-t-il.

Un succès à préserver

Samedi 3 septembre, dernier jour du festival. Quelques heures avant la fin de l’événement, un sentiment de satisfaction général se fait sentir. Le public a le sourire. Pamela Nassour, directrice artistique du festival, partage sa joie et sa fierté « d’avoir fait rayonner Beyrouth pendant trois jours ». Joey Zakaria, volontaire pendant le festival, retiendra « la créativité et la liberté d’expression des réalisateurs qui ont nourri (s)on esprit critique ».

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Sur la terrasse de Station Beirut, Gauthier Raad, « amoureux du septième art et de Beyrouth », est heureux de pouvoir déclarer que « l’entraide et la bonne énergie » de l’équipe ont permis le maintien de cette « échappatoire… au sein de la capitale ». Et cela « malgré la période difficile que le Liban traverse, qui a entraîné le départ de nombreux membres de l’équipe et accru la difficulté à trouver des fonds suffisants, précarisant l’existence du festival », confie-t-il à L’Orient-Le Jour. Le fondateur ne cache pas cependant son inquiétude quant à l’avenir du festival et de la scène culturelle beyrouthine. Même si lui « résiste, ayant foi en Beyrouth », il insiste sur l’urgence de la situation. « Quel que soit le contexte, crise ou non, que l’on ait à manger ou pas, on doit protéger notre liberté d’expression, ne pas délaisser notre santé mentale, ne pas oublier nos valeurs », estime Gauthier Raad, pour qui « l’art est une échappatoire et une solution en temps de crise, un acte de résistance ». C’est pourquoi, ajoute-t-il en conclusion, « chaque individu est responsable de la préservation de ce patrimoine culturel, aujourd’hui en péril ». À l’année prochaine, donc ?

Pour la cérémonie d’ouverture du Lebanese Independent Film Festival (LIFF) jeudi soir, les organisateurs avaient déroulé le tapis rouge et renoué, à l’entrée de Station Beirut, avec les traditionnelles poses photo dignes des grands rendez-vous du septième art. À l’étage, sur la terrasse de cet espace artistique beyrouthin dédié aux arts visuels et aux arts vivants, les gens se...

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