
L'intérieur du palais de justice de Beyrouth, le 30 août 2022. Photo Joseph Eid/AFP
À la suite d'une accusation formulée vendredi par le journal local al-Akhbar selon laquelle "un officier et des agents de la sécurité de l'État ont torturé un détenu syrien pendant son interrogatoire et l'ont battu à mort", des sources judiciaire et sécuritaire ont confirmé à L'Orient-Le Jour qu'un lieutenant de ce service de sécurité a été placé en détention afin d'être interrogé, sur ordre du commissaire du gouvernement près le tribunal militaire Fadi Akiki. La direction générale de la sécurité de l'État a quant à elle précisé dans un communiqué que le détenu décédé aurait appartenu à une cellule terroriste affiliée au groupe État islamique (EI).
Le juge Akiki s'est rendu au Liban-Sud vendredi matin et a examiné le corps du détenu en question, identifié comme B.A. "Il est mort sous la torture suite à une crise cardiaque, lors d'une enquête menée par des éléments de la sécurité de l'État", détaille une source judiciaire à L'Orient-Le Jour.
Après examen de la dépouille, le juge Akiki a demandé le placement en détention du lieutenant responsable du centre de Bint Jbeil (Liban-Sud) de la sécurité de l'État. Le magistrat a également ordonné la mise en détention d'autres agents du même bureau régional, ainsi que de leurs collègues et qui se sont occupés du transfert du détenu de Beyrouth vers le sud du pays.
Appartenance à l'État islamique
De son côté, le service de la sécurité de l'État a indiqué que l'homme retrouvé mort avait auparavant été arrêté et interrogé après avoir été identifié par des membres de l'EI comme un de leurs "associés", ajoutant que lors de son interrogatoire, "il a confessé qu'il appartenait à l'EI, qu'il était l'un de ses combattants et qu'il leur avait prêté allégeance". Le service sécuritaire n'a pas donné de précisions quant au moment de l'arrestation ou du décès. Dans sa déclaration, il a fait savoir qu'il avait immédiatement transmis "l'incident" aux autorités judiciaires.
Dans son édition de vendredi, le quotidien al-Akhbar a affirmé que le Syrien avait été arrêté le 25 août dernier, la nuit même où il a été soumis à des actes de torture, sans préciser la date du décès. Le journal a accusé les agents de sécurité de "tenter d'étouffer l'incident, en affirmant que le détenu est décédé des suites d'une overdose". L'EI a été officiellement expulsé du Liban lors d'une offensive de l'armée libanaise et du Hezbollah en août 2017, mais des cellules dormantes du groupe jihadiste sont connues pour s'être maintenues encore dans le pays. Les autorités annoncent régulièrement des arrestations de membres présumés de l'organisation jihadiste.
commentaires (6)
Que des gardes de sécurité. Plus il y en a et plus les libanais souffrent d’insécurité à cause de leur présence innombrable sur tout notre territoire. Le juge devrait se pencher sur les tortures qu’ont subi les libanais arrêtés à tort par les syriens, torturés et tués par les services de sécurités ou alors qui continuent de croupir dans les geôles syriennes sans que cela n’émeut aucun des responsables politiques ou de la justice de notre pays. Leur seul tort était de croiser leur chemin et de porter un nom qui leur déplaît sans avoir de parti politique pour prendre leur défense et les sauver. Il est pathétique ce juge à deux balles.
Sissi zayyat
12 h 41, le 03 septembre 2022