Alors qu’ils avaient été appelés jeudi par leur fournisseur Électricité du Liban (EDL) à se préparer à vivre sans la moindre heure d’électricité publique, les Libanais ont finalement été avertis hier par le ministre sortant de l’Énergie et de l’Eau Walid Fayad que le black-out lié à l’épuisement des réserves de carburant destinées aux centrales du pays allait finalement être retardé. Il s’agit d’un nouveau développement dans le dossier des pénuries d’énergie, qui sont l’un des effets les plus pesants de la crise que traverse le pays depuis 2019.
Selon les déclarations du ministre suite à sa visite au palais présidentiel de Baabda, EDL a finalement décidé d’utiliser des réserves de carburant stockées dans les sites des centrales de Zouk (Kesrouan) et Jiyé (Chouf). Cette solution a été adoptée en accord avec le chef du gouvernement sortant et Premier ministre désigné Nagib Mikati et Walid Fayad, qui n’a pas fourni plus de détails.
Stabilité du réseau en jeu
Selon une source à la direction d’EDL, celle-ci a proposé d’utiliser 15 000 tonnes de fuel de grade B pour faire fonctionner les unités de production les plus anciennes déployées sur les deux sites. Cela permettra à EDL de produire 150 mégawatts (MW), auxquels s’ajoutent plus ou moins 50 MW produits par les centrales hydroélectriques encore en activité. « Cela fait un total de 200 MW qui va permettre de maintenir environ une heure de courant par jour en moyenne et surtout de continuer à alimenter les principaux bâtiments (palais présidentiel, Grand Sérail, etc.) et infrastructures publics (aéroport, port ou encore offices des eaux) », explique la source.
« Cela ne serait possible que si les équipes d’EDL arrivaient à faire fonctionner sans problèmes les vieilles unités de Zouk et Jiyé, qui sont à l’arrêt depuis plusieurs mois faute de carburant et, surtout, si le réseau tient, vu qu’il faut un minimum de 400 à 500 MW pour garantir sa stabilité », poursuit-elle encore. Les capacités maximales d’EDL avoisinent 1 500 MW, pour une demande estimée à 3 000 MW avant la crise.
Les unités de production évoquées ont été déployées en 1981 à Jiyé et en 1984 à Zouk. Elles consomment habituellement du fuel de grade A (moins pur que le grade B) et leur rendement est faible à cause de leur ancienneté. « Elles peuvent consommer du fuel de grade B, même si ce n’est pas idéal », commente-t-on encore de même source.
Mode préservation
Interrogée sur la provenance des 15 000 tonnes de fuel de grade B stockées, la source mentionnée explique que cette quantité était inutilisée parce que Middle East Power (MEP), l’opérateur en charge des unités de production les plus récentes de Jiyé à qui ce carburant était destiné, les a arrêtées et mises en « mode préservation » depuis « fin février, début mars » derniers.
« MEP a pris cette décision pour deux raisons. Tout d’abord parce qu’EDL avait arrêté de recevoir du fuel de grade B depuis fin 2021, que ce soit via son accord d’échange avec l’Irak ou via des commandes directes du fournisseur d’électricité. Ensuite parce que l’État n’a pas pu garantir à MEP le règlement de l’ensemble de ses arriérés, ni même des fonds nécessaires en dollars frais pour financer ses frais de fonctionnement », continue la source.
Les dernières avances du Trésor débloquées par l’État et la BDL pour du fuel ont été dépensées fin 2021. Et la dernière livraison de fuel-oil de grade B obtenue via l’accord conclu en juillet 2021 avec l’Irak remonte à décembre dernier. En vertu de cet accord aménagé au contexte de crise libanais, EDL reçoit chaque mois depuis un an une cargaison de fuel irakien trop riche en soufre pour ses centrales, mais qu’elle échange contre du carburant compatible fourni par une société tierce.
150 000 tonnes par mois
Ce mécanisme de swap, dont la dernière livraison – du mois d’août – n’a toujours pas été réceptionnée par le Liban, a d’ailleurs été renouvelé pour un an il y a déjà plus de deux semaines.
Si le ministre considère que le Liban pourra compter sur environ 40 000 tonnes de carburant par mois grâce à cet accord, et compte tenu des cours mondiaux actuels du pétrole, il estime que le Liban aura besoin d’assurer 110 000 tonnes de carburant supplémentaires pour atteindre les 150 000 tonnes par mois supposées assurer 8 à 10 heures de courant par jour sur tout le territoire.
Ce nombre d’heures était initialement prévu après que le Liban bénéficie de gaz égyptien et de courant jordanien, payés grâce à un prêt obtenu auprès de la Banque mondiale et en faveur duquel le Liban s’était engagé à augmenter les tarifs d’EDL. Or, selon le ministre sortant, l’accord tarde à se matérialiser, alors que la BM « a imposé de nouveaux prérequis » par rapport à ce qui était demandé avant, dont notamment « la mise en place de l’Autorité de régulation du secteur de l’électricité » – « déjà initiée » – et « l’augmentation des tarifs d’EDL ». Il s’avère cependant que ces derniers points étaient déjà inclus dans le plan du secteur de l’électricité déjà approuvé par l’exécutif cette année, de sorte à augmenter les tarifs parallèlement à l’augmentation de l’approvisionnement.
« Nous avons obtenu l’approbation du conseil d’administration d’EDL (…), de sorte à ce que nous puissions offrir aux Libanais du courant électrique deux fois moins cher que celui fourni par les générateurs privés », a indiqué le ministre hier. Cette augmentation a déjà été approuvée par le ministre sortant de l’Énergie et le conseil d’administration d’EDL, et nécessite encore le feu vert du ministre des Finances avant qu’elle ne soit soumise au Conseil des ministres. Le ministre laisse d’ailleurs entendre que cette mesure peut être « exceptionnellement approuvée par le président et le Premier ministre ».
En attendant la concrétisation du prêt de la Banque mondiale, Walid Fayad a avancé la possibilité de passer un accord avec un pays pour assurer l’équivalent de ces quelque 110 000 tonnes chaque mois, tout en obtenant des facilités de paiement. « Il faut qu’il y ait une certaine période entre l’arrivée du carburant, l’approvisionnement en électricité, l’émission des factures et leur règlement par les citoyens. On parle d’un cycle qui s’étend sur plusieurs mois », a précisé le ministre.
À ce niveau, il a ajouté que l’Algérie a confirmé être prête à aider le Liban (dans des conditions adaptées au contexte) et que le sujet avait déjà été évoqué entre les ministres des Affaires étrangères des deux pays. Dans ce cadre, Walid Fayad devrait prochainement se rendre à Alger pour discuter avec son homologue de ce dossier potentiellement épineux, alors que le sujet de la société algérienne Sonatrach devrait être abordé. Pour rappel, cette dernière est accusée d’avoir participé à un vaste réseau de corruption présumé dans le procès du fuel défectueux livré à EDL entamé en avril 2020.
La solution de notre EDL consiste à nommer un ministre aux mains propres et non affilié aux vendus qui n’ont d’autres projets que de sucer la moelle des citoyens pour se goinfrer. Ça n’est pas pour rien qu’ils s’accrochent à ce ministère et bloque le pays pour avoir un vendu pour l’occuper afin de leur faciliter la tâche. Tout le reste relève de la fiction. C’est valable pour tous les ministères.
12 h 45, le 27 août 2022