Le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, a pris mardi un décret préservant le bloc sud des silos du port de Beyrouth et modifiant ainsi une précédente décision de son gouvernement qui prônait la destruction de toute la structure, un décret adopté quelques heures après l'effondrement du reste du bloc nord des silos, qui avait subi plusieurs écroulements partiels depuis la fin juillet.
Dans ce décret envoyé au ministre sortant des Travaux publics, Ali Hamiyé, M. Mikati appelle à renforcer la partie sud des silos et à les classer parmi les monuments historiques, afin de préserver la mémoire des victimes de l'explosion meurtrière du 4 août 2020, qui a fait plus de 200 morts et 6.500 blessés.
ودّعت #بيروت الجزء الشمالي من مبنى أهراءات القمح في #مرفأ_بيروت اليوم، إذ انهارت الصوامع الأخيرة التي صمدت منذ حزيران بفعل استمرار اشتعال النيران أسفلها، مع إحجام السلطة عن التدخّل لإطفاء الحريق وحماية المبنى المهدّد بالانهيار منذ #انفجار_4_آب.
— Megaphone (@megaphone_news) August 23, 2022
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Bloc sud stable
Selon l'ingénieur civil français Emmanuel Durand qui a installé des capteurs à l'intérieur des silos, le bloc sud est stable pour l'heure, rapporte l'AFP. Au total il y avait 48 silos avant l'explosion du 4 août 2020. A la suite de cet incident, le ministre sortant de l'Environnement Nasser Yassine a rappelé la nécessité de porter des masques au port et dans la zone qui l'entoure. Des tests seront effectués pour évaluer la qualité de l'air dans cette zone, a-t-il également indiqué. Le ministre a par ailleurs relevé que les décombres seront retirés et les grains de blé traités, ce qui empêchera un renouvellement de l'incendie. Selon lui, la Défense civile "peut désormais s'approcher des silos et maîtriser le feu", celle-ci ayant été empêché de le faire au préalable au vu du risque d'effondrement. Il a enfin assuré que le gouvernement cherche toujours à renforcer la partie sud des silos qui demeure solide jusqu'à présent.
Une réunion des ministres sortants de l'Économie, de Environnement et des Transports et Travaux publics est programmée à 16h en vue d'étudier les mesures à prendre à la suite de l'écroulement du bloc nord des silos.
Indignation des proches des victimes
Réagissant à ce nouveau développement, Mariana Fodoulian, dont la sœur Gaïa a trouvé la mort le 4 août 2020, a appelé, au nom des proches des victimes, à préserver la partie restante des silos, ainsi que l'ensemble de la zone concernée. "Nous tenons la classe au pouvoir responsable de l'effondrement d'aujourd'hui", a-t-elle affirmé, estimant que les responsables "étaient censés maîtriser l'incendie qui a duré un mois et deux semaines en raison de leur inaction". "Afin d'éviter que le même scénario ne se produise au bloc sud des silos qui demeure stable, nous appelons à prélever les décombres, retirer les grains de blé qui restent dans ce bloc, fixer les trous percés au niveau des silos et renforcer la structure", a-t-elle ajouté. Mme Fodoulian a également réclamé la "réactivation" de la décision du ministre sortant de la Culture, Mohammad Mortada, qui avait demandé, en mars dernier, à classer les silos parmi les monuments historiques".
Rassemblement des familles
Comme prévu, les familles des victimes se sont rassemblées à 17h devant le port de Beyrouth, et coupé la circulation au niveau de la statue de l'émigré.
Dans un communiqué conjoint, les familles ont accusé les autorités d'être responsables de la chute d'une partie de la structure, indiquant notamment que "les silos n'ont pas été vidés du blé comme il se doit" et dénonçant "l'absence de ces autorités", à qui elles ont aussi reproché de n'être par intervenues pour éteindre les incendies répétitifs qui se sont déclarés à l'intérieur des silos "durant un mois et 16 jours". "Il est illogique qu'un incendie se déclare et qu'il n'y ait aucun moyen de l'éteindre, d'autant plus qu'il était, au départ, petit et facile à contrôler", ont-elles dénoncé.
Les familles ont, dans ce cadre, demandé au pouvoir "d'annuler la décision de démolition et de protéger la partie sud" des silos. Elles affirment également qu'il est de leur droit "de connaître tous les details des décisions" relatives au drame du 4 août. "Les silos sont un cimetière où sont préservés les restes des victimes, il s'agit d'un site sacré pour nous, et nous voulons le préserver pour qu'il soit une mémoire collective", ont-elles ajouté.
Dimanche soir, le ministère de la Santé avait publié une série d'instructions pour les personnes se trouvant au port ou dans son périmètre, afin d'éviter une longue exposition aux champignons dépistés dans l'air.
Le gouvernement avait pris mercredi la décision de démolir seulement le bloc nord des silos à grains et de préserver le côté sud, plus stable, en plus d'éteindre l'incendie des silos en flammes depuis plus d'un mois. Aucune opération d'extinction n'a toutefois été observée avant cet incident. Le ministre des Travaux publics et des Transports, Ali Hamiyé, avait affirmé que 25.000 mètres carrés du port de la capitale seraient consacrés à la construction de nouveaux silos, ajoutant que le financement proviendrait de donateurs internationaux et de son ministère.
commentaires (12)
Comme toutes les catastrophes seront classés monuments historiques alors ma foi je crois que le devenir des sépultures de nos hommes politiques est réglé et classé et le sera de la même façon ! Bien évidemment,sur nous veillerons à ce que le formol ne soit pas trop loin!
PROFIL BAS
22 h 39, le 23 août 2022