Le chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste) Gebran Bassil a réagi jeudi aux déclarations lancées en début de semaine par le chef des Forces libanaises Samir Geagea, alors que les deux présidentiables ont durci leurs positions ces derniers jours à moins de deux semaines du début de l'échéance pour l'élection d'un chef de l'Etat (le 31 août). Dans une vidéo postée sur son compte Twitter, M. Bassil a critiqué, mais sans le nommer, Samir Geagea, l'accusant de vouloir bloquer le scrutin pour s'assurer un futur chef de l'Etat "qu'il soutient ou répond à ses caractéristiques".
"La fois dernière, nous avions repoussé de deux ans et demi l'élection présidentielle pour nous assurer que le président est un représentant réel des gens. Nous avons réussi malgré le fait que tout le monde s'est élevé contre nous parce que nous avions provoqué une vacance", a déclaré le chef du CPL dans une vidéo intitulée "Une minute avec Gebran" publiée sur son compte Twitter. "Nous avions qualifié cela de résistance pour fixer des droits, tandis que d'autres appelaient cela une obstruction. Cette fois, nous disons que le pays ne peut pas supporter de vacance et que nous ne sommes pas prêts à en être la cause, tandis que d'autres disent qu'ils sont prêts à utiliser leur droit à l'obstruction pour empêcher toute personne ne bénéficiant pas de leur soutien et ne répondant pas à leurs critères" d'accéder à la présidence, a-t-il ajouté, en allusion à Samir Geagea.
La visite chez Béchara Raï
"Quoique l'on fasse, ils veulent faire le contraire", a-t-il accusé. Gebran Bassil a encore déclaré qu'il souhaite actuellement éviter une vacance présidentielle" et qu'il est prêt pour cela à trouver un candidat "de compromis". C'est pour cette raison, a-t-il expliqué, qu'il s'est rendu chez le patriarche maronite Béchara Raï, qui "dans sa position, peut permettre un tel accord". "C'est là notre seul crime", a-t-il déclaré, accusant des "démons de vouloir en finir avec nous".
Samedi, le chef du courant aouniste était monté à Dimane, au siège d'été du patriarcat maronite, où il avait déclaré qu'il refusait qu'on lui "impose un président", réclamant l'élection d'un chef de l’État provenant d'un groupe parlementaire et ministériel substantiel et issu de la scène politique chrétienne. Des propos visant clairement à couper l’herbe sous le pied aux présidentiables "indépendants" dont les noms circulent déjà dans les coulisses, mais aussi au commandant en chef de l’armée, Joseph Aoun.
Même le chef des Marada Sleiman Frangié ne répond pas aux critères de Gebran Bassil dont les déclarations ont également pour but de faire barrage à l’élection du leader de Zghorta, allié de longue date du Hezbollah, avec qui les rapports sont complètement gelés, exception faite d’une unique réunion tenue en avril dernier à l’initiative du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. D’autant que le chef des Marada a subi une défaite cuisante lors des législatives de mai dernier, n’ayant pu faire élire qu’un seul député, son fils Tony. Quelques jours plus tard, Samir Geagea avait de son côté tenu une conférence de presse au cours de laquelle il avait haussé le ton, réitéré son opposition à l'élection d'un candidat "consensuel" et plébiscité un "candidat de défi" au camp du Hezbollah et ses alliés. "Tout appel pour une entente avec l’axe de la moumana’a autour d’un président de la République est rejeté, car cela nous mènera aux politiques adoptées par le passé (...)", a mis en garde le chef des FL, estimant que le président consensuel et les gouvernements d’union nationale "sont les raisons pour lesquelles nous nous retrouvons dans la situation actuelle". Pour les milieux proches du CPL, le chef des FL a sciemment adopté des positions extrêmes pour chercher à se trouver un rôle dans le processus de l’élection présidentielle, en s’imposant comme un interlocuteur incontournable.
De son côté, un proche du patriarcat maronite affirme à L’Orient-Le Jour que contrairement à plusieurs informations relayées dans les médias, le chef de l’Église maronite ne compte pas réunir les chefs de file maronites, "parce qu’il est conscient qu’une telle démarche ne servira à rien". Mais "le patriarche poursuivra son forcing pour qu’un nouveau président soit élu dans les délais", dit-il.
commentaires (20)
A voir sa tête on comprend qu’il ne croit pas à un seul mot de ce qu’il dit. Le teeshirt noire est pour nous rappeler son appartenance? Pas la peine on ne le sait que trop.
Sissi zayyat
14 h 21, le 19 août 2022