
Réunion au Grand sérail, sous la présidence du Premier ministre sortant, Nagib Mikati (c), autour du dossier des réfugiés syriens. Photo ANI
Le ministre libanais sortant des Affaires sociales, Hector Hajjar, a affirmé jeudi que le dossier des réfugiés syriens relevait de ses prérogatives, alors qu'une vive polémique l'a opposé il y a deux jours à son homologue du ministère des Déplacés, Issam Charafeddine, qui a effectué une visite à Damas pour suivre ce dossier. Il a également admis que le Liban ne pouvait prendre de mesures unilatérales pour mettre en œuvre le retour des réfugiés syriens, reconnaissant ainsi à demi-mot l'impossibilité d'appliquer un plan de l'Etat libanais visant à rapatrier 15.000 réfugiés syriens par mois. Ce projet, qui n'a pas reçu l'aval de l'ONU, avait été annoncé en juillet dernier, alors que la question du rapatriement des réfugiés revient sur le devant de la scène libanaise deux mois et demi avant la fin du mandat du président libanais Michel Aoun.
M. Hajjar a fait ses déclarations à l'issue d'une réunion au Grand sérail de la cellule en charge du dossier des réfugiés syriens, sous la houlette du Premier ministre sortant, Nagib Mikati. Une réunion à laquelle n'a pas assisté Issam Charafeddine, pour des raisons de "santé", selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle).
Polémique Charafeddine-Hajjar
"Il a été confirmé que c'est le ministère des Affaires sociales qui est en charge du suivi de ce dossier, en coordination avec le ministère des Affaires étrangères. Les choses sont en bonne voie", a assuré Hector Hajjar. La presse lui a alors demandé si ces propos sont une réponse à la polémique qui l'oppose au ministre Charafeddine. "La polémique a eu lieu alors qu'on clarifiait certains points essentiels au sujet des prérogatives et de l'approche globale de cette question. C'est là que réside le désaccord", a répondu Hector Hajjar.
En attendant la formation d'un nouveau gouvernement, la presse locale faisait état mercredi d'une ambiance chaotique au sein de l'équipe sortante, ce qui aurait poussé Nagib Mikati à convoquer une réunion informelle au Grand sérail mardi, afin de mettre de l'ordre dans son cabinet. Sauf que selon plusieurs médias, la réunion a mal tourné, une dispute verbale tendue ayant opposé le ministre des Déplacés à celui des Affaires sociales au sujet du dossier des réfugiés syriens. M. Charafeddine aurait informé le cabinet sortant des résultats de sa visite à Damas lundi, ce qui aurait suscité des protestations de la part d'Hector Hajjar, celui-ci affirmant que ce dossier était de son ressort.
Recensement des réfugiés ?
Revenant par ailleurs sur la position de la communauté internationale sur le rapatriement des réfugiés, Hector Hajjar a rappelé que le Liban plaide toujours pour un retour des réfugiés, mais il a reconnu que "nous ne pouvons pas travailler seuls". "Le sujet relève des ministères libanais et de l'Etat syrien ainsi que de la communauté internationale et du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). C'est pourquoi nous ne pouvons pas prendre de mesures unilatérales". Il constate donc en quelque sorte l'impossibilité de mettre en œuvre le retour mensuel de 15.000 réfugiés, sans l'accord de Damas et celui de la communauté internationale.
Le projet de rapatriement avait en effet été balayé par le HCR, qui avait assuré qu’il n’était impliqué dans aucune négociation ni aucun plan visant à rapatrier en masse les réfugiés du Liban vers la Syrie. Cette prise de position est en phase avec le point de vue général de plusieurs poids lourds de la communauté internationale, qui estiment également que les conditions nécessaires pour un retour des réfugiés syriens ne sont toujours pas assurées. Quant au gouvernement syrien, il a affirmé lundi au ministre Charafeddine que les portes de la Syrie sont "ouvertes pour un retour" des réfugiés. Mais jusque-là, le régime du président Bachar el-Assad ne semble pas vouloir accélérer le projet de rapatriement. En mai dernier, Damas avait rejeté une proposition du président turc Recep Tayyip Erdogan concernant le retour d'un million de réfugiés syriens dans des "zones de sécurité" à la frontière turco-syrienne.
"Les organisations internationales peuvent penser ce qu'elles veulent, mais le dialogue doit se poursuivre", a ajouté le ministre. Il a ensuite affirmé que, "selon nos données, le nombre total de réfugiés syriens au Liban est supérieur à un million et demi". "Pourquoi n'effectuez-vous pas de recensement des réfugiés ?", lui a alors demandé la presse. "Nous pourrions aboutir à cela", a simplement répondu Hector Hajjar.
commentaires (3)
Le ministre Hajjar est un grand fan du boucher de Damas. Changer la démographie du Liban fait partie du plan du Hezbollah (son parti) de changer le Liban à tous les niveaux. Il fera tout dans son pouvoir de ne pas envoyer aucun réfugié que ce soit en Syrie ou les aider à s'installer ailleurs... Triste ce qu'est devenu le Liban depuis 2005!
Marwan Takchi
21 h 27, le 18 août 2022