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Environnement - Incendies

Comment contenir le feu dans la vallée « cocotte-minute » du Akkar

Un militant écologiste cherche à comprendre pourquoi l’incendie de Kobeyate (fin juillet à début août 2021) était aussi catastrophique quand il s’est propagé à la vallée de Oudine. C’était il y a un an.

Comment contenir le feu dans la vallée « cocotte-minute » du Akkar

Le terrible incendie à Wadi Oudine, au Akkar, en août 2021. Photo fournie par Michel Hallak

Il y a un an, les forêts magnifiques de Kobeyate, au Akkar, partaient en fumée à une vitesse vertigineuse, dans un sinistre qui s’était étendu jusqu’aux espaces verts de Beit Jaafar, Akroum, et surtout la vallée de Oudine, dans le village de Andkit, où les flammes se sont propagées avec une célérité sans précédent. Durant ces journées dramatiques (du 28 juillet au 5 août 2021 environ), huit kilomètres carrés de forêts, principalement de pins, ont été perdues rien que dans cette vallée. C’est ce phénomène qu’a voulu analyser Khaled Taleb, militant écologiste et fondateur de l’association « Darb Akkar », en publiant une étude sous le titre « Wadi Oudine : la cocotte-minute ». L’étude vise à expliquer pourquoi la nature de cette vallée, alliée à un concours de circonstances, a provoqué une réelle catastrophe, qui s’est traduite par l’un des pires incendies au Liban depuis 100 ans, selon l’auteur.

« Les pertes au cours de cet énorme incendie ne se chiffrent pas qu’en hectares perdus, plus de 1 700 en quelques jours, relate l’étude de Khaled Taleb. Ce qui interpelle, c’est la vitesse avec laquelle ces énormes flammes, qui ont dépassé 100 mètres de haut dans un précédent jamais vu au Liban, ont détruit ces espaces verts. Des questions auxquelles personne n’a encore apporté de réponses. »

L’auteur précise avoir focalisé son étude sur la vallée de Oudine parce qu’elle a subi les pertes les plus importantes (bien que le sinistre ait commencé à Kobeyate), mais aussi parce que c’est là où l’incendie a été le plus impressionnant et imprévisible.

Il relève que le feu venu de Kobeyate a affecté davantage l’est de la vallée, pour diverses raisons : la biomasse y était plus abondante, servant de véritable carburant au feu, d’autant plus que les pins qui forment la majorité des arbres de cette vallée sont hautement inflammables. En effet, la forme de leurs aiguilles et la distance entre elles permettent à l’oxygène de circuler librement. De plus, la résine constitue un facteur d’alimentation du feu, mais aussi les épines sèches tombées à terre, qui provoquent une baisse de l’humidité du sol.

Les conditions climatiques, ce jour-là, ont également joué un rôle primordial : la vitesse du vent était de 40 kilomètres par heure, avec un taux d’humidité particulièrement bas, qui a contribué à la propagation catastrophique de l’incendie, à plus de 350 mètres par seconde. Le vent qui soufflait ce jour-là était ce qu’on appelle le foehn, un vent chaud et sec qui aspire l’humidité de la vallée, favorisant encore plus la progression des flammes.

Côté topographique, la vallée de Oudine est bordée de pentes particulièrement escarpées : le feu, dont la progression était plutôt lente au début, a brusquement accéléré sa cadence en raison de cet escarpement. Pour décrire la vallée, Khaled Taleb a utilisé l’expression « cocotte-minute ». Voici pourquoi : les gaz chauds qui s’échappaient de la vallée du fait de l’incendie ont été piégés un moment par le vent chaud, et lorsque celui-ci n’a plus pu les contenir, l’incendie a pratiquement explosé, détruisant tout sur son passage. Et comme cette vallée n’a pas de couloirs qui permettent au vent de circuler, c’est le pire scénario qui s’est déroulé ce jour-là.

Pour l’auteur, il faut retenir les leçons de cet épisode dramatique, en vue de mieux anticiper des catastrophes similaires à l’avenir, quand certaines conditions météorologiques seront réunies. Car cet épisode pourrait se répéter, met en garde l’écologiste.

Pour lui, le plus efficace serait d’intervenir très précocement, afin de sauver la vallée dès les premières minutes, sans attendre que le cocktail de facteurs défavorables fasse son œuvre. Ouvrir des issues pour piétons et pour véhicules pourrait aider à mieux protéger le site, conclut-il.

Il y a un an, les forêts magnifiques de Kobeyate, au Akkar, partaient en fumée à une vitesse vertigineuse, dans un sinistre qui s’était étendu jusqu’aux espaces verts de Beit Jaafar, Akroum, et surtout la vallée de Oudine, dans le village de Andkit, où les flammes se sont propagées avec une célérité sans précédent. Durant ces journées dramatiques (du 28 juillet au 5 août 2021...

commentaires (2)

faut que l"état" si on peut encore en parler se bouge afin que les gens du akkar ne meurent pas de froid l'hiver prochain, il y a hélas des marchands du temple pour qui le commerce du bois du Akkar est devenu une manne annuelle, brûlent, abattent, ramassent, vendent... c'est sans fin, et pour que les municipalités ne bronchent pas elles doivent rafler une partie des "revenus" du butin. Pays de criminels à tous les étages.

Christine KHALIL

20 h 07, le 19 août 2022

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Commentaires (2)

  • faut que l"état" si on peut encore en parler se bouge afin que les gens du akkar ne meurent pas de froid l'hiver prochain, il y a hélas des marchands du temple pour qui le commerce du bois du Akkar est devenu une manne annuelle, brûlent, abattent, ramassent, vendent... c'est sans fin, et pour que les municipalités ne bronchent pas elles doivent rafler une partie des "revenus" du butin. Pays de criminels à tous les étages.

    Christine KHALIL

    20 h 07, le 19 août 2022

  • Y'a-t-il eu des transactions foncières dans le coin? Y'a-t-il des projets en perspective, immeubles, barrage, etc? Ça expliquerait le pourquoi du comment...

    Gros Gnon

    18 h 41, le 12 août 2022

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