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Nos Lecteurs ont la Parole

La structure militaire du Hezbollah menace-t-elle l’existence du Liban ?

L’explosion massive du port de Beyrouth survenue le 4 août 2020 était une tragédie. Mais, comme c’est souvent le cas au Liban, ce désastre était évitable. Les 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium qui lézardaient dans un entrepôt, sans être réclamées ni contrôlées depuis six ans, sont un autre signe de l’échec du leadership, de la mauvaise gestion et de la corruption de l’élite politique libanaise. Le juge d’instruction chargé de l’enquête, Tarek Bitar, a demandé la levée de l’immunité parlementaire pour trois anciens ministres, en vue d’engager des poursuites pour négligence et manquements. Malgré le fait qu’une cinquantaine d’ONG ont réclamé une enquête de l’ONU sur l’explosion, le dossier piétine toujours pour des considérations et tergiversations purement politiques.

Le fait qu’une quantité importante de ce matériel connu pour être explosif se trouvait dans le port de Beyrouth – accusé par certains d’être exploité par le Hezbollah – soulève des questions troublantes quant à la destination finale de cette matière. Si nous savons maintenant que l’explosion était un terrible accident, certains analystes chevronnés de la région se sont demandé brièvement si l’explosion avait pour origine une frappe aérienne. L’idée qu’un acteur extérieur, notamment Israël, ait pu viser un dépôt d’armes au port était trop facile à imaginer, compte tenu de l’histoire du conflit au cours des quatre dernières décennies. Les Libanais comprennent presque certainement que la mort par inadvertance de 218 Libanais et la destruction majeure de biens et d’infrastructures estimés à plus de 15 milliards de dollars pourraient être le prélude de quelque chose de bien pire pour le Liban.

Par ailleurs, le « parti de Dieu » continue de stocker des armes à un rythme alarmant. Selon les estimations, le groupe dispose de 150 000 roquettes de différentes capacités dispersées à travers le Liban, souvent dans des zones à forte densité de population. En 2018, le Premier ministre israélien de l’époque, Benjamin Netanyahu, avait révélé l’existence de trois sites à Beyrouth qui, avait-il affirmé, étaient utilisés par le groupe pour dissimuler trois usines souterraines de fabrication de missiles de précision. En 2019, l’armée avait expliqué avoir identifié une structure utilisée par le Hezbollah pour transformer et fabriquer ce type de missiles dans le sud du Liban. Au fil des ans, le groupe a transformé la population libanaise en bouclier humain pour son arsenal destiné à combattre l’État d’Israël. Au cours des quatre dernières années, les responsables israéliens ont prévenu que le Hezbollah stockait également des munitions à guidage de précision (PGM) qui pourraient échapper aux défenses israéliennes et atteindre des cibles sensibles, ce qui pourrait entraîner des pertes largement supérieures à celles de la guerre de juillet 2006.

S’il est connu que les Israéliens ne veulent pas d’une guerre régionale, ils sont toujours en état d’alerte. À la suite de la catastrophe du port, l’armée israélienne s’est donné beaucoup de mal pour faire savoir qu’elle n’était pas responsable et qu’elle était même prête à aider. Le ministre de la Défense, Benny Gantz, a pris l’initiative inhabituelle d’annoncer sur Twitter qu’« Israël a approché le Liban par les voies diplomatiques et de défense internationales pour offrir au gouvernement libanais une aide humanitaire médicale ».

En tout cas, la question de l’arsenal du Hezbollah devrait être posée rapidement pour éviter les risques d’explosion et de guerre.

Pour le Liban, le moment ne pourrait pas être plus mal choisi. Le pays du Cèdre a une dette qui avoisine 100 milliards de dollars, due à la corruption et à des activités financières illicites. Le plan de sauvetage ne sera pas facile à mettre en place, en raison de la pandémie de Covid-19, d’une économie mondiale en récession et de la guerre en Ukraine. Un redressement financier est encore plus difficile à imaginer tant que ce groupe, considéré comme une organisation terroriste par des pays occidentaux, reste au centre de la politique et de l’économie du Liban.

Aujourd’hui, la frustration est extrêmement palpable au Liban. Depuis des années, plusieurs manifestations populaires, parmi lesquelles le soulèvement du 17 octobre 2019, ont protesté contre les échecs des gouvernements sans pour autant pouvoir changer le statu quo. La preuve : les résultats des élections législatives de 2022. La communauté internationale continue d’exiger une réforme politique, financière et économique pour éviter la paralysie et le chaos. Mais cela ne sera possible que si les armes, le financement et l’influence du Hezbollah seront réduits. En définitive, la perspective d’un changement significatif repose obligatoirement sur le peuple libanais pris en otage par ce parti et ses alliés traditionnels depuis sa fondation en 1985.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient, ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

L’explosion massive du port de Beyrouth survenue le 4 août 2020 était une tragédie. Mais, comme c’est souvent le cas au Liban, ce désastre était évitable. Les 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium qui lézardaient dans un entrepôt, sans être réclamées ni contrôlées depuis six ans, sont un autre signe de l’échec du leadership, de la mauvaise gestion et de la...

commentaires (1)

ce qui menace l'existence du Liban ce sont les libanais eux memes. de toutes les tendances politiques, religieuses et tribales. l'existence du liban est menacee pour e raisons : peu parmi Kellon s'identifient au LIban, rien qu'au Liban. peu parmi eux veulent autre chose que leurs propres interets. toutes les autres menaces & leurs acteurs n'existent QUE parce qu'ils ont le champ libre de trahir la nation.

Gaby SIOUFI

11 h 36, le 27 juillet 2022

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Commentaires (1)

  • ce qui menace l'existence du Liban ce sont les libanais eux memes. de toutes les tendances politiques, religieuses et tribales. l'existence du liban est menacee pour e raisons : peu parmi Kellon s'identifient au LIban, rien qu'au Liban. peu parmi eux veulent autre chose que leurs propres interets. toutes les autres menaces & leurs acteurs n'existent QUE parce qu'ils ont le champ libre de trahir la nation.

    Gaby SIOUFI

    11 h 36, le 27 juillet 2022

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