Rechercher
Rechercher

Moyen-Orient - Repère

Ce qu’il faut retenir du sommet Russie-Turquie-Iran à Téhéran

Un sommet tripartite rassemblant les chefs d’État des trois puissances s’est tenu mardi dans la capitale iranienne.

Ce qu’il faut retenir du sommet Russie-Turquie-Iran à Téhéran

Le président russe, Vladimir Poutine (g), iranien, Ebrahim Raïssi (c) et turc, Recep Tayyip Erdogan, lors du sommet trilatéral organisé mardi à Téhéran. Photo Sergei Savostyanov/Sputnik/AFP

Les présidents russe, Vladimir Poutine, turc, Recep Tayyip Erdogan, et iranien, Ebrahim Raïssi, se sont rencontrés à Téhéran mardi, parallèlement à la tenue de discussions bilatérales entre chacune des parties. Voici les cinq points principaux à retenir.

Front commun symbolique

Revêtant une signification symbolique, notamment pour la Russie et l’Iran, la rencontre est intervenue trois jours après la fin de la tournée effectuée par le président américain, Joe Biden, en Israël, dans les territoires occupés et en Arabie saoudite, lors de laquelle le dirigeant démocrate a notamment signé avec le Premier ministre israélien Yaïr Lapid un pacte de sécurité engageant Washington à ne jamais permettre à l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire. L’occasion de montrer les muscles face aux Américains et d’afficher un front commun dans le contexte du conflit ukrainien. Mardi, le guide suprême iranien a en effet déclaré en accueillant Vladimir Poutine que si le Kremlin « n’avait pas pris l’initiative, l’autre camp aurait provoqué une guerre ».

Lire aussi

Téhéran, grand perdant de la visite de Biden au Moyen-Orient ?

De son côté, la Turquie, membre de l’OTAN et partenaire stratégique de la Russie et de l’Iran, joue sur toutes les cartes en vue de faire avancer ses pions. S’il a notamment fermé les détroits du Bosphore et des Dardanelles aux bâtiments de guerre ainsi que son espace aérien aux avions russes en route vers la Syrie, le pays continue de poursuivre sa coopération stratégique avec Moscou sur divers dossiers, à l’instar de la Syrie, tout en s’imposant comme une puissance médiatrice clé sur l’Ukraine.

Pas de feu vert pour une offensive turque en Syrie

Alors que le reïs turc a annoncé en mai dernier une incursion prochaine visant à chasser les combattants prokurdes des localités de Manbij et de Tel Rifaat (gouvernorat d’Alep), ce dernier souhaitait récolter, lors de ce sommet, le feu vert des deux parrains de Damas. Si les trois parties ont rejeté dans un communiqué conjoint publié à l’issue de la réunion « toutes les initiatives d’autodétermination illégitimes » en Syrie, s’opposant ainsi à un Kurdistan indépendant, Téhéran a de nouveau mis en garde Ankara contre une opération militaire turque. Une telle intervention « serait au détriment de la Syrie, de la Turquie et de la région », a déclaré mardi le guide suprême iranien, Ali Khamenei. Et d’ajouter qu’elle profiterait aux « terroristes » qui « ne se limitent pas à un certain groupe », sans ajouter plus de précisions. Le mois dernier, Moscou avait également indiqué par la voix de son envoyé en Syrie, Alexander Lavrentyev, cité par l’agence de presse russe RIA, que l’opération serait « peu judicieuse car elle pourrait déstabiliser la situation ». Des mots qui pourraient ne pas suffire à dissuader le reïs turc, qui s’est dit déterminé à poursuivre « prochainement » ses offensives contre les Kurdes en Syrie.

Rétablir l’exportation de céréales ukrainiennes par la mer Noire

En marge du sommet tripartite, des pourparlers russo-turcs bilatéraux se sont tenus dans l’objectif notamment de discuter d’un accord visant à rétablir les exportations de céréales ukrainiennes via la mer Noire. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le 24 février dernier, le blocage du port d’Odessa par la flotte russe paralyse les exportations de millions de tonnes de céréales, faisant craindre une crise alimentaire de grande ampleur, en particulier en Afrique.

Lire aussi

Au Moyen-Orient, une nouvelle alliance à géométrie variable

Négocié par l’intermédiaire de l’ONU, un accord qui pourrait être signé au cours de la semaine entre Ankara, Kiev et Moscou vise à faire sortir près de 20 millions de tonnes de céréales et faciliter les exportations russes de céréales et d’engrais, touchées par les sanctions occidentales prises à l’encontre du Kremlin. « Les restrictions sur les livraisons d’engrais russes sur le marché mondial ont été levées par les Américains, dans la pratique », a affirmé Vladimir Poutine à l’issue des pourparlers. « S’ils veulent sincèrement améliorer la situation sur les marchés mondiaux alimentaires, j’espère qu’il en sera de même concernant les exportations de céréales russes », a-t-il ajouté.

Intérêt russe pour les drones iraniens ?

Bien décidé à venir à bout de son offensive en Ukraine, le Kremlin aurait également cherché lors de pourparlers bilatéraux avec l’Iran à acquérir auprès de Téhéran des centaines de drones de combat, ce que les deux partenaires nient. Alors que plusieurs observateurs indiquent que le programme de drones de Moscou est à la traîne et n’a qu’un impact limité en Ukraine, des responsables russes se seraient rendus en Iran à deux reprises cet été afin d’examiner à l’aérodrome de Kashan (sud de Téhéran) deux types de drones capables de porter des armes, selon les révélations faites samedi par le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan. Des allégations rejetées par le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, qui a indiqué lors d’une conversation téléphonique avec son homologue ukrainien qu’elles étaient « sans fondement ». Mardi, le porte-parole de la Maison-Blanche, John Kirby, a déclaré que rien n’indiquait encore que Téhéran ait fourni des drones à la Russie.

Moscou et Téhéran renforcent leur coopération énergétique

Mardi, Téhéran a annoncé la signature d’un protocole d’accord entre le géant gazier russe Gazprom et la compagnie pétrolière nationale iranienne (NIOC) pour 40 milliards de dollars d’investissements russes dans les secteurs pétrolier et gazier de l’Iran. Un accord qui porte notamment sur le développement de six champs pétrolifères et de deux champs gaziers, la réalisation de projets de gaz naturel liquéfié ainsi que la construction de gazoducs d’exportation, selon l’agence iranienne Shana. L’annonce de ce protocole d’accord survient quelques jours après l’imposition de nouvelles sanctions par le département du Trésor américain, début juillet, à l’encontre d’entités internationales qui auraient facilité les transactions pétrolières iraniennes. Mardi, le Kremlin a exprimé son soutien à Téhéran au sujet de l’impasse dans laquelle se trouvait l’accord sur le nucléaire en appelant à la levée des sanctions contre l’Iran en vue de permettre le « libre développement de la coopération dans tous les domaines sans aucune discrimination ».

Les présidents russe, Vladimir Poutine, turc, Recep Tayyip Erdogan, et iranien, Ebrahim Raïssi, se sont rencontrés à Téhéran mardi, parallèlement à la tenue de discussions bilatérales entre chacune des parties. Voici les cinq points principaux à retenir.Front commun symbolique
Revêtant une signification symbolique, notamment pour la Russie et l’Iran, la rencontre est intervenue...

commentaires (1)

Yaa'ni quel trio! Smallah!

Sabri

18 h 39, le 20 juillet 2022

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Yaa'ni quel trio! Smallah!

    Sabri

    18 h 39, le 20 juillet 2022

Retour en haut