Jamais n’avait-il été aussi explicite depuis son arrivée au pouvoir en janvier 2021. À l’issue de sa tournée au Moyen-Orient du 13 au 16 juillet, Joe Biden a envoyé un message clair à Téhéran : ce sera le deal ou la guerre. En Israël, premier arrêt de son voyage, le locataire de la Maison-Blanche l’a promis : il fera tout pour empêcher la République islamique d’acquérir l’arme nucléaire. C’est le sens de la déclaration conjointe de Jérusalem qu’il a signée jeudi avec le Premier ministre par intérim israélien Yaïr Lapid. Les deux hommes ont engagé leurs pays respectifs à étendre leur coopération sécuritaire et à contrer ce qu’ils perçoivent comme des tentatives iraniennes de déstabilisation de la région.
La nuance est toutefois de mise. D’une part parce que si elle n’avait jamais été évoquée aussi franchement, l’option d’un éventuel usage de la force en dernier recours n’est pas nouvelle. D’autre part parce que Biden a insisté à maintes reprises sur la priorité accordée par son administration à la diplomatie. Toujours est-il que sa tournée avait tout pour agacer Téhéran, à commencer par la réaffirmation d’un engagement US au profit d’une nouvelle architecture de sécurité régionale. Peu avant l’arrivée du président américain à Djeddah vendredi, l’État hébreu a souligné n’avoir « aucune objection » au transfert de deux îlots stratégiques en mer Rouge quand Riyad a confirmé l’ouverture de son espace aérien à « tous les transporteurs », y compris israéliens. Des mesures qui vont dans le sens d’un rapprochement progressif entre eux, mû par des inquiétudes communes vis-à-vis des activités nucléaires, balistiques et miliciennes iraniennes.
Depuis 2020, la normalisation des relations entre Israël et quatre États arabes dont Abou Dhabi a largement rebattu les cartes géostratégiques dans la région et transformé les alliances. Au point de raviver des spéculations multiples sur la possibilité d’une « OTAN régionale » que Téhéran voit, forcément, d’un mauvais œil.
En témoigne notamment la couverture médiatique iranienne de la tournée de Biden. Mardi, le média Javan appartenant aux pasdaran a publié en une une caricature montrant un Humvee militaire américain sans roue habillant le dos d’un dromadaire (ou d’un chameau), avec en guise de titre : « Une coalition dans le sable. » Les phrases sont sans équivoque : Téhéran attaquerait « les cibles les plus proches et les plus accessibles en réponse au plan ». « L’Iran ne peut pas se permettre une guerre mais continuera à soutenir les groupes militants et toute son alliance de “résistance” en réponse à la coopération israélo-arabe sunnite émergente contre lui », commente Barbara Slavin, directrice de la Future of Iran Initiative et professeure à l’Université George Washington. « Heureusement, des pays comme les Émirats arabes unis sont toujours en pourparlers avec Téhéran, et l’Irak essaie de faciliter la désescalade entre la République islamique et l’Arabie saoudite. Mais c’est une période tendue dans la région, et une attaque réussie soutenue par l’Iran pourrait dégénérer en quelque chose de plus large. »
Dissuasion
Pour la République islamique, la consolidation du front anti-iranien et la possibilité d’un recours à la force par Washington soulèvent une question quasi existentielle alors que le pays traverse une période mouvementée, rythmée par la préparation de l’après-Khamenei, guide suprême de la République islamique et véritable décideur en matière de politique étrangère. À quoi s’ajoute une contestation régulière en interne qui va souvent jusqu’à viser la nature même du régime. Le tout dans un monde multipolaire où les alliances sont changeantes et où les Occidentaux, censés soutenir l’Ukraine face au rêve impérial russe, n’ont rien pu faire pour empêcher un conflit armé sur leur continent. « Pour les dirigeants iraniens, la leçon de la guerre en Ukraine est qu’en l’absence d’une capacité de dissuasion et de partenaires internationaux fiables, l’Iran fait face à un grand risque de frappes militaires et peut-être même à une guerre prolongée », écrit dans un article pour le Middle East Institute le professeur iranien de relations internationales Mahmood Sariolghalam.
D’autant que si l’économie de la résistance promue par le régime est à bout de souffle et que la politique du pivot vers l’est ne peut pas compenser l’impact destructeur des sanctions occidentales, Téhéran, à l’instar de tous les pays exportateurs de pétrole, parvient à tirer les marrons du feu dans des circonstances énergétiques liées à la guerre en Ukraine qui lui sont favorables. Et il peut se targuer d’avoir mis Washington à plusieurs reprises en difficulté depuis le lancement des pourparlers sur le nucléaire. Entre les deux ennemis jurés, les obstacles techniques ont été surmontés il y a bien longtemps. Mais ils ont jusqu’ici privilégié la surenchère pour amener l’autre à faire des concessions. Du côté de Téhéran, en renforçant le programme nucléaire et en multipliant les prises d’otages d’Occidentaux ou de binationaux. Du côté de Washington, en maintenant la pression maximale et en soutenant de façon tacite Israël dans le cadre de l’accélération de la guerre de l’ombre qui l’oppose à la République islamique.
Plan B
Les conditions actuelles paraissent éminemment floues, avec plusieurs scénarios possibles, dont celui d’une guerre si les États-Unis sont convaincus que l’Iran est en passe de se procurer une bombe. Mais pour l’heure, Téhéran n’a pas forcément d’intérêt à se précipiter à la table des négociations, au point mort depuis mars, pour un accord au rabais. Face à des discussions qui traînent et des exigences irrecevables de son point de vue, Washington pourrait alors renforcer des sanctions déjà étouffantes – dont il a par ailleurs presque épuisé tous les recours – et envoyer un signal clair prouvant qu’il est capable de frapper. « Une coalition régionale forte contre l’Iran pourrait être envisagée par Washington, l’amenant à soutenir une telle entreprise avec plus de force qu’aujourd’hui », décrypte Ali Fathollah-Nejad, chercheur associé au sein du Issam Fares Institute for Public Policy and International Affairs de l’American University of Beirut. « Un tel changement dans la politique américaine à l’égard de l’Iran peut peser lourdement sur le calcul décisionnel de Téhéran », dit-il.
L’Iran peut également continuer à jouer avec le feu, mais sans franchir le Rubicon, afin de conserver le nucléaire comme moyen de dissuasion sans risquer un conflit ouvert. « En quelques jours, nous avons pu enrichir de l’uranium jusqu’à 60 % et nous pouvons facilement produire de l’uranium enrichi à 90 % (...). L’Iran a les moyens techniques de produire une bombe nucléaire, mais l’Iran n’a pas pris la décision d’en construire une », a déclaré hier au service arabe d’al-Jazeera Kamal Kharrazi, l’un des principaux conseillers d’Ali Khamenei. Dans ce cas de figure, Israël poursuivrait ses opérations, mais Washington ne s’embarquerait pas officiellement dans une guerre sans avoir la conviction profonde que l’Iran est tout près d’acquérir une bombe.
Pendant que les "Grands Serviteurs de Hussein", se remplissent les poches, le peuple crève de faim. Les GSH se sentent acculés contre le mur, d'une par la communauté arabe et internationale et de l'autre les Soulèvements continuels du peuple iranien, que le gouvernement a de plus en plus de misère a maîtriser. Quand un régime sanguinaire et qui utilise le Coran pour ses propres intérêts finis toujours par chuter. S'ils franchissent le pas, ce régime n'hésitera pas d'envoyer une ogive sur Israël, l'Europe ou même les USA... Que Dieu nous protège de la folie des hommes!
19 h 56, le 18 juillet 2022