Égalité de genre : le Liban progresse un peu, selon le Forum économique mondial

Ce sera au moins ça de pris : le Liban, qui enchaîne les contre-performances dans presque tous les domaines depuis le début de la crise qu’il traverse depuis près de trois ans, a gagné une poignée de places au classement de 2022 du Forum économique mondial (World Economic Forum, WEF) sur les inégalités de genres, un exercice qu’il réédite depuis 2006.

Calé au 132e rang en 2021, le Liban se retrouve 13 rangs plus haut en 2022, en 119e position sur un total de pays étudiés en nette baisse, passé de 156 à 146 d’une édition à l’autre. Sur les dix pays retirés du classement de 2022, seuls cinq étaient mieux classés que le Liban (Bahamas, Croatie, Russie, Trinité et Tobago et Venezuela), tandis que les cinq autres (Irak, Mauritanie, Papouasie-Nouvelle Guinée, Syrie et Yémen) avaient fait moins bien en 2021.

L’évolution du Liban au classement n’est donc pas principalement liée à la baisse du nombre de pays entre 2021 et 2022, bien que la variation du score libanais d’une année à l’autre ne soit pas non plus très importante. Le Liban a en effet gagné 0,6 point en un an pour afficher un score – ou un taux de parité – de 64,4 %. À titre de comparaison, l’archipel de Vanuatu, classé 111e mondial, a connu la plus forte hausse de score sur la même période (+4,5 point à 67 %).

Le score du Liban est inférieur à la moyenne mondiale de 68,1 %, mais fait mieux que celle de la zone MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) (63,4 %). Cette région est la moins bien classée devant l’Asie du Sud. L’Amérique du Nord est en tête (76,9 %), suivie de l’Europe (76,6 %), l’Amérique latine (72,6 %), l’Asie centrale (69,1 %), l’Asie de l›Est et Pacifique (69 %), l’Afrique subsaharienne (67,9 %)

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C’est l’Arabie saoudite, 127e mondial, qui affiche la plus forte progression parmi les pays arabes (+3,3 points, à 63,6 %). Parmi les autres résultats, le Liban est le 3e pays le mieux classé de la zone MENA après Israël que le WEF inclut dans cette région (60e mondial avec 72,7 %, +3 points en un an) et les Émirats arabes unis (68e, 71,6 % et +1 point).

Émancipation politique

Selon la méthodologie du WEF, plus le score se rapproche de 1, plus un pays se rapproche de l’égalité parfaite entre les genres, qu’aucun pays n’a de facto atteint (l’Islande est 1er mondial avec un score de 90,8 %). Le forum construit son classement sur 4 piliers : la participation économique et les opportunités (accès aux postes à responsabilité, égalité de salaire pour un travail égal ou encore nombre d’hommes et de femmes qui occupent un emploi) ; l’accès à l’éducation (alphabétisation des hommes et des femmes à chacun des cycles d’éducation) ; l’accès à la santé (différence entre hommes et femmes en matière d’espérance de vie) ; et émancipation politique (représentation dans les instances législatives exécutives ainsi qu’aux autres plus hautes fonctions des États).

Le Liban est respectivement 135e (49,2 %, +4 places) pour le pilier économique, 90e (98,3 %, +23 places) pour celui lié à l’éducation, 75e (97,1 %, + 7 places et le Liban est premier de la zone MENA, sans compter Israël) pour celui de la santé et enfin 110e (12,9 %, + 2 places) pour le pilier politique.

De manière plus globale, le WEF considère que l’égalité entre les sexes a progressé depuis le dernier classement. Selon la méthode consacrée, qui mesure le rythme de progression dans ce domaine, le monde aura besoin de 132 ans pour atteindre la parité dans tous les domaines, contre 136 ans estimés lors du classement de 2021. Ces estimations restent toutefois inférieures à celles affichées en 2020 (100 ans), signe que le rythme de progression a ralenti pendant ces deux dernières années marquées notamment par la pandémie de Covid-19.

Enfin, les données spécifiques au Liban fournies par le WEF en annexe du classement permettent de mettre en exergue le fait que seules 4,7 % des entreprises du pays du Cèdre sont détenues en majorité par des femmes contre 5,9 % des entreprises qui sont dirigées par des femmes. Le rapport met également en exergue le fait que les femmes au Liban ont un accès plus réduit aux services financiers et ont moins de droits accordés par la loi. Les Libanaises ne peuvent par exemple pas donner la nationalité à leurs enfants et sont défavorisées par rapport aux hommes en ce qui concerne les questions d’héritage ou de divorce. Ces inégalités sont enfin plus ou moins accentuées d’une communauté religieuse, voire d’un rite à l’autre.

Le classement du WEF s’inscrit dans la lignée des constats faits par plusieurs organisations internationales encourageant à aller dans le sens de la parité et à accroître la participation des femmes à l’économie. En mars dernier, un rapport de la Banque mondiale sur la question (Les femmes, l’entreprise et le droit 2022) a ainsi placé le Liban au 160e rang mondial sur 190 pays dans le monde, et au 7e rang sur 20 pays arabes dans son classement de l’indice évaluant l’influence des réglementations sur la participation économique des femmes ainsi que sur l’égalité des chances entre les deux sexes sur le marché du travail.