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Culture - Festival de Baalbeck

« Un Pavarotti bis... en miniature »

L’acropole vibrait lundi soir aux rythmes des improvisations flamenco jazz du Bolita Big Band, après que des milliers de jeunes se sont pressés dimanche soir au concert du groupe libanais Adonis.

« Un Pavarotti bis... en miniature »

Le guitariste et compositeur de flamenco José Quevedo « Bolita », accompagné de Carolis Merino à la percussion et de Rafael de Utrera au « cante ». Photo Press Photo Agency

Le Festival de Baalbeck accueillait lundi soir dans son acropole le guitariste et compositeur de flamenco José Quevedo « Bolita », accompagné de Carolis Merino à la percussion et de Rafael de Utrera au « cante », « un des meilleurs chanteurs de flamenco au monde », dira de lui José Quevedo.

Difficile de croire en effet qu’un chanteur chétif et menu était capable d’une telle puissance. Sa voix claire et robuste a fait vibrer les lieux. « Un Pavarotti bis… en miniature », s’exclamera une spectatrice qui a souligné par ailleurs un faux air de ressemblance physique avec le ténor italien.

Le Bolita Big Band à l’acropole de Baalbeck. Press Photo Agency

Titulaire du prix Giraldillo à la Biennale de flamenco de Séville pour son spectacle Caótico, « Bolita » en présentait à Baalbeck une adaptation intitulée le Caótico Trío. Pour le Festival, cette soirée organisée en collaboration avec l’ambassade d’Espagne s’inscrit dans la tradition des échanges culturels avec l’Occident.

José Quevedo était encore un enfant lorsque Paco de Lucia, considéré comme le meilleur guitariste de flamenco de tous les temps, a révolutionné le flamenco, une musique traditionnelle d’Andalousie qui mélange la musique gitane et l’influence mauresque et juive, créant ainsi un style unique qui a donné naissance au flamenco jazz. C’est sous son influence qu’il commence à jouer de la guitare flamenca à l’âge de 14 ans. Cinq ans plus tard, à Madrid, il accompagne les chanteurs et danseurs les plus influents d’Espagne. Son spectacle Caótico est un peu le condensé de ses 30 ans de carrière.

Le guitariste et compositeur de flamenco José Quevedo « Bolita », accompagné de Rafael de Utrera au « cante ». Press Photo Agency

Les spectateurs assis en demi-cercle (une scénographie spatiale signée Jean-Louis Mainguy) ont pu remarquer sa maîtrise remarquable de l’instrument à cordes. Son style enjoué et le sourire qui ne quitte jamais ses lèvres donnaient l’impression qu’il s’amusait avec son instrument.

Interprétant des morceaux combinant la douceur des sérénades à la puissance d’un flamenco qui vénère l’amour et la passion, le « Bolita Big Band » a réussi à parfaitement intégrer le flamenco le plus traditionnel avec les sons de jazz, même si le flamenco prenait le dessus tout au long du concert. La complicité entre les trois artistes a conféré à la performance une force additionnelle et un dialogue continu qui ont nourri les improvisations musicales du trio.

Adonis chez Bacchus

Des milliers de jeunes se pressaient dimanche soir au deuxième concert prévu dans le cadre du Festival de Baalbeck. Les fans d’Adonis n’auraient manqué cela pour rien au monde. Une performance dans un cadre sans égal, le temple de Bacchus, dans les ruines de Baalbeck. Au diable la distance, l’heure et demie de trajet ou le prix de l’essence. On vient dans les bus affrétés pour l’occasion, de Beyrouth, Chiyah, Jounieh ou Bickfaya. On s’arrange entre amis pour louer un van ou une voiture. Parfois même entre inconnus en lançant des demandes de covoiturage sur les réseaux sociaux.

Le groupe Adonis diffuse des sonorités indie pop orientales sur les marches du temple de Bacchus, à Baalbeck, le 10 juillet 2022. Photo Nidal Solh

Dans un pays qui vit aujourd’hui la plus grave crise économique de son histoire, organiser de tels spectacles dans ces conditions tient de l’exploit. Malgré le prix des billets et le transport, inaccessible pour 90 % de la population, le concert se jouait à guichets fermés. Depuis son miniconcert en octobre 2020, quelques mois à peine après les explosions au port de Beyrouth, ou sa représentation à l’hippodrome de Beyrouth en septembre 2021, qui marquait le grand retour du public après plusieurs vagues de Covid, Adonis ne s’était plus produit récemment au Liban.

Le groupe Adonis diffuse des sonorités indie pop orientales sur les marches du temple de Bacchus, à Baalbeck, le 10 juillet 2022. Photo Nidal Solh

Alors, à l’arrivée sur scène des quatre musiciens, tous en blanc immaculé, le chanteur et pianiste Anthony Khoury, Nicolas Hakim à la batterie, Joey Abou Jaoudé à la guitare électrique et Gio Fikany à la basse qui se hisse sur un promontoire, des milliers de petites voix (4 000 spectateurs selon les organisateurs) hurlent leur joie, en brandissant leurs téléphones portables pour immortaliser le spectacle.

Le groupe d’indie pop, réputé pour ses textes écrits en libanais associés à une composition musicale à l’occidentale, démarre sous les couleurs pixelisées de l’arc-en-ciel avec le titre Shayef (« Je vois », 2018) devant un public déjà acquis qui égrène les paroles. Des adolescent(e)s lancent des « je t’aime Anthony », on fourche sur certaines paroles de chansons moins connues qui défilent ou on s’époumone sur les titres phares comme Shou Awlak. Le concert se déroule dans une ambiance bon enfant. Kazem Chamas, chanteur libanais de 26 ans que ne semble pas connaître le public, se joint au chant quelques minutes. « Qui s’appelle Nour dans la salle ? » lance Anthony Khoury et, pendant quelques minutes, des dizaines de petites mains qui s’étaient levées chantent le titre éponyme, dégageant une vive émotion entre les rangs, qui parfois se clairsèment. Sur scène, les musiciens jouent par moments comme s’ils se trouvaient dans une petite salle intimiste et paraissent écrasés sous le poids du temple. Une atmosphère qui se ressent dans la foule où certains sont habitués à des performances d’Adonis plus « spectaculaires ». Lorsqu’ils entament Stouh Adonis (2012), leur premier morceau relatant des aventures nocturnes sur les toits de la petite ville de banlieue du groupe, le public semble enfin vibrer à l’unisson. Les regards dévient sur un jeune couple de danseurs qui monte sur un côté de la scène et improvise des pas langoureux sous les regards amusés des agents de la sécurité...

Le Festival de Baalbeck accueillait lundi soir dans son acropole le guitariste et compositeur de flamenco José Quevedo « Bolita », accompagné de Carolis Merino à la percussion et de Rafael de Utrera au « cante », « un des meilleurs chanteurs de flamenco au monde », dira de lui José Quevedo. Difficile de croire en effet qu’un chanteur chétif et menu...
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