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Lifestyle - Saveurs du liban

À Hariss, des femmes donnent un coup de jeune à la traditionnelle kammouneh

Cet été, nous vous proposons une promenade à travers huit villages libanais, à la découverte de leur charme, leurs coopératives, leurs produits phares et... de recettes. Le tout à l’écoute de la nature et dans le respect des traditions. Visites, rencontres avec des femmes et des hommes qui ont vu leur vie se transformer, et recettes faciles sont au rendez-vous de cette nouvelle série gourmande, en partenariat avec « Terroirs du Liban », une marque développée par Fair Trade Lebanon. Cette semaine, arrêt à Hariss, un village du Liban-Sud célébré pour sa kammouneh.

À Hariss, des femmes donnent un coup de jeune à la traditionnelle kammouneh

La kammouneh, ou boulghour aux épices, un concentré de tomates, de poivrons et d’épices. Photo João Sousa

Destination Hariss, à environ 105 km et 2 heures de Beyrouth. Selon ses habitants, ce village du Liban-Sud tient son nom des Phéniciens. Hariss, de la racine Hors, signifie tranchée ou encore douve, ce fossé rempli d’eau qui entoure une citadelle ou un château. Situé à 750m d’altitude, Hariss est particulièrement apprécié en été pour son climat à la fois doux et rafraîchissant et sa nature verdoyante. Le village est beaucoup plus calme l’hiver, un grand nombre de ses habitants ayant émigré ou choisi de s’installer dans des grandes villes comme Tyr, où les offres d’emploi et les universités sont nombreuses. Les habitants, plutôt âgés, qui y résident encore, sont en grande majorité des ouvriers ou des agriculteurs.

De gauche à droite : Nawale Jawad, présidente de la coopérative, Fatmé Khawaja et Mariam Khawaja, vice-présidente. Photo João Sousa

Une coopérative qui soutient tout Hariss

Certains jeunes ont pourtant choisi de rester à Hariss auprès de leurs aînés et cela grâce à la coopérative du village qui offre 25 emplois fixes à des femmes membres mais bénéficie aussi aux agriculteurs et aux femmes de la région auxquels elle achète la récolte et les produits, tels que le blé, les oignons et les lentilles. Selon Nawale Jawad, présidente et fondatrice de la coopérative, « nous accueillons un grand nombre de femmes durant les saisons de haute production et nous achetons durant toute l’année leurs récoltes d’herbes sauvages, et surtout le zaatar ». Fière, la présidente poursuit : « Nous faisons tout pour soutenir l’agriculture locale. Pourquoi importer quand on peut tout planter dans notre terre fertile ? » La coopérative, qui a réussi à organiser autour d’elle un cycle de production autonome animant la roue économique du village et des alentours, a été créée en 2005 grâce à l’initiative de plusieurs contributeurs, dont la USAID et la YMCA, et confortée par les efforts de la municipalité qui lui a offert le local. « Notre coopérative a pour but d’améliorer le niveau de vie des femmes de Hariss et de la région et de leur fournir un lieu où elles peuvent travailler, évoluer et être productives », déclare Mme Jawad.

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Ces femmes, principal moteur de la coopérative, n’ont cessé de se perfectionner en assistant à de nombreuses formations qui leur ont permis de transformer cette initiative en un projet à succès. « Grâce aux formations offertes par Fair Trade Lebanon et d’autres contributeurs, nous savons aujourd’hui confectionner la mouneh traditionnelle libanaise et toutes sortes de confitures, de sirops, tout en respectant les règles d’hygiène et les gestes professionnels qui transforment un plat traditionnel en un produit commercialisable, sans perdre le goût ou la qualité », explique la présidente. Mais le combat pour s’imposer fut dur. « Chez nous, les femmes ne sortent pas, ne travaillent pas. Célibataire, sans ce travail, j’aurais vécu toute ma vie recluse à la maison », confie Mariam Khawaja. La vice-présidente poursuit : « J’ai quitté très jeune l’école pour rester avec ma mère à la maison et m’occuper des tâches ménagères. Mon père était très réticent au début et ne voulait pas que je participe à cette coopérative qui est aujourd’hui devenue ma seconde maison. C’est ici que j’ai évolué, que j’ai pris confiance en moi. Ce travail me permet de vivre et d’être indépendante. J’ai été là depuis le début et je ne quitterai pas ce lieu que j’ai vu grandir comme mon bébé. »

Situé à 750m d’altitude, Hariss est particulièrement apprécié en été pour son climat à la fois doux et rafraîchissant, et sa nature verdoyante. Photo Hassan Mahmoud Fakih

Nawale Jawad, qui jure de ne jamais abandonner le travail tant qu’elle sera active, a vu, au début, son mari s’opposer fermement à son engagement avant de devenir son « premier supporter ». La présidente a depuis participé à différents voyages et expositions avec le soutien de Fair Trade Lebanon, entre autres. Fatmé Khawaja, belle-sœur de Mariam, qui, depuis le début de la visite a gardé un sourire radieux, prend un air plus sérieux et confie à son tour : « Je ne pourrais jamais oublier à quel point j’étais anxieuse. L’exposition se tenait à Qolaiat que je n’avais jamais visité auparavant. J’étais très inquiète à l’idée que j’allais devoir coopérer avec des gens différents qui pensent et vivent autrement. Quel jugement pourraient-ils porter sur moi qui n’avais presque jamais quitté le village? » Depuis, celle que l’on surnomme Emm Ali est membre permanent de la coopérative et a participé à grand nombre d’expositions. « Je ne connaissais rien… Maintenant je ne crains plus rien. Je ne suis plus simplement une mère et une femme au foyer. Désormais, je contribue autant que mon mari aux dépenses de la famille. Nous sommes devenus égaux », lâche, fière, cette mère de cinq enfants.

La kammouneh, spécialité de la région, une recette que garde précieusement la coopérative de Hariss. Photo João Sousa

La kammouneh modernisée

Selon ces trois femmes, l’événement déterminant dans l’histoire de la coopérative a eu lieu il y a 7 ans environ, lorsque Fair Trade Lebanon les a aidées à transformer une recette de boulghour épicée, la kammouneh, spécialité de cette région du Liban-Sud, en une recette commercialisable et facile à préparer. La kammouneh est traditionnellement un mélange de boulghour fin, de concentrés de tomates, de poivrons, et d’épices de kammouneh semblables à celles utilisées pour la kebbeh (cannelle, poivre, paprika, clous de girofle, rose et menthe séchées, cumin et marjolaine), et de sel. Grâce à l’expertise de Fair Trade Lebanon, la coopérative a réussi à sécher ce mélange et à l’empaqueter afin qu’il puisse être conservé et commercialisé, devenant ainsi un incontournable pour les émigrés qui cherchent à emporter dans leurs bagages un goût du Liban, facile à déguster. Quelques minutes suffisent pour mélanger cette kammouneh moderne avec de l’huile d’olive et des légumes et en faire une salade délicieuse. « Notre produit est unique et cette spécialité qui est devenue la nôtre nous distingue et nous a fait connaître au Liban et à l’international », assure la présidente de la coopérative dont le produit phare connaît un grand succès dans toutes les expositions organisées par Fair Trade Lebanon et d’autres. La coopérative de Hariss n’hésite pas à partager les ingrédients de sa recette, présents également sur tous les emballages, puisqu’elle est confiante qu’elle seule détient le secret de la méticuleuse préparation en ce qui concerne le dosage des différents ingrédients, le mélange et le séchage, qui restent des étapes cruciales de la production. « Personne ne peut nous imiter, ils ont pourtant essayé... Le processus est très délicat et nécessite beaucoup de temps et d’attention », lâche, confiante, Mme Jawad. Le trio attribue pourtant le véritable secret de leur réussite à leur vivre-ensemble, à l’esprit de famille et à l’amour qui les unit. Règle numéro un : « Avant d’entrer, laisser ses problèmes à la porte de la coopérative ! »

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Des galettes croustillantes de kammouneh accompagnées d’une salade d’herbes sauvages. Photo João Sousa

LA RECETTE : GALETTES CROUSTILLANTES DE KAMMOUNEH ET SALADE D’HERBES SAUVAGES

Pour 4 personnes (8 galettes)

INGRÉDIENTS
100 gr de kammouneh Terroirs du Liban
1 oignon
2 œufs
4 biscottes (ou gressins) ou 4 c.à.s. de chapelure
Fleur de sel
Huile
Une poignée d’amandes torréfiées.
Feuilles d’oseille, de fenouil... ou autre salade.
1 c.à.s. de mélasse de grenade Terroirs du Liban.

PRÉPARATION
Mixer l’oignon. Le réserver. Battre les œufs avec la fleur de sel, les biscottes émiettées ou les 4 cuillères à soupe de chapelure. Puis verser sur la kammouneh. Confectionner de petites galettes. Verser de l’huile dans une poêle. Quand elle est bien chaude, déposer les petites galettes et les laisser cuire 4 minutes de chaque côté. Disposer les galettes sur les feuilles de salade. Verser un filet de mélasse de grenade, et déposer quelques amandes torréfiées.

En partenariat avec

Destination Hariss, à environ 105 km et 2 heures de Beyrouth. Selon ses habitants, ce village du Liban-Sud tient son nom des Phéniciens. Hariss, de la racine Hors, signifie tranchée ou encore douve, ce fossé rempli d’eau qui entoure une citadelle ou un château. Situé à 750m d’altitude, Hariss est particulièrement apprécié en été pour son climat à la fois doux et rafraîchissant...

commentaires (1)

Je ne pense pas que j'ai pu déguster ce fameux kammouneh. Il me faudrait visiter le Liban pour pouvoir gouter ce produit de terroir ... Ca resemble un peu au zaatar rouge (le zaatar avec mélasse de pomme grenade) mais il semble différent.

Stes David

10 h 47, le 08 juillet 2022

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Commentaires (1)

  • Je ne pense pas que j'ai pu déguster ce fameux kammouneh. Il me faudrait visiter le Liban pour pouvoir gouter ce produit de terroir ... Ca resemble un peu au zaatar rouge (le zaatar avec mélasse de pomme grenade) mais il semble différent.

    Stes David

    10 h 47, le 08 juillet 2022

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