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Lifestyle - Saveurs du Liban

Mhaydsé : au nom de la rose

Cet été, nous vous proposons une promenade à travers huit villages libanais, à la découverte de leur charme, leurs coopératives, leurs produits phares et... de recettes. Le tout à l’écoute de la nature et dans le respect des traditions. Visites, rencontres avec des femmes et des hommes, qui ont vu leur vie se transformer, et recettes faciles sont au rendez-vous de cette nouvelle série gourmande, en partenariat avec « Terroirs du Liban », une marque développée par Fair Trade Lebanon. Premier arrêt à Mhaydsé, dans la Békaa, un village célébré pour ses roses, qui sont au coeur de la recette que nous vous proposons.

Mhaydsé : au nom de la rose

La gamme de produits confectionnés à base de roses, selon les recettes traditionnelles, sans colorants ni conservateurs. Photo Joao Sousa

Pour arriver à ce paisible village de 1 500 mètres d’altitude, prisé pour ses randonnées en montagne, il suffit d’emprunter la route en direction de la Békaa. Mhaydsé, également connu sous le nom plus poétique de Nejmet el-sobeh, est en vue au bout d’une heure trente de route, soit environ 80 kilomètres. « Nejmet el-sobeh ou l’étoile du matin, est le surnom qu’a donné Alfred Naccache à notre village », lance avec fierté Ayoub Jamal qui, comme un grand nombre des résidents de Mhaydsé, participe à sa manière au rayonnement de la coopérative du village. « Il doit ce surnom à son emplacement stratégique qui surplombe tous les villages voisins, telle l’étoile du matin », poursuit-il. Le village est célèbre pour ces vieilles bâtisses en pierre blanche et roche noire basaltique extraite de la terre autrefois volcanique de la région. Il conserve dans les grottes de ses montagnes des reliques datant, selon certains experts, de l’époque byzantine, ainsi que les tombeaux des premiers habitants qui y vécurent depuis des siècles. Il y a 400 ans, les ancêtres des résidents de Mhaydsé, dont 70 % des 14 km2 de superficie sont de nature montagneuse, ont quitté leurs grottes pour s’installer au pied des montagnes où le climat est plus doux et les terres plus exploitables pour l’agriculture. Ils y ont alors créé un nouveau village, d’où le nom de Mhaydsé qui signifie nouveau, modernisé.

Wafaa Jamal, vice-présidente de la coopérative. Photo Joao Sousa

Premier arrêt devant la coopérative du village où, immédiatement et presque naturellement, un parfum sucré et exquis se dégage et charge l’air d’une belle douceur. Il suffit de le suivre pour arriver dans une pièce où des milliers de pétales de roses reposent au sol sur un drap blanc recouvrant toute sa superficie. Plusieurs femmes travaillent, avec le sourire, à séparer un à un les pétales de rose. C’est au cœur de ce festival de couleurs et d’odeurs que nous faisons la connaissance des visages qui font battre le cœur du village. La coopérative de Nejmet el-sobeh en est le centre social et économique.

Des vies transformées

Inaugurée en 1998, elle offre à 20 femmes et 3 hommes un emploi permanent, mais aussi un nombre d’emplois à durée déterminée au fil des besoins et des saisons. « Nous avons pour objectif d’améliorer le niveau de vie social et économique des villageois en général et des villageoises en particulier », précise Wafaa Jamal, vice-présidente de la coopérative qui, avec le temps, a grandement évolué. « Personne n’aurait cru qu’on réussirait à en faire une institution à succès. Grâce au soutien de Fair Trade Lebanon et d’autres contributeurs, nous avons pu bénéficier de nombreuses formations qui nous ont permis d’épouser aujourd’hui les standards internationaux », précise-t-elle. Pourtant, à ses débuts, la coopérative du village ne bénéficiait pas du vaste local, de machines, d’ustensiles ou de l’expérience qu’elle possède aujourd’hui. « Nous avons commencé à travailler dans la vieille maison de mon grand-père et nous apportions chacune les instruments de travail nécessaires de chez nous », raconte Wafaa Jamal. « Chacune versait une contribution de 1 000 LL par mois, ce qui nous permettait d’acheter les produits de base, comme le sucre et le gaz, et nous ne touchions qu’une rémunération annuelle », explique-t-elle, précisant également que la coopérative, qui a augmenté sa production et s’est fait connaître au Liban et à l’international grâce à Fair Trade Lebanon et d’autres organisations, aide grandement ses membres à assurer mensuellement les charges de leurs foyers en ces temps de crise. « Les agriculteurs et bergers du village et des alentours profitent conséquemment du travail de la coopérative qui les soutient et achète leurs différents produits saisonniers », ajoute la vice-présidente.

Mhaydthé, ou Nejmet el-sobeh, un charmant village dans la Békaa. Photo Joao Sousa

Une belle communauté

Raghida Mhanna Mahmoud, résidente permanente de Mhaydsé et mère de six enfants, était femme au foyer avant d’intégrer la coopérative à plein-temps, il y a plus d’une dizaine d’années. « Ce travail m’a donné un sentiment d’indépendance et une grande confiance en moi, et m’a permis de découvrir plusieurs régions du Liban et diverses cultures dans le cadre de salons et d’expositions auxquels nous avons participé. » Considérant la coopérative comme sa « seconde maison », elle souligne qu’aucune hiérarchie n’existe au sein de l’institution. « Nous sommes toutes à égalité, nous travaillons ensemble, nous vivons ensemble, nous mangeons ensemble, nous partageons tout », souligne-t-elle. Émue, Wafaa Jamal, qui s’est engagée au sein de la coopérative dès ses premiers jours, assure que l’institution l’a ouverte au monde et lui a également permis de sortir du village à l’occasion de diverses expositions parrainées par Fair Trade Lebanon et d’autres contributeurs. Le regard fier, elle secoue ses cheveux poivre et sel et pose ses mains sur ses hanches. « Nous y avons cru ! Nous avons tenu tête à toutes les critiques de nos hommes et de ceux qui considéraient cette coopérative comme une perte de temps et un outrage à notre rôle de mère et de femme au foyer. La coopérative m’a permis d’éduquer mes enfants et aujourd’hui grand nombre de femmes qui y travaillent assurent, comme moi, la majorité des charges de leurs foyers. À présent, tous nous respectent et reconnaissent nos efforts et notre réussite », lâche-t-elle avec une belle assurance et un grand sourire.

La rose sous toutes ses formes

La coopérative de Nejmet el-sobeh propose un grand choix de produits alimentaires artisanaux, une mouné libanaise, fabriquée à la manière de nos mères et grands-mères, parmi lesquels des confitures, des sirops, des jus ainsi que des tisanes et essences à base de rose, et des produits laitiers. Elle est surtout célèbre pour ses confitures, sirops, tisanes et essences à base de pétales de rose. Des produits dont la confection est longue, parfois pénible, et demande une grande méticulosité. Une méthode de préparation dont la coopérative de Nejmet el-sobeh tient à garder le secret.

Au cœur de la coopérative, plusieurs femmes, souriantes, travaillent patiemment à séparer une à une les pétales de roses. Photo Joao Sousa

Ce que l’on sait, toutefois, c’est que les roses sont récoltées entre avril et juillet. Après avoir été méticuleusement récupérés, les pétales sont lentement distillés, puis le sirop de sucre et quelques feuilles de roselle (oseille de Guinée ou hibiscus sabdariffa, NDLR) sont ajoutés pour obtenir une coloration naturelle. Le sirop, comme tous les produits à base de rose, est réalisé grâce à une variété spécifique, la rose de Damas, réputée pour son incomparable finesse. Confectionnés selon les recettes traditionnelles, sans colorants ni conservateurs, tous ces produits à base de rose ont un effet préventif pour les estomacs fragiles.

La gamme de produits confectionnés à base de roses selon les recettes traditionnelles, sans colorants ni conservateurs. Photo Joao Sousa

LA RECETTE : SALADE DE FRAISES AU SIROP DE ROSE ET CRUMBLE DE PAVOT

Pour 2 personnes
Préparation : 20 minutes
Cuisson : 25 minutes.

INGRÉDIENTS
Pour la salade de fraises :
1 barquette de fraises
15 g de sirop de rose « Terroirs du Liban »
15 g de sucre blond.

Pour la mousse au yaourt à la grecque :
1 yaourt à la grecque
60 g de crème liquide entière froide.

Pour le crumble :
80 g de farine
1 c. à s. de sucre blond
50 g de beurre froid
2 c. à s. de graines de pavot.

PRÉPARATION
Préchauffer le four à 180°. Pour confectionner le crumble, incorporer le beurre à la farine du bout des doigts pour obtenir un mélange sableux. Ajouter le sucre et les graines de pavot. Étaler le crumble sur du papier cuisson et mettre à cuire au four pendant 12 à 15 minutes. Laisser refroidir. Dans une casserole, mettre la moitié des fraises coupées en deux avec le sucre. Faire fondre à feu vif, puis laisser frémir à feu moyen pendant 10 minutes. Laisser refroidir avant de filtrer. Ajouter ensuite le sirop de rose, couper les fraises restantes et réserver. Pour préparer la mousse de yaourt à la grecque, battre au robot la crème en chantilly et l’incorporer délicatement au yaourt à la grecque.

PRÉSENTATION
Dans une verrine, disposer la salade de fraises, 1 cuillère à soupe de mousse, ajouter quelques fraises, 1 cuillère à soupe (ou 2 en fonction des goûts) de sirop de rose et parsemer de crumble au pavot.
À noter qu’il est aussi possible de présenter cette recette sur une assiette.

La salade de fraises au sirop de rose et crumble de pavot. Photo Joao Sousa

En partenariat avec

Pour arriver à ce paisible village de 1 500 mètres d’altitude, prisé pour ses randonnées en montagne, il suffit d’emprunter la route en direction de la Békaa. Mhaydsé, également connu sous le nom plus poétique de Nejmet el-sobeh, est en vue au bout d’une heure trente de route, soit environ 80 kilomètres. « Nejmet el-sobeh ou l’étoile du matin, est le surnom qu’a...

commentaires (4)

“Wlek Sanferlou” je vous fait un “like” à la manière de FB! Ces souvenirs, ces parfums à jamais gravés dans nos mémoires et nos sens continuent de nous transporter et même, comme vous avez osé le dire, “dans l’au-delà”. Voilà le beau Liban que nous avons connu et merci, oui merci, de nous le faire revivre chers rédacteurs decl’Orient-le-Jour!

De Chadarévian Simone

15 h 53, le 04 juillet 2022

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Commentaires (4)

  • “Wlek Sanferlou” je vous fait un “like” à la manière de FB! Ces souvenirs, ces parfums à jamais gravés dans nos mémoires et nos sens continuent de nous transporter et même, comme vous avez osé le dire, “dans l’au-delà”. Voilà le beau Liban que nous avons connu et merci, oui merci, de nous le faire revivre chers rédacteurs decl’Orient-le-Jour!

    De Chadarévian Simone

    15 h 53, le 04 juillet 2022

  • Ce parfum et cet élixir à base de roses nous ont accompagné depuis notre plus jeune âge et nous suivra dans l'au-delà... très bel article qui relate dans la langue de Molière la magie ibanaise décrite par Maroun Abboud ce qui explique magistralement le prix décerné par l'académie française. Merci.

    Wlek Sanferlou

    16 h 08, le 01 juillet 2022

  • Quelles magnifiques couleurs et saveurs Bravo !

    Noha Baz

    13 h 46, le 01 juillet 2022

  • Bel article, merci.

    Christine KHALIL

    08 h 22, le 01 juillet 2022

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