Libéré, allégé, l’homme d’Hermès pour la saison prochaine renoue avec l’enfance, le plaisir du jeu, et pourquoi pas sa part féminine. Si l’on vous dit simplement : « Limonade, melon, lilas, bubble gum, lagon, blanc, blanc cassé, quartz, lichen, écume, pierre, plomb, sienne, kaki, brun, noir », le tableau des vacances est peint d’avance avec ses garrigues, ses cigales, son horizon bleu pur, ses marchands de glace, ses espiègleries et ses explosions d’embruns, ses brises tièdes qui se faufilent entre la peau et la maille de coton ou de soie et gonflent les blousons de toile fine. Si l’on y ajoute, comme des dessins d’enfants ou de quelque artiste surréaliste déjanté, des homards ou des hippocampes (tant qu’à faire de l’équitation, pour cette maison à l’ADN équestre, autant chevaucher, à la plage, un cheval de mer), rien ne manque au plaisir anticipé de vivre déjà l’été prochain en plein cœur de l’actuelle saison chaude et de traverser la canicule avec style et humour. Tout l’art d’Hermès est de le faire à la fois de manière spectaculaire et sans ostentation.
« Le souffle du vent »
C’est dans l’enclos de la manufacture des Gobelins, nouveau lieu de prédilection de la maison pour ses défilés, qu’a été présentée cette collection tout en pastels, douceur et simple joie de vivre. « Là, Cyril Teste, complice de Véronique Nichanian, a imaginé un geste sous la forme d’une toile s’échappant du bâtiment, bougeant légèrement avec le souffle du vent, avant de disparaître par la fenêtre d’un atelier, comme si elle plongeait. Certaines saisons, la joie du soleil rend tout possible », indique le manifeste de la collection. Et de fait, dans le prolongement du spectacle présenté par Hermès lors de la récente Semaine du design de Milan 2022 où la maison mettait en scène quatre structures brutalistes d’Hervé Sauvage et de Charlotte Macaux Perelman inspirées des châteaux d’eau, la collection masculine de l’été prochain célèbre la légèreté avant toute chose. Le thème de la légèreté est de plus en plus cher à Hermès qui a placé cette année de créations sous son vocable. Après la lourdeur des confinements dus à l’épidémie de Covid-19, et malgré la noirceur des perspectives actuelles, à l’ombre de l’invasion russe de l’Ukraine, la maison de qualité s’efforce d’infuser ses créations du temps long des ateliers et de la paix des artisans. Quand le savoir-faire et la perfection des détails absorbent les bruits du dehors, une bulle se forme dans laquelle la beauté se met à l’abri de la fureur du monde.
Tout est permanence et tout est différence
Et cela s’exprime avec clarté dans les détails des sacs et accessoires conçus pour accompagner ce vestiaire estival. Que ce soit les sacs Garden Party Voyage en toile H unie, rayée ou imprimée, ou les sacs en toile et taurillon Clémence, ou les modèles Bolide Good Vibes en veau Togo et veau Swift, ou ces grands classiques que sont aussi les sacs Haut à courroies en veau Evercolor et veau Evergrain à carreaux déformés ou cet exquis sac de plage en toile de coton imprimée Après la vague, tout est permanence et tout est différence. La collection se décline en une ligne de blousons et parkas pour une saison où l’on n’est jamais, surtout le soir, à l’abri d’un coup de vent. Un prétexte supplémentaire pour mettre en avant la légèreté à travers des matières précieuses : veau velours, satin et coton techniques, ou voile de coton natté. Le printemps et le voyage sont pris en compte, avec des pulls à col roulé en cachemire ou en cachemire et soie, avec un magnifique dessin en jacquard d’un coucher de soleil simplement baptisé Sunset. On trouvera aussi des t-shirts à col blouson, des chemises amples sans col, d’élégants débardeurs en popeline où revient le thème du carreau déformé, des polos où navigue un drôle d’hippocampe. Les pantalons sont larges, à taille coulissante, de même que les bermudas. Çà et là se glisse le motif Ondulations : « La transparence de l’eau fait onduler les formes. Certains imprimés semblent bouger d’eux-mêmes, quelques lignes dévient légèrement, prennent le chemin de la liberté, une poche glisse, se décale comme pour aller vers l’extérieur, inventer sa propre ligne de fuite », indique le manifeste. Une collection qui fait du bien aux yeux et au cœur, tant son invitation à dépasser les contingences est convaincante et sa légèreté contagieuse.
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