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Politique - Décryptage

Les deux grands blocs chrétiens : des positions opposées, mais un même résultat

À l’issue d’un rituel qui peut paraître lassant ou désuet, Nagib Mikati a donc été désigné pour former le prochain gouvernement, avec 54 voix de députés, mais sans celles des deux grands blocs chrétiens et sans aucune voix druze. Pourtant, aucune partie n’a soulevé la question du consensus, qui, dans la pratique, régit toutes les échéances constitutionnelles libanaises depuis Taëf, notamment la formation du gouvernement ou la participation des blocs parlementaires aux différents votes à l’Assemblée.

Pour certains, ce n’est pas la peine de contester cette désignation, sachant que le nom de Mikati était pratiquement le seul sérieux dans la course, ce qui a probablement démotivé de nombreux députés. Pour d’autres, dans ce cas précis, l’enjeu n’en était pas vraiment un puisque ce gouvernement, s’il est formé, devrait devenir démissionnaire à partir du 1er novembre, date de l’expiration du mandat de l’actuel président. Il était donc plus que probable que pour un si court laps de temps, il y ait un accord tacite pour ne pas amener de nouvelles figures qui prendraient beaucoup de temps pour se familiariser avec les importants dossiers en cours, alors qu’elles devraient démissionner dans 4 mois.

Mais ces circonstances particulières, qui justifient dans une certaine mesure la volonté de ne pas mener une réelle bataille pour cette désignation, ne peuvent pas cacher le fait qu’il s’agit d’un précédent qui pourrait être utilisé dans d’autres échéances. Depuis les élections législatives de 1992, que les plus importantes parties politiques chrétiennes, et même Bkerké, avaient boycottées, sans parvenir à obtenir leur annulation, les chrétiens n’ont cessé de réclamer la participation de toutes les communautés à toutes les échéances, pour préserver le consensus interne. Elles ont aussi exigé que toute personne appelée à assumer des responsabilités officielles bénéficie d’un appui communautaire consistant.

Pourtant, dans les consultations parlementaires qui se sont déroulées jeudi à Baabda, le bloc des Forces libanaises et celui du CPL ont choisi de ne désigner aucun candidat, privant ainsi Nagib Mikati d’une large couverture chrétienne. Personne ne s’est arrêté sur ce point, préférant ne pas être pointilleux en une période aussi délicate. La tendance générale était de dire que M. Mikati a malgré tout l’appui de plusieurs députés chrétiens, en dehors des deux grands blocs.

Mais si on y regarde de plus près, il apparaît que même si le résultat concret est le même, les choix des deux grands blocs parlementaires sont à l’opposé l’un de l’autre. En ne choisissant aucun candidat, les Forces Libanaises ont été indirectement favorables à la candidature de Nagib Mikati, alors que c’est l’effet inverse pour le non-choix du CPL. En effet, selon la logique des divisions actuelles, les Forces libanaises, considérées comme le fer de lance du camp anti-Hezbollah au Liban et aujourd’hui comme la principale force politique alliée aux Saoudiens, auraient dû choisir Nawaf Salam, à l’instar du bloc du leader druze Walid Joumblatt. Ce qui aurait donné 19 voix supplémentaires à ce candidat et aurait renforcé sa position face à Nagib Mikati. En refusant de désigner un nom précis, les Forces libanaises ont donc renforcé la position du milliardaire tripolitain. Selon les propos tenus par le chef du CPL, Gebran Bassil, jeudi soir, les FL auraient agi sciemment pour remercier M. Mikati du service qu’il leur aurait rendu lors des législatives. En effet, selon des sources proches de la liste qui était officiellement appuyée par ce dernier à Tripoli et dont seul Abdel Karim Kabbara a été élu, Nagib Mikati n’aurait en réalité pas fait grand-chose de concret pour appuyer cette liste, ouvrant ainsi la voie à l’élection du candidat des Forces libanaises à Tripoli, Élias Khoury. Pourquoi M. Mikati aurait-il agi ainsi ? Les interprétations sont multiples, mais selon la plus courante, il l’aurait fait pour satisfaire indirectement les Saoudiens qui préféraient une victoire de la liste présidée par Achraf Rifi, laquelle comprenait le candidat des FL. D’ailleurs, les raisons invoquées par le chef des FL pour expliquer le non-vote pour Nawaf Salam du bloc de la République forte ne sont pas convaincantes, puisque la dernière fois, ce bloc l’avait bel et bien choisi bien que M. Salam n’ait pas non plus exposé un programme précis.

Par contre, du côté du CPL, la logique aurait voulu que ce bloc choisisse Nagib Mikati. D’abord parce qu’il participe au gouvernement actuel que ce dernier préside et ensuite parce qu’il a l’appui du tandem chiite, dont le Hezbollah, principal allié du CPL. En refusant de désigner un candidat, le CPL a donc privé M. Mikati de 17 voix chrétiennes qui lui auraient assuré une grande couverture de la part de cette communauté, tout en lui donnant une confortable majorité de plus de 70 voix. Mais le CPL a préféré malgré tout ne pas se prononcer, considérant que les conditions ne sont pas réunies pour qu’il appuie la candidature de Mikati. En s’abstenant de faire un choix, le CPL a donc voulu adresser un message critique au Premier ministre désigné, pour lui exprimer son mécontentement au sujet de sa gestion du gouvernement ou pour faire monter les enchères dans les tractations pour la formation du nouveau cabinet, tout en montrant qu’il conserve son indépendance et sa liberté de choix par rapport à ses alliés.

Finalement, les deux grands blocs chrétiens avaient donc des raisons différentes, voire opposées, mais elles ont abouti à un même résultat, tout en faisant un accroc à la pratique du consensus communautaire. Ce procédé avait déjà été utilisé lors de l’élection du président de la Chambre, il y a quelques semaines, les deux blocs ayant décidé de ne pas voter pour Nabih Berry, chacun pour ses propres raisons.

Pour certains, cette entente par le négatif pourrait constituer un début de coopération sur des sujets plus importants mais pour d’autres, elle ne peut pas se développer parce que les conflits sont trop profonds entre les deux groupes.

À l’issue d’un rituel qui peut paraître lassant ou désuet, Nagib Mikati a donc été désigné pour former le prochain gouvernement, avec 54 voix de députés, mais sans celles des deux grands blocs chrétiens et sans aucune voix druze. Pourtant, aucune partie n’a soulevé la question du consensus, qui, dans la pratique, régit toutes les échéances constitutionnelles libanaises depuis...

commentaires (8)

Vous cherchez a couvrir les défaites perpétuelles du CPL. Ne pouvant le faire avec des arguments on attaquent les FL. En 1989 le Général Aoun est nommé premier ministre et 6 ministres. Il décide de mettre de l'ordre dans le pays. Au lieu de commencer par ceux qui l'ont trahi il cherche a détruire ceux qui ont défendu les institutions du pays inclue l’armée. Alors il attaque les FL avec la promesse Syrienne de le faire élire Président. Il foire, s'attaque aux Syriens. Il foire, attaque a nouveau les FL et une fois de plus il foire mais nous place sous le joug et la botte Syrienne. En exil, il prétend être derrière la résolution 1559 alors qu'en fait il l'a récusé. Ayant senti que les efforts des FL allaient porter, il s'y rallie a la dernière minute et clame y avoir été le fer de lance. BULLSHIT !!! Il revient en 2005 et a l'issu d'un accord avec les FL il récolte 75% des suffrages Chrétiens. L’idée était d'avoir une rue Chrétienne forte jusqu'à ce que le Hakim sorte de prison. Ivre du résultat, ce monsieur trahi ses engagements et pour résultat nous avons un pays exsangue, détruit, rongé par la corruption et en faillite comme jamais auparavant. Il perd au dernières élections ou seul trois ou quatre de ses députés sont élus par des Chrétiens. Le reste des vendus d'office. Alors ayant servi la Syrie et après l'Iran, il cherche a tout prix a coller la même enseigne aux FL pour se justifier. Les FL ni ne s’achètent ni ne se vendent. Pas de gouvernement d'Union point barre!

Pierre Christo Hadjigeorgiou

09 h 23, le 27 juin 2022

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Commentaires (8)

  • Vous cherchez a couvrir les défaites perpétuelles du CPL. Ne pouvant le faire avec des arguments on attaquent les FL. En 1989 le Général Aoun est nommé premier ministre et 6 ministres. Il décide de mettre de l'ordre dans le pays. Au lieu de commencer par ceux qui l'ont trahi il cherche a détruire ceux qui ont défendu les institutions du pays inclue l’armée. Alors il attaque les FL avec la promesse Syrienne de le faire élire Président. Il foire, s'attaque aux Syriens. Il foire, attaque a nouveau les FL et une fois de plus il foire mais nous place sous le joug et la botte Syrienne. En exil, il prétend être derrière la résolution 1559 alors qu'en fait il l'a récusé. Ayant senti que les efforts des FL allaient porter, il s'y rallie a la dernière minute et clame y avoir été le fer de lance. BULLSHIT !!! Il revient en 2005 et a l'issu d'un accord avec les FL il récolte 75% des suffrages Chrétiens. L’idée était d'avoir une rue Chrétienne forte jusqu'à ce que le Hakim sorte de prison. Ivre du résultat, ce monsieur trahi ses engagements et pour résultat nous avons un pays exsangue, détruit, rongé par la corruption et en faillite comme jamais auparavant. Il perd au dernières élections ou seul trois ou quatre de ses députés sont élus par des Chrétiens. Le reste des vendus d'office. Alors ayant servi la Syrie et après l'Iran, il cherche a tout prix a coller la même enseigne aux FL pour se justifier. Les FL ni ne s’achètent ni ne se vendent. Pas de gouvernement d'Union point barre!

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    09 h 23, le 27 juin 2022

  • Merci Scarlett pour cet article bien analysé et riche en détails

    Hitti arlette

    16 h 27, le 26 juin 2022

  • UNE SEULE DECISION EST A PRENDRE : c'est de ne plus ecrire des commentaires qui repondent aux decryptages, analyses ET encensoires de scarlett H, Pt't le SEUL moyen de pousser l'OLJ a cesser publier ses inepties- de plus inepties repetitives.

    Gaby SIOUFI

    10 h 22, le 26 juin 2022

  • Aoun va rester dans l’histoire???

    Eleni Caridopoulou

    19 h 42, le 25 juin 2022

  • Y a t il encore assez d’encens au Liban pour que Madame Scarlett Haddad continue d’encenser soit le CPL soit le Hezbollah. C’est bien d’avoir des convictions mais quand celles ci virent à l’obsession, ça devient une maladie sans doute incurable. Alors continuez à écrire vos niaiseries , vous ne faites que vous ridiculiser d’avantage d’article en article (sauf bien entendu pour vos 3 supporters).

    Lecteur excédé par la censure

    16 h 11, le 25 juin 2022

  • Vous comprenez pas hien pq GEAGEA fait ce qu’il fait .. attendez un peu quand le course à la présidence commencera et la tout deviendra claire … juste une parenthèse si GEAGEA a fait une entente avec le CPL c’est parce que ces alliés se sont Hariri le premier détourner de lui d’un coter d’un deuxième c’est pour calmer les chretiens entre eux l’entente était bonne mais comme d’hab les Aouniste comme la plupart des libanais pensent qu’ils ont toujours raison

    Bery tus

    14 h 12, le 25 juin 2022

  • Les FL ont été entachées à vie par leur alliance temporaire avec le CPL en 2016. C’est comme ça. Il y a des tares dont on ne pourra jamais plus se débarrasser. Maintenant tout ce que les FL savent faire c’est soit bloquer, soit mettre des bâtons dans les trous. Rien de constructif quoi. Comme le CPL… avec le populisme de bas étage en moins…

    Gros Gnon

    12 h 12, le 25 juin 2022

  • Les FL ont trop payé leur alliance avec le parti aouniste pour la rééditer. De nombreuses voix en interne s’étaient élevées contre cette alliance, la société civile les a accusé de jeu politique, et , après le destruction d’une Liban sous la présidence aoun, l’histoire a donné raison à ces derniers. Les aounistes vont être les pestiférés de la nouvelle ère

    AFL

    09 h 58, le 25 juin 2022

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