Et une de plus. Le Tribunal militaire, cette instance qui relève du ministère de la Défense et qui est censée juger les militaires et les membres des forces de sécurité pour des crimes commis en service commandé, a condamné vendredi la comédienne Shaden Fakih à une amende d’un million huit cent mille livres. Il s’agit de l’amende maximale, selon Ayman Raad, l’avocat de la comédienne. Une manière, selon ce dernier, de « donner une leçon à Shaden ». Ce n’est pas la première fois que le Tribunal militaire émet des sentences à l’encontre de civils, dans des affaires liées à la liberté d’expression.
La jeune femme était accusée « d’humiliation et d’atteinte à la réputation des Forces de sécurité intérieure », pour avoir publié une vidéo comique dans laquelle on la voit appeler les FSI et leur demander s’ils pouvaient lui livrer des serviettes hygiéniques en raison des restrictions imposées pendant la période de confinement contre le coronavirus au Liban.
« Le Tribunal militaire ne peut pas condamner Shaden à la prison. Il lui a donc imposé l’amende maximale, soit un million huit cent mille livres. On ne s’attendait pas à cela. Je pense qu’ils ont voulu lui donner une leçon, pour avoir mentionné l’armée et les services de sécurité dans ses sketches », indique Ayman Raad à L’Orient-Le Jour. « Il est impératif d’amender la loi pour que la cour militaire ne puisse plus poursuivre des civils. De toute manière, une cour présidée par un militaire ne peut être objective dans une telle affaire. Elle ne peut pas garantir un procès équitable pour un civil », poursuit l’avocat.
Contactée par notre journal, Shaden Fakih se dit « sans voix » face à la répression de la liberté d’expression. « Ce sont des lâches. Ils ne pourront pas m’affecter, bien au contraire, ils ne font qu’attiser le feu, je ne m’arrêterai pas. Nous avons tous une colère enfouie en nous à cause de ce qui se passe dans le pays », a confié la comédienne. Elle dénonce par ailleurs l’absurdité de son procès. « Ceux qui sont accusés d’avoir trempé dans l’affaire des explosions au port de Beyrouth ont été réélus au Parlement et siègent au sein de la Commission de la justice. Je ne comprends pas de quelle justice il s’agit », souligne-t-elle.
Réagissant à cette affaire, l’ONG Amnesty International à appelé à cesser immédiatement les comparutions de civils devant le Tribunal militaire. « Le cas de Shaden Fakih est le dernier exemple en date d’un abus perpétré par les autorités libanaises sous prétexte du respect les lois sur la diffamation, dans le but d’entraver la liberté d’expression », a indiqué Diana Semaan, directrice adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, dans un communiqué publié jeudi.
« Durant ces trois dernières années, les institutions sécuritaires et militaires ont harcelé et interrogé de nombreux activistes au sujet de publications sur les réseaux sociaux, avant de transférer leurs dossiers au Tribunal militaire. Il s’agit d’une violation claire de leur droit à la liberté d’expression », ajoute Diana Semaan.
Le Centre libanais pour les droits humains (CLDH) a également condamné le procès de la comédienne. « Ce n’est pas la première fois que le Tribunal militaire utilise son autorité pour convoquer des protestataires ou des activistes. Le fait que Shaden comparaisse devant une cour militaire ne garantit pas son droit à un procès équitable. Qu’elle soit jugée parce qu’elle a exprimé une opinion est une violation de la liberté d’expression », a souligné le CLDH dans un communiqué publié vendredi matin.
Le tribunul mili-taire poursuivra t il l'autre comique sous terrain qui se moquait toit récemment de l'inexistence d'un état qu'il a lui-même formé...??? 1,8 millions de livres libanaises doivent lui être faciles à brandir lui qui a des déclarations remplissant des livres, que dis-je, des bibliotrucs entières .... Cancer quand tu nous envahit...
15 h 44, le 25 juin 2022