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Politique - Portrait

Nagib Mikati, service minimum

Retour sur le parcours politique de celui vers qui l’on revient systématiquement quand il n’y a plus d’autres alternatives. 

Nagib Mikati, service minimum

Le Premier ministre Nagib Mikati, a de nouveau été désigné, le 23 juin 2022, au terme des consultations parlementaires contraignantes. Anwar AMRO / AFP

« Mikati est comme l’eau qui coule entre les doigts d’une main et qu’on ne peut jamais capter. » Ce constat, dressé par un homme politique qui a souhaité garder l’anonymat, résume le parcours de celui vers qui l’on revient systématiquement quand il n’y a plus d’autres alternatives. Un homme difficile à classer politiquement et qui fait en sorte d’entretenir des relations cordiales avec tout le monde.

Engagé en politique depuis près de trois décennies, cet homme d’affaires de 66 ans a été désigné aujourd’hui, avec 54 voix, Premier ministre pour la quatrième fois de sa carrière. À chaque fois dans des moments de crises et de grandes tensions : en 2005, après l’assassinat du Premier ministre Rafic Hariri ; puis en 2011 lorsqu’il prend la tête d’un gouvernement de confrontation avec Saad Hariri, qui finit par imploser à la suite des profondes divergences qui opposent le Premier ministre au Hezbollah et au Courant patriotique libre. Enfin, il y a un an, quand le milliardaire de Tripoli apparaissait une nouvelle fois comme la seule solution de déblocage après des mois de bras de fer entre Saad Hariri et le président de la République Michel Aoun.

« L’expérience de Mikati était très amère »
C’est parce qu’il était considéré comme un candidat acceptable par toutes les parties que Nagib Mikati a été désigné Premier ministre à trois reprises par le passé. Auparavant, il occupait le portefeuille des Travaux publics entre 1998 et 2004, qu’il a réussi à moderniser. En 2005, après l’assassinat de Rafic Hariri, Omar Karamé se trouve contraint de jeter l’éponge. Mikati apparaît alors comme la solution idoine pour le remplacer. Le baron de Tripoli, qui possédait jusqu’en 2012 plusieurs sociétés à Damas, entretient à l’époque des relations étroites avec le régime syrien. Il est aussi très proche des ambassadeurs américain et français de l’époque au Liban, Jeffrey Feltman et Bernard Émié. Tout va se jouer à Paris, où les tractations vont s’enchaîner, impliquant le roi saoudien Abdallah ben Abdelaziz et son ministre des Affaires étrangères Saoud el-Fayçal, Bernard Émié, Jeffrey Feltman et le leader druze Walid Joumblatt. Mikati sait qu’il ne peut pas se présenter aux élections législatives prévues la même année en raison de la popularité du courant du Futur dans le Nord. Alors il accepte d’être une roue de secours, comme aujourd’hui : être à la tête d’un gouvernement avec une durée de vie limitée et des marges de manœuvre étroites.

Entre 2005 et 2010, Mikati va chercher à ne pas se positionner comme un opposant à Hariri, sans pour autant rejoindre son camp. La rupture entre les deux hommes intervient en 2011, après le renversement du gouvernement de Hariri suite à la démission des ministres du 8 Mars. Le Hezbollah veut un Premier ministre issu de son camp politique. Omar Karamé est une nouvelle fois pressenti. Mais Walid Joumblatt, qui se dit prêt à collaborer, ne veut pas nommer un prosyrien. Le chef du Parti socialiste progressiste s’entretient avec Bachar el-Assad, Nabih Berry et Hassan Nasrallah pour inverser la tendance, après avoir échoué à les convaincre de trouver un compromis avec Hariri. Joumblatt réussit à persuader tout le monde d’adopter l’option Mikati. À ce moment-là, le leader druze rencontre Hariri et lui explique sa position, tout en lui conseillant d’adopter une attitude réaliste et de ramener Mikati dans son camp. Une fois désigné Premier ministre, Mikati rencontre à nouveau Hariri. « Je suis prêt à coopérer, voulez-vous participer au gouvernement ? » « Non », répond Hariri. « Me recommanderiez-vous quelque chose ? » Silence de Hariri. C’est le début de la brouille qui va se poursuivre tout au long du mandat de Mikati et qui culmine au moment de l’assassinat du chef des renseignements des Forces de sécurité intérieure, le général Wissam el-Hassan, le 19 octobre 2012. Le courant du Futur tient le gouvernement de Mikati politiquement responsable de cet assassinat et supervise des manifestations qui appellent à sa chute. C’est alors que Mikati se rend à Aïn el-Tiné pour rencontrer Nabih Berry avec l’intention de démissionner. Le chef du Parlement lui conseille de se calmer et Mikati se tourne vers lui et lui dit : « Votre Excellence, c’est vous qui me protégez et protégez le Premier ministre sunnite désormais. »

Son mandat de chef de gouvernement se déroule dans un contexte explosif, puisque la guerre syrienne fait rage et que les tensions sunnito-chiites sont à leur comble. Mikati tente de faire respecter le principe de « distanciation », mais le Hezbollah met très vite les deux pieds en Syrie. Ses relations vont surtout se compliquer avec Michel Aoun et Gebran Bassil, notamment concernant les dossiers de l’électricité et celui des nominations. Bassil est alors ministre de l’Énergie. Un fonds koweïtien propose un projet de construction de centrales électriques et d’amélioration du secteur dans son ensemble à un taux d’intérêt de 1 % à long terme. Mais le gendre du président refuse l’option et privilégie celle des navires-centrales. « Il était impossible pour Mikati de travailler avec le duo Aoun/Bassil », disait à L’OLJ un proche du Premier ministre désigné il y a un an. Les séances sont rythmées par les accrochages entre le Premier ministre et son ministre de l’Énergie. Depuis, Michel Aoun ne veut plus entendre parler de Mikati. « L’expérience de Mikati était très amère », confirmait aussi, lors de la dernière nomination de Mikati, un proche du chef du CPL. Mikati finit par démissionner en mars 2013 en raison de la querelle qui l’oppose au Hezbollah et au CPL concernant la prorogation du mandat d’Achraf Rifi en tant que directeur général des Forces de sécurité intérieure.

Deux missions
En juillet dernier, après des mois de blocage liés à une bataille entre Saad Hariri et Michel Aoun, Nagib Mikati est à nouveau nommé. La configuration était assez proche de celle qui prévaut aujourd’hui : en l’absence de Hariri, Mikati semble être le choix privilégié du tandem chiite puisqu’il bénéficie d’une certaine légitimité dans la rue sunnite tout en étant accommodant avec le Hezbollah. Mikati forme finalement son troisième gouvernement en septembre avec deux grands objectifs : organiser les élections et mener les négociations avec le FMI pour sortir le pays de la crise.

Les élections ont bien eu lieu à temps. Et en ce qui concerne le FMI, un accord cadre a été conclu en avril dernier. Mais le plan préparé par le vice-Premier ministre, Saadé Chami, est largement combattu par les différents partis politiques et risque de passer à la trappe. En attendant, la situation dans le pays s’est dégradée à tous les niveaux. Et, sur le plan politique, les relations de Mikati avec le camp aouniste se sont à nouveau détériorées. Nagib Mikati a aujourd’hui un atout certain, qui explique qu’il soit à nouveau nommé et qu’il bénéficie encore du soutien de Paris : il incarne la continuité dans un moment de grandes tensions liées à l’approche de la présidentielle. Tout le monde sait que c’est à partir de ce moment que commenceront les véritables tractations. Et c’est là aussi son principal point faible qui explique qu’il recueille aussi peu de voix (en 2021, 72 députés lui avaient accordé leur voix) : il est là pour assurer le service minimum. Si bien qu’il pourrait ne pas être en capacité de former son gouvernement et continuer de gérer les affaires courantes en tant que Premier ministre sortant.

« Mikati est comme l’eau qui coule entre les doigts d’une main et qu’on ne peut jamais capter. » Ce constat, dressé par un homme politique qui a souhaité garder l’anonymat, résume le parcours de celui vers qui l’on revient systématiquement quand il n’y a plus d’autres alternatives. Un homme difficile à classer politiquement et qui fait en sorte d’entretenir des relations...

commentaires (8)

C’est la cinquième roue du carrosse qui a déjà perdu ses quatre autres. Comment voulez-vous qu’il avance alors qu’il a participé au sabotage des roues qui faisaient avancer puisqu’il n’aura plus de marge de manœuvre pour faire fructifier pour la énième fois sa fortune colossale qui couche tranquillement à l’étranger bien à l’abri des turbulences nationales, d’où son titre de milliardaire. Il a prouvé à plusieurs reprises son incompétence et les voilà qui le renomme au même poste en vantant ses qualités inexistantes, faisant de lui l’homme de la situation. L’homme de l’inaction plutôt que tous les politiciens chérissent et pour laquelle ils aspirent pour ne pas être démasqués par un homme honnête avec les mains propres qui viendrait mettre leur nez dans leur m… magouilles. Voilà pourquoi aucun de ces sinistres députés ne veut pas de salam comme PM. Kelloun yéené kelloun sans exception.

Sissi zayyat

11 h 52, le 24 juin 2022

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Commentaires (8)

  • C’est la cinquième roue du carrosse qui a déjà perdu ses quatre autres. Comment voulez-vous qu’il avance alors qu’il a participé au sabotage des roues qui faisaient avancer puisqu’il n’aura plus de marge de manœuvre pour faire fructifier pour la énième fois sa fortune colossale qui couche tranquillement à l’étranger bien à l’abri des turbulences nationales, d’où son titre de milliardaire. Il a prouvé à plusieurs reprises son incompétence et les voilà qui le renomme au même poste en vantant ses qualités inexistantes, faisant de lui l’homme de la situation. L’homme de l’inaction plutôt que tous les politiciens chérissent et pour laquelle ils aspirent pour ne pas être démasqués par un homme honnête avec les mains propres qui viendrait mettre leur nez dans leur m… magouilles. Voilà pourquoi aucun de ces sinistres députés ne veut pas de salam comme PM. Kelloun yéené kelloun sans exception.

    Sissi zayyat

    11 h 52, le 24 juin 2022

  • EST-CE QU,ON LUI A FAIT PASSER LE SERVICE MECANIQUE ?

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    09 h 53, le 24 juin 2022

  • The political elite class keeps recycling itself because they’re worried that if people they can’t control take over power, their scandals and corruption could be exposed. The Mikati government has no tangible accomplishments since he became prime minister, and in previous governments he has presided. To the contrary, he has helped derail legislation for implementing universal healthcare, among other non-accomplishments. He’s mired in corruption. Why should we keep him in power?

    Mireille Kang

    04 h 29, le 24 juin 2022

  • Hehehehe les soi-disant 13 on reçu une autre gifle pensant que tous les autres députés de l’opposition devrait les suivre !! Et bien voilà libanais pour qui vous avez voter et la je ne mets pas seulement les député de la contestation sur le grille mais aussi les anciens haririien MAINTENANT ON SAIT QUE SAAD HARIRI ET SA TANTE FAISAIT EN DESSOUS DE LA TABLE CONTRE LEUR PROPRE ALLIER

    Bery tus

    19 h 44, le 23 juin 2022

  • Bon OK on a compris c’est un personnage insipide, incolore, inodore bref une parfaite roue de secours. Sauf qu’il est persuadé que pour sauver l’économie du pays, il faut voler l’épargne des libanais. Et de grâce, épargnez nous la phrase bidon de petites et grands épargnants. Les grands épargnants honnêtes n’ont pas volé cet argent, ils l’ont gagné honnêtement. Mais tous les politiciens, tous les hauts fonctionnaires et tous leurs proches ont volé de façon éhontée l’argent public pour s’enrichir. Alors Monsieur Mikati, si vous voulez prouver que vous êtes vraiment Monsieur Propre comme vous l’avez prétendu en versant vos larmes de crocodile lors de votre précédente nomination, virez Saade Chami de son poste de vice et négociez un nouveau plan avec le FMI qui garantisse TOUS LES ÉPARGNANTS ET FAITES SUPPORTER LES PERTES AUX POLITICIENS VÉREUX ET CORROMPUS DONT VOUS PRETENDEZ NE PAS FAIRE PARTIE

    Lecteur excédé par la censure

    19 h 15, le 23 juin 2022

  • SANS ECHELLE IL PEUT CHANGER LES LAMPES SUR LES PLAFONDS AVEC SES DENTS EN APPUYANT SA MAIN DROITE SUR LA TETE DE AOUN ET SA MAIN GAUCHE SUR LE NEZ DE BERRI. - UNIQUE COMPETENCE POUR SAUVER LE PAYS. LE TRIO DE LA BLAGUE !

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    18 h 39, le 23 juin 2022

  • S,IL N,A PAS LA COMPETENCE... IL A AU MOINS LA TAILLE... P.M. DITES-VOUS ?

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    18 h 23, le 23 juin 2022

  • Douleb el spare.

    Nadim Mallat

    18 h 22, le 23 juin 2022

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