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Société - Liban

Imbroglio autour du décès d'une fillette malade dans le Akkar

Le père de l'enfant accuse quatre hôpitaux d'avoir refusé d'hospitaliser sa fille, les établissements se défendent. 

Imbroglio autour du décès d'une fillette malade dans le Akkar

Photo fournie par notre correspondant Michel Hallak

Le décès d'une fillette d'environ un an dans le Akkar, après avoir été transportée d'hôpital en hôpital par ses parents pour soigner des maux de ventre, a choqué les Libanais dimanche soir et lundi, le père accusant les différents établissements d'avoir refusé de prendre en charge sa fille, tandis que certains d'entre eux rejettent toute responsabilité dans la mort de l'enfant. Deux des hôpitaux cités dans le témoignage du père de l'enfant l'accusent d'avoir lui-même retiré sa fille des urgences alors même qu'elle y avait été prise en charge.

Originaire de la localité de Mouhammara, la fillette souffrait de douleurs gastriques et intestinales. Son père a détaillé son périple à notre correspondant Michel Hallak : samedi matin sa fille a été refusée à l'entrée de deux hôpitaux au motif qu'aucun département pédiatrique ne peut l'y accueillir. Toutefois, une source médicale à l'hôpital Nini, deuxième établissement où les parents et la fillette se sont rendus, indique à L'Orient-Le Jour que Yasmine al-Masri a bien été admise aux urgences. "Les parents sont arrivés avec des résultats d'examens sanguins, effectués dans un autre endroit, sur lesquels rien d'anormal n'a été constaté", précise cette source. "Nous devions mener d'autres examens pour savoir de quoi l'enfant souffrait, mais son père a refusé et a décidé d'aller autre part", poursuit-elle, indiquant que l'enfant souffrait et vomissait.

1.000 dollars
Un troisième établissement, l'hôpital Haykal, aurait, lui, rejeté son admission tant que les parents ne pouvaient pas payer un acompte de 1.000 dollars, a déclaré le père de l'enfant. Dans un communiqué, l'administration de cet hôpital a donné sa version des faits. Elle explique que l'enfant a été reçue aux urgences alors qu'elle souffrait de fièvre et de vomissements. "Selon les parents, ils ont essayé de la faire hospitaliser dans plusieurs unités d'urgence dans la matinée", ajoute le texte, qui souligne que les signes vitaux de l'enfant ont été pris et l'équipe médicale lui a administré un médicament pour apaiser ses symptômes avant d'effectuer d'autres examens. La perfusion de l'enfant s'étant détachée, une situation courante en cas de fièvre, et les soignants présents ne parvenant pas à lui en installer une nouvelle, le père a voulu sortir l'enfant des urgences avant qu'une équipe spécialisée ne vienne remettre en place la perfusion, comme cela est protocolairement requis, ajoute l'hôpital. Il est revenu à la raison lorsque des tests ont fait état de traces de sang dans les selles de l'enfant et s'est alors rendu au bureau d'admission pour y effectuer les démarches nécessaires à l'hospitalisation. C'est alors qu'il est revenu aux urgences pour récupérer sa fille, sans en référer au personnel médical "et sans payer aucun des frais requis pour les examens déjà effectués". L'hôpital ne précise pas si une avance financière a été demandée au père, mais souligne que toute procédure administrative liée à l'hospitalisation des patients "ne retarde en aucun cas le traitement et les tests".

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Après son passage à l'hôpital Haykal, le père et sa fille se sont rendus dans un quatrième centre médical de Tripoli, qui a demandé le transfert de Yasmine à Beyrouth. Avant qu'un tel transfert ne puisse être envisagé, la petite fille est décédée, en fin d'après-midi. Les obsèques de l'enfant ont eu lieu dans la soirée, à Mouhammara, dans une atmosphère de grande tristesse et de colère.

Enquête du ministère
Le ministère de la Santé a indiqué que la Direction des soins médicaux du ministère a ouvert une enquête dimanche soir, sur les circonstances du décès de Yasmine al-Masri. Dans un communiqué, le ministère indique que le Dr Joseph Hélou, chef de cette section du ministère, "a demandé aux directeurs médicaux des hôpitaux où la famille de l'enfant s'est rendue de venir au ministère de la Santé mardi 21 juin" pour les entendre sur les circonstances de ce drame. Ils ont également appelé les membres de la famille de l'enfant défunte à se présenter.

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Le député joumblattiste Waël Bou Faour, ancien ministre de la Santé, a pour sa part réclamé une "enquête transparente et des poursuites à l'encontre de tous ceux qui ont refusé de soigner" la fillette. "De quelle dignité peut-on se prévaloir lorsqu'une enfant meurt dans les bras de ses parents aux portes des hôpitaux", s'est-il interrogé dans un communiqué cité par le média al-Anba', estimant "qu'aucun hôpital n'a le droit de choisir ses patients".

Dans un Liban en plein effondrement économique, la situation sanitaire et hospitalière s'est nettement dégradée, et nombre de praticiens, médecins et pédiatres ont quitté le pays tandis que les établissements hospitaliers peinent à couvrir leurs frais.

Le décès d'une fillette d'environ un an dans le Akkar, après avoir été transportée d'hôpital en hôpital par ses parents pour soigner des maux de ventre, a choqué les Libanais dimanche soir et lundi, le père accusant les différents établissements d'avoir refusé de prendre en charge sa fille, tandis que certains d'entre eux rejettent toute responsabilité dans la mort de...

commentaires (2)

Il faut arrêter de mettre la faute sur les hopitaux qui se voient obligés de fermer certains de leurs services faute de moyens.

Christine KHALIL

08 h 54, le 21 juin 2022

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Commentaires (2)

  • Il faut arrêter de mettre la faute sur les hopitaux qui se voient obligés de fermer certains de leurs services faute de moyens.

    Christine KHALIL

    08 h 54, le 21 juin 2022

  • Il est evident, d'apres le deroulement des faits, que le pere ne pouvait assumer les frais medicaux exiges dans la saloperie intitulee par les crapules bancaires "fresh dollars". Il s'agit d'un cas flagrant de "non-assistance a personne en danger de mort". Si cela devait arriver, comme c'est fort possible, a quelqu'un dont les comptes sont bloques illegalement par les crapules bancaires, alors il faudrait egalement mettre en cause non seulement les dirigeants de l'hopital mais aussi ceux de la banque. Il faut que les Libanais sachent a quoi ils sont exposes tous les jours par la canaille....

    Michel Trad

    17 h 45, le 20 juin 2022

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