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Économie - Focus

Après le succès du Fitr, le tourisme libanais espère reprendre des couleurs cet été

La dynamique de réservations de billets d’avion est jusqu’à présent plutôt « bonne », affirme le président de l’Association des agences de voyages et du tourisme.

Après le succès du Fitr, le tourisme libanais espère reprendre des couleurs cet été

Les professionels du tourisme s'attendent à un bon été. Photo J.R.B.

Le genou à terre face à une crise sans précédent depuis 2019, le secteur touristique libanais n’en reste pas moins à l’affût du moindre signe de reprise qui se profilerait à l’horizon. Une pugnacité qui pourrait avoir commencé à porter ses fruits. En effet, malgré une saison hivernale et des vacances de Pâques globalement décevantes, les professionnels du tourisme ont récemment vu le vent tourner à l’occasion de la fête du Fitr tombée en début de semaine, prolongeant le dernier week-end d’avril.

Ainsi, selon le président de l’Association des agences de voyages et du tourisme au Liban (Attal), Jean Abboud, pas moins de 13 000 arrivées quotidiennes ont été enregistrées au cours des dix dernières journées précédent la fin de ces congés. À titre de comparaison, ce total est supérieur à la moyenne annuelle des passagers (à l’arrivée, au départ et en transit) enregistrés en 2021, qui s’élevait à environ 12 000, selon nos calculs basés sur les chiffres officiels de l’Aéroport international de Beyrouth (AIB), comptabilisant 3,77 millions de passagers sur cet exercice.

Des chiffres qui permettent déjà d’espérer un été qui sera « chaud » au niveau touristique, a déclaré le ministre du Tourisme Walid Nassar, dans un entretien à une radio locale. À cette occasion, celui qui sera bientôt démissionnaire après les élections législatives a annoncé la tenue de « deux festivals internationaux au Liban et de festivités organisées au centre-ville de Beyrouth », déserté depuis le mouvement de contestation entamé le 17 octobre 2019, et en partie dévasté par l’explosion au port de Beyrouth le 4 août 2020.

La prudence reste de mise

La dynamique de réservations des billets d’avion, tous encaissés en dollars frais, est jusqu’à présent plutôt « bonne », estime Jean Abboud. « Les ventes de billets d’avion ont augmenté en 2022 et la filière est sur une moyenne mensuelle de plus de 20 millions de dollars, contre 4 à 5 millions de dollars en 2021 », précise-t-il. Le niveau reste encore bien loin des niveaux d’avant la crise, « plus de 50 millions de dollars mensuels », mais permettent d’espérer un été « prometteur ». Jean Abboud anticipe ainsi à une moyenne de 15 000 arrivées par jour au Liban de juillet à septembre, sur base des vols réguliers programmés « qui devraient être pleins », sans compter les éventuels vols supplémentaires. Mais le syndicaliste ne se fait pas non plus d’illusion : « Ce seront essentiellement des expatriés ».

Du côté des hôtels, la célébration du Fitr a également fait des heureux mais pour « une affaire de 3 à 4 jours seulement », précise Pierre Achkar, président de la Fédération des syndicats touristiques et du syndicat des hôteliers, chiffrant les réservations à « 70 % dans la capitale et 50 % en dehors », pour un tourisme intérieur de Libanais et d’expatriés venant des pays arabes, en sus des trois nationalités phares de passage au Liban : les Irakiens, les Égyptiens et les Jordaniens. Un bon augure certes pour la saison d’estivale, mais Pierre Achkar tempère à nouveau : « On ne s’attend pas à recevoir d’autres nationalités ». Autrement dit, le tourisme cet été sera, comme depuis le début de la crise au Liban, interne, régional et d’expatriés. Ces derniers sont toutefois attendus « massivement », souligne-t-il.

Si les expatriés et les touristes avaient pu être rebutés par les pénuries de carburants lors de la saison estivale de 2021, ils ne devront plus faire face à un problème d’approvisionnement en énergie pour leurs déplacements mais toujours subir un manque d’électricité, alors que le fournisseur public Électricité du Liban fournit un maximum de deux heures de courant par jour.

« À Beyrouth et sur la côte, les gens vont suffoquer cet été. Cela pourra les encourager à réserver des hôtels où la climatisation sera assurée », avance Pierre Achkar. Néanmoins, « avec un prix du mazout pour les générateurs qui a été majoré de plus de 25 % depuis l’été dernier, les hôtels ont évidemment modifié leurs prix », ajoute-t-il. Enfin, alors que nombre de séminaires (2 à 3 par mois), organisés notamment par des ONG avaient eu lieu l’an dernier, avec réservations d’hôtels à la clé, « il n’y en a pas de prévus pour le moment », regrette-t-il.

Sans nécessairement sauter de joie, le secteur de la restauration est aussi soulagé par les quelques jours qui viennent de s’écouler. « C’était plutôt bon en termes d’affluence, principalement grâce à la clientèle locale et aux touristes irakiens, égyptiens et jordaniens de passage », résume le président du syndicat des propriétaires de restaurants, boîtes de nuit, cafés et pâtisseries au Liban, Tony Rami, ajoutant que « le ticket moyen reste très inférieur par rapport aux niveaux d’avant la crise ». Le syndicaliste s’attend également à l’arrivée d’un « certain nombre d’expatriés » cette semaine en raison des élections législatives. Néanmoins, « tout le monde reste prudent », assure-t-il, regrettant notamment que les hôtels de luxe du pays n’aient pas encore rouvert leurs portes, à l’instar du Four Seasons, du Bristol et du Phoenicia.

Le secteur touristique a démontré toutefois à nouveau qu’il restait « un pourvoyeur de revenus et en attend quelque 2,5 milliards de dollars en 2022, dont plus de la moitié venant de la restauration », avance Tony Rami. Il espère également que les perspectives récentes d’amélioration des relations entre le Liban et les pays du Golfe se convertiront en réservations. « Nos amis arabes ont un pouvoir d’achat très élevé », dit-il, le chiffrant à « 12 000 dollars par semaine et par personne » et rappelant qu’ils ont largement contribué aux records atteints par le secteur entre 2009 et 2011 (avec plus de 9 milliards de dollars de revenus) ». Des chiffres qui font désormais rêver, alors que la crise au Liban est loin d’être résolue.

Le genou à terre face à une crise sans précédent depuis 2019, le secteur touristique libanais n’en reste pas moins à l’affût du moindre signe de reprise qui se profilerait à l’horizon. Une pugnacité qui pourrait avoir commencé à porter ses fruits. En effet, malgré une saison hivernale et des vacances de Pâques globalement décevantes, les professionnels du tourisme ont...

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Tourisme et électricité. 2 notes à retenir. Sans électricité, le tourisme hait le noir. Il faudrait longtemps pour retourner aux années 2009 et 2010.

Esber

12 h 18, le 07 mai 2022

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Commentaires (1)

  • Tourisme et électricité. 2 notes à retenir. Sans électricité, le tourisme hait le noir. Il faudrait longtemps pour retourner aux années 2009 et 2010.

    Esber

    12 h 18, le 07 mai 2022

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