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Moyen-Orient - Conflit

La « guerre des drapeaux » entre Israéliens et Palestiniens

Lors des funérailles mi-mai de Shirine Abou Akleh, la police a chargé une foule qui brandissait les couleurs palestiniennes à la sortie du cercueil de l’hôpital.

La « guerre des drapeaux » entre Israéliens et Palestiniens

Un homme à vélo arbore un drapeau palestinien à Huwara, en Cisjordanie, le 30 mai 2022. Jaafar Ashtiyeh/AFP

Quelque chose se passe à Huwara. Ces dernières semaines, des colons israéliens se sont lancés à l’assaut du rond-point de cette ville de Cisjordanie pour en retirer des pavillons palestiniens dans le cadre d’une « guerre des drapeaux » en pleine expansion entre les deux camps.

Lundi 30 mai 2022, au rond-point de Huwara, près de Naplouse (Nord), où les colons des collines alentour descendent pour emprunter la grande route qui serpente à travers la Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967, des dizaines de soldats israéliens montent la garde.

Un drapeau palestinien – noir, rouge, vert et blanc – accroché à un poteau électrique flotte au vent. Un colon israélien s’approche, sort de son véhicule, grimpe sur le poteau et s’en empare sous le regard de soldats impassibles.

Zafer al-Sayegh, un commerçant palestinien, regarde la scène, dépité. « Plusieurs “martyrs” ont payé le prix de leur vie pour ce drapeau, dit-il. Nous sommes ici chez nous (...) mais un colon arrive ici avec un bâton, un couteau et une hache pour descendre le drapeau (palestinien). »

Zafer n’est pas le seul à s’offusquer. Au cours des dernières semaines, des heurts violents ont opposé des Palestiniens aux colons ou forces de l’ordre israéliennes au rond-point de Huwara. « Pour nous, le drapeau palestinien est un symbole. Cela représente tout, notre dignité, notre droit à nous défendre contre les Israéliens (...) Nous Palestiniens, nous nous unissons sous ce drapeau », tonne Wajeh Odeh, ancien maire de Huwara.

Drapeau « ennemi » ?

En Israël et encore plus à Jérusalem-Est – secteur palestinien de la Ville sainte occupé puis annexé par l’État hébreu –, les forces de l’ordre n’hésitent pas à arrêter les personnes arborant un drapeau palestinien, donnant parfois lieu à des violences. Comme lors des funérailles mi-mai de la journaliste palestino-américaine Shirine Abou Akleh, lorsque la police a chargé une foule brandissant des bannières palestiniennes à la sortie du cercueil de l’hôpital. Des milliers de personnes ont ensuite suivi la dépouille mortelle, donnant lieu à une scène rarissime dans la Vieille Ville d’une foule de Palestiniens brandissant leur drapeau.

Deux semaines plus tard, des dizaines de milliers d’Israéliens nationalistes ont mené leur annuelle « marche des drapeaux » à Jérusalem, inondée de bannières bleu et blanc, pour marquer la conquête en 1967 de la partie orientale de la ville par l’État hébreu.

En réponse, des Palestiniens ont tenu des rassemblements à travers la Cisjordanie, notamment à Huwara, arborant aussi leur drapeau. Ce dernier pourrait être formellement interdit dans le service public dans le cadre d’un projet de loi sur les drapeaux « ennemis » porté par le député israélien Eli Cohen, membre du Likoud (droite, opposition) de Benjamin Netanyahu.

Une sorte d’engrenage

« Voici une ligne rouge à ne pas franchir et qui diffère des manifestations légitimes : agiter le drapeau de ceux qui ne reconnaissent pas l’État d’Israël ou qui représentent une menace existentielle », est-il écrit dans le projet de loi déposé cette semaine. Il pourrait toutefois ne pas recevoir le feu vert final du Parlement, notamment des élus issus de la minorité arabe, descendants des Palestiniens restés en Israël après la création du pays en 1948.

« Il est temps de mettre fin à l’hypocrisie et aux incitations à la haine contre nous en renforçant notre souveraineté, a tweeté Eli Cohen. Quiconque se sent Palestinien recevra toute l’aide nécessaire pour un aller simple à Gaza. »

L’enclave palestinienne de Gaza, contrôlée par les islamistes du Hamas qui ne font pas partie de l’Autorité palestinienne, est sous blocus israélien depuis 2007. Le Hamas et l’État hébreu se sont affrontés lors de quatre guerres depuis 2008.

En Israël et à Jérusalem, il n’est en théorie pas illégal d’agiter le drapeau palestinien, mais la police mène des arrestations invoquant des gestes de provocation, explique la libérale Laura Wharton, membre du conseil municipal de Jérusalem.

« Nous ne sommes pas en guerre avec l’Autorité palestinienne. Au contraire, nous avons signé les accords de paix d’Oslo avec elle. Plus la droite radicale jouera cette carte, plus les Palestiniens, en particulier les jeunes, utiliseront le drapeau pour les narguer. Nous assistons actuellement à une sorte d’engrenage de l’usage du drapeau », dit-elle.

Dans cette escalade, des Palestiniens ont réussi un bref coup de force dimanche lors de la marche israélienne « des drapeaux » en faisant voler au-dessus de la Vieille Ville de Jérusalem un minidrone coiffé de leur drapeau... avant d’être ramené au sol par la police.

Gareth BROWNE/AFP

Quatre Palestiniens tués en 24 heures dans des incidents en Cisjordanie

Quatre Palestiniens ont été tués ces dernières 24 heures dans des incidents en Cisjordanie occupée, où l’armée israélienne poursuit ses opérations quasi quotidiennes après une série d’attaques en Israël. Mercredi matin, une Palestinienne qui, selon l’armée israélienne, s’approchait avec un couteau d’un soldat près du camp de réfugiés palestiniens d’al-Aroub près de Hébron, dans le sud de la Cisjordanie, a été abattue. Jeudi matin, un Palestinien de 29 ans a été tué par les forces de sécurité israéliennes dans un camp de réfugiés près de Bethléem, a annoncé le ministère palestinien de la Santé dans un communiqué. Dans la nuit de mercredi à jeudi, l’armée israélienne a détruit à Yabad, un village voisin de Jénine, la maison de l’auteur de l’attentat qui avait fait cinq morts dans la ville de Bnei Brak, en Israël, le 29 mars. Au cours de cette opération, de « violentes émeutes ont éclaté » et les soldats, visés par des cocktails Molotov et des tirs, ont répondu et tiré à balles réelles, selon l’armée. Six Palestiniens ont été blessés au cours des affrontements et un d’entre eux a succombé à ses blessures à l’hôpital, a indiqué le ministère palestinien de la Santé. Un quatrième a été tué par balle jeudi dans des heurts avec l’armée israélienne dans un autre village. « Un jeune Palestinien de 17 ans qui avait été blessé par une balle de l’armée israélienne dans le village d’al-Madia, dans le secteur de Ramallah, est mort des suites de ses blessures », a affirmé le ministère.

Face à l’Iran, Israël mène un exercice avec des dizaines d’avions de combat

Des dizaines d’avions de combat israéliens ont mené cette semaine un exercice au-dessus de la Méditerranée et des navires de guerre se sont entraînés en mer Rouge, a indiqué jeudi l’armée israélienne qui se prépare à différents « scénarios » contre l’Iran. L’armée israélienne devait tenir en mai 2021 un exercice fondé sur le scénario d’un conflit avec les Palestiniens qui s’étend à la frontière nord avec le Liban et la Syrie et au-delà, mais avait été rattrapée par la réalité de la guerre dans la bande de Gaza avec le Hamas. Après un an de retard, les militaires israéliens ont lancé l’exercice pour se préparer à des combats « proches et lointains », avec notamment un exercice mené par des dizaines d’avions de combat au-dessus de la Méditerranée qui ont effectué des vols « longue distance », de « ravitaillement » et des « frappes de cibles éloignées ». Selon la presse israélienne, l’exercice a simulé une attaque de grande ampleur contre l’Iran, ennemi numéro un d’Israël, notamment contre des sites nucléaires. Toujours dans le cadre de l’exercice, l’armée a annoncé jeudi un exercice avec deux navires de guerre et un sous-marin en mer Rouge afin notamment « d’atteindre une supériorité maritime » et de « maintenir une liberté d’action dans la région ».

Quelque chose se passe à Huwara. Ces dernières semaines, des colons israéliens se sont lancés à l’assaut du rond-point de cette ville de Cisjordanie pour en retirer des pavillons palestiniens dans le cadre d’une « guerre des drapeaux » en pleine expansion entre les deux camps.Lundi 30 mai 2022, au rond-point de Huwara, près de Naplouse (Nord), où les colons des collines...
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