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Culture - Exposition

Le(s) cèdre(s) en ce palais...

Le fier arbre libanais n’en finit pas d’inspirer les artistes de ce pays, qui s’adonnent avec toujours plus de talent et de créativité à le représenter sous différentes variations. Une quarantaine est à découvrir au sein de la prestigieuse demeure des Sursock, dans une exposition éclair initiée par l’association Green Cedar.

Le(s) cèdre(s) en ce palais...

« Le cèdre bleu », une huile sur toile d’Emmanuel Guiragossian (170 x 90 cm ; 2020).

C’est pour lutter contre la morosité ambiante que Pascale Saad, Lara Debs, Cathy Chami et Nelly Zeidan, les quatre mousquetaires de l’association Green Cedar, ont décidé de lancer, ici et maintenant, une nouvelle édition – la 5e en l’occurrence – de leur opération de soutien aux artistes libanais Dessine-moi un cèdre. Une exposition collective qui se tient au palais Sursock jusqu’à demain jeudi 2 juin, sous le titre très optimiste de « Lumières pour une renaissance ».

Quel meilleur écrin pouvait-on trouver pour les variations artistiques autour de notre emblème national que cette demeure patrimoniale à l’inaltérable majesté ? Quel plus beau cadre pour accueillir les œuvres d’une quarantaine d’artistes locaux célébrant, à travers leurs représentations de l’arbre symbolique du Liban, la force de vie et de résistance d’un peuple au destin sans cesse contrarié ?

« Fier », en grès émaillé de Najwa Nahas (2022).

Un peuple à l’intelligence lumineuse, aux talents riches et multiples, qui sombre malheureusement chaque jour d’avantage dans la déprime, victime d’une crise aussi noire et profonde qu’un puits sans fond… Un effondrement généralisé contre lequel les initiatrices de cet événement artistique restent néanmoins déterminées à lutter. Dans la mesure de leurs moyens qui sont certes restreints à une certaine sphère socioculturelle. Mais cela ne les empêche pas de persévérer, envers et contre tout, dans leur dynamique de sauvegarde et de mise en valorisation de ce qui fait la beauté du Liban : ses étendues forestières qui constituent l’axe central de la cause que défend leur association.

Une cause qui les a amenées à organiser régulièrement des expositions artistiques dans le but de récolter des fonds pour leur action de reboisement des espaces verts (toujours plus en péril !) du pays du Cèdre.

« Le cèdre, c’est le phénix », de Camille Tarazi (2022).

Triple objectif…

Cette fois, à travers cette exposition éclair de 3 jours, c’est un triple objectif artistique, patrimonial et écologique qu’elles servent. « Il s’agissait d’abord d’apporter un soutien aux artistes en ces temps difficiles, pour eux comme pour tout le monde. Et à ce titre la moitié du montant de la vente de leur œuvre leur sera directement reversée. L’autre moitié sera ensuite répartie entre le fonds pour la restauration de ce magnifique palais Sursock durement impacté par l’explosion au port de Beyrouth et cela à hauteur de 15 %. Et c’est un de nos projets de reboisement d’une forêt de chênes à Kfardebian qui bénéficiera des 35 % restants », indique, en substance, la présidente de Green Cedar, Pascale Saad.

« Le printemps aux cèdres », de Youssef Aoun (acrylique sur toile ; 2022).

Ancré, brandi à bout de bras ou voyageur…

Trente-huit artistes, entre peintres, sculpteurs, céramistes, photographes ou encore designers ont donc répondu à l’appel de cette 5e édition de « Dessine-moi un cèdre », en réalisant entre une à trois pièces chacun expressément pour cette exposition.

« Nous aurions aimé réunir encore plus d’œuvres. Malheureusement nous avons été contraintes à restreindre le nombre de participants pour des impératifs dus au lieu et à l’état de certains de ses murs encore en plein chantier de restauration, ce qui en limite les possibilités d’accrochage », regrette Pascale Saad.

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Si la plupart des artistes sont fidèles à la thématique de l’arbre symbolique libanais, certains, à l’instar des photographes Roger Moukarzel, Fadia Ahmad ou encore Maher Attar (dans l’une de ses œuvres) ont été plutôt vers une interprétation de l’idée des « Lumières pour une renaissance ».

Sauf que ce sont surtout les interprétations du cèdre qui dominent dans cette exposition, chaque œuvre présentée renvoyant au lien que son auteur a tissé avec cet emblème national.

Le « cèdre darwiche », de Raouf Rifai (150x150cm ; 2022).

Puissants et ancrés, les cèdres peints par Emmanuel Guiragossian, George Merheb, Youssef Aoun, Jacques Vartabédian ou encore Missak Terzian s’accordent avec ceux en grès émaillé de la céramiste Najwa Nahas pour diffuser un sentiment de fierté nationale. Chez Raouf Rifai, le cèdre et le darwiche (l’emblématique figure de brave Libanais qui hante ses toiles) ne font qu’un, accentuant aussi sa symbolique nationale.

Revisité sous l’angle d’un discours plus engagé, les cèdres du designer Georges Mohasseb (recréé en sculpture déstructurée faite de fils de couleurs, de laiton, de ciment et de résine) de l’architecte Camille Tarazi (composé de débris de porcelaine), de la peintre Flavia Codsi (qui les représente brandis à bout de bras) ou encore de son frère Fluvio Codsi (qui les peints échevelés ou voyageurs) sont fortement évocateurs d’un vécu libanais fait de destructions, de brisures, de révolte et d’exil…

« Cedar », techniques mixtes sur panneau de bois de Georges Merheb (66x108cm ; 2020).

Idem pour les cèdres en techniques mixtes, nimbés de poudre d’or et incrustés d’un poème de Gebran Khalil Gebran façonnés sur toile ou en céramique par Nada Rizk qui dialoguent avec l’arbre aux branchages découpés dans le fer rouillé et, éloquemment baptisé Koullouna de Sandra Sahyoun. Mais aussi avec la sculpture en débris de verre de l’explosion du 4 août 2020 réalisée par Sara Abou Mrad.

Le cèdre, « Printed in Gold, Celebrating Life », en technique mixte et feuille d’or sur toile de Nada Rizk (50x50cm ; 2022).

Dans un registre, plus poétique s’inscrivent les œuvres de Alia Mouzannar qui célèbre avec délicatesse l’éternité du cèdre libanais et le sentiment de « baraka » qu’il dégage ; celles aussi d’Eddy Choueiry (une belle allégorie photographique du cèdre pris dans la tourmente) et de Ismat Mahmassani qui insère, par manipulation digitale dans ses branchages, des papillons et des fleurs colorées…

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Impossible de signaler l’ensemble des pièces exposées dans cette expo-événement, dont il faut découvrir aussi l’œuvre-phare… en cours de réalisation. Il s’agit d’une grande toile de 2x2m qui réunira les empreintes artistiques des 38 participants. Divisée en 38 cases égales, dans laquelle chacun d’eux a dessiné (peint plutôt) son cèdre, cette immense mosaïque de cèdres, représentative de la (talentueuse) diversité libanaise fera ultérieurement l’objet d’une vente aux enchères aux profit des activités de l’association Green Cedar.

« Dessine-moi un cèdre » au palais Sursock, rue Sursock, Achrafieh. Jusqu’au 2 juin. Horaires d’ouverture de 15h à 17h.

C’est pour lutter contre la morosité ambiante que Pascale Saad, Lara Debs, Cathy Chami et Nelly Zeidan, les quatre mousquetaires de l’association Green Cedar, ont décidé de lancer, ici et maintenant, une nouvelle édition – la 5e en l’occurrence – de leur opération de soutien aux artistes libanais Dessine-moi un cèdre. Une exposition collective qui se tient au palais Sursock...

commentaires (1)

Belles découvertes en effet. J'aime beaucoup le cèdre et le darwiche de Rifaï et l'oeuvre de Aoun.

Marionet

13 h 52, le 01 juin 2022

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Commentaires (1)

  • Belles découvertes en effet. J'aime beaucoup le cèdre et le darwiche de Rifaï et l'oeuvre de Aoun.

    Marionet

    13 h 52, le 01 juin 2022

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