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Société - Législatif

Le « mur de Berri-lin » se fissure

Les blocs de béton autour du Parlement partiellement démantelés à la suite d’une décision de Nabih Berry.

Le « mur de Berri-lin » se fissure

Les murs en béton érigés au niveau des accès menant au Parlement ont été partiellement démantelés hier après-midi à la suite d'une décision du président de la Chambre, Nabih Berry, d'alléger les mesures sécuritaires dans le périmètre. Photo Mohammad Yassine.

Le moment est symbolique. Des voix s’élèvent, scandant « Thaoura! Thaoura ! ». Plusieurs années et une révolte populaire plus tard, les murs en béton érigés au niveau des accès menant au Parlement ont enfin été partiellement démantelés hier après-midi, à la suite d’une décision du président de la Chambre, Nabih Berry, d’alléger les mesures sécuritaires dans le périmètre. Armés de caméras et de micros, de nombreux journalistes regardent des ouvriers scier et retirer des blocs de béton, qui barraient les accès à l’hémicycle, au niveau de la rue Weygand dans le centre-ville de Beyrouth. Des murs qui ont été témoins de la répression des manifestants par la police, au pic de la révolte déclenchée le 17 octobre 2019. Yassine Yassine, député de Rachaya-Békaa-Ouest, Marc Daou, député de Aley, et Najat Aoun Saliba, députée du Chouf, tous issus des mouvements de la contestation, étaient également présents sur les lieux.

Le député Yassine Yassine (3e de droite) et une foule devant le mur en béton, partiellement démantelé, hier, près du Parlement à Beyrouth. Photo Mohammad Yassine

« J’ai la chair de poule »

Sous un soleil de plomb, des personnes se sont rassemblées pour observer la scène, le sourire aux lèvres. «J’ai la chair de poule, je n’arrive pas à y croire », confie Charlotte, 45 ans, à L’Orient-Le Jour. À la vue des pans de mur qui tombent, Riad, la cinquantaine, ressent une réelle « extase ». Mais pour ce qui est des nouveaux députés issus des forces du changement, il reste prudent. « On nous a souvent fait des promesses dans le passé que personne n’a tenues. J’espère que cette fois, ils sauront s’unir pour le bien du pays », prévient-il. Hier matin, le chef du Parlement a ordonné « de lever et d’alléger les mesures prises préalablement autour du Parlement, avant la prochaine séance de l’Assemblée ».

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La présidence de Berry ne tiendrait plus qu’à un fil

Une décision intervenue peu après qu’un député issu des groupes de la contestation, Élias Jaradé, a appelé au « retrait » des murs de béton et autres barrières bloquant l’accès au siège de la Chambre. « Le Parlement est la maison du peuple. Aucun mur ne devrait se dresser entre les députés d’une nation et ses citoyens », a souligné M. Jaradé dans un tweet. Candidat issu de la contestation populaire, ce député a réalisé une percée inédite aux législatives face au tandem chiite Amal-Hezbollah dans la circonscription du Liban-Sud III. Au moins douze autres députés issus du mouvement de contestation ont été élus. Le mandat du Parlement sortant a pris fin le 21 mai courant. Les nouveaux locataires de la place de l’Étoile doivent désormais être invités par le doyen d’âge – M. Berry lui-même – à tenir une séance parlementaire dans un délai de 15 jours pour l’élection du président et des membres du bureau de la Chambre. Ce délai est toutefois incitatif et non contraignant.

Beyrouth pour tous

Commentant la décision prise par Nabih Berry, le ministre de l’Intérieur Bassam Maoulaoui s’est adressé aux Beyrouthins : « Vous avez répondu à l’appel et avez participé aux élections, il nous faut entendre vos voix. Beyrouth est la cité de la vie et de l’ouverture, elle appartient à tous et n’est pas fermée. Le centre de Beyrouth demeurera ouvert à tous les Libanais », a-t-il déclaré dans des propos rapportés par des sites locaux. « Ceux qui manifestaient sont maintenant à la Chambre, et ensemble nous construirons le Liban », a-t-il poursuivi. « Nous entendons les voix de tous, en tant qu’État, et nous appliquons ce qu’ils désirent », s’est-il encore félicité. Le nombre de murs de béton, barrières de fil barbelé et barrages bloquant l’accès à la place de l’Étoile a été multiplié dans la foulée du soulèvement populaire du 17 octobre, des manifestants ayant à de nombreuses reprises tenté d’y pénétrer par effraction. Le mur de parpaings de « la honte », tel qu’il avait été qualifié par les contestataires et activistes, avait été ironiquement répertorié comme site touristique sur Google Maps par des contestataires sous l’appellation de « Mur de Berri-lin ».

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Le moment est symbolique. Des voix s’élèvent, scandant « Thaoura! Thaoura ! ». Plusieurs années et une révolte populaire plus tard, les murs en béton érigés au niveau des accès menant au Parlement ont enfin été partiellement démantelés hier après-midi, à la suite d’une décision du président de la Chambre, Nabih Berry, d’alléger les mesures sécuritaires dans le...

commentaires (1)

Et ce n'est que Berry, à lui tout seul, qui avait confisqué la liberté de parole du peuple libanais ? Et, magnanime, il la lui redonne ! C'est gentil à lui…

TrucMuche

11 h 37, le 24 mai 2022

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Commentaires (1)

  • Et ce n'est que Berry, à lui tout seul, qui avait confisqué la liberté de parole du peuple libanais ? Et, magnanime, il la lui redonne ! C'est gentil à lui…

    TrucMuche

    11 h 37, le 24 mai 2022

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