Bientôt trois ans de crise au Liban et presque autant de temps que le ministère des Télécoms plaide pour une augmentation des tarifs du secteur. Balayée par la dépréciation de la monnaie nationale, qui s’échangeait hier autour de 32 000 livres pour un dollar sur le marché parallèle, la valeur des revenus des deux sociétés locales de téléphonie mobile, Alfa et Touch, et du gestionnaire des télécommunications fixes et de l’internet, Ogero, a considérablement diminué, entraînant des pertes considérables pour ces entreprises.
Toujours calculés sur la base de la parité officielle (1 515 livres pour un dollar en incluant la marge autorisée par la Banque du Liban), leurs tarifs n’ont en effet jamais été modifiés depuis les premiers signes d’implosion de l’économie libanaise et du système financier du pays en août 2019. Les gouvernements en place depuis – ceux de Saad Hariri et de Hassane Diab – ont en effet esquivé le sujet et il aura fallu attendre vendredi dernier, lors de la dernière réunion de celui de Nagib Mikati en tant qu’exécutif détenant les pleins pouvoirs, dans la foulée des législatives du 15 mai, pour passer à l’action. Le ministre des Télécoms, Johnny Corm, milite depuis sa prise de fonction en septembre 2021 pour cet ajustement, qui a aussi été au cœur de plusieurs journées de mobilisation de la part des employés du secteur. Contacté, celui-ci a indiqué à L’Orient-Le Jour que l’ensemble des tarifs pour les services de téléphonie et internet, fixe et mobile, seront tous connus et publiés « cette semaine » sur les sites des opérateurs concernés, en attendant que les fournisseurs d’accès mettent eux aussi à jour leurs fichiers. Une conférence de presse sera organisée en parallèle, sans qu’une date n’ait encore été fixée.
Moyenne pondérée
Le ministre a ajouté que le multiplicateur de 2,43 évoqué vendredi à l’issue de la réunion pour les tarifs de téléphonie et d’internet fixe, libellés en livres, est une « moyenne pondérée » qui ne reflète pas les différences de traitement entre les forfaits et les profils des usagers ciblés. Par exemple, il explique qu’un plan destiné à une société pour une consommation mensuelle de 40 Gigabits (Gb, unité de mesure de stockage) facturé à 165 000 livres par mois selon l’ancienne grille sera remplacé par un autre plan coûtant 700 000 livres par mois pour un plafond relevé à 80 Gb dans la nouvelle. La consommation est donc multipliée par deux et le prix par 4,24, à vitesse de connexion équivalente. Selon une version du décret des nouveaux tarifs que nous avons pu consulter et qui est datée d’avril, le tarif de 700 000 livres par mois correspond à une ligne internet dédiée (un service habituellement destiné aux entreprises) à très haut débit.
En revanche, un plan destiné aux particuliers proposant 40 Gb par mois à 52 000 livres aura un équivalent dans la nouvelle grille facturé à 60 000 livres, soit un montant multiplié par 1,15, pour une consommation là aussi doublée (80 Gb). Selon la même version du décret consulté, le tarif correspond exactement au plan décrit par le ministre, pour une vitesse de connexion plafonnée à 4 mégabits par seconde (Mbps). À noter que l’abonnement plafonné à 2 Mbps en illimité par DSL, qui figure dans la liste de prix d’Ogero, a disparu du nouveau décret.
S’agissant de la téléphonie et internet mobile, dont les tarifs sont généralement libellés en dollars mais exigibles en livres au taux officiel, le ministre a notamment confirmé l’existence des deux plans prépayés à prix réduits (hors TVA, 11 %) qui avaient été évoqués vendredi : un à 4,5 dollars par mois et un autre à 7 dollars. Toujours selon les informations relayées dans le sillage du Conseil des ministres de vendredi, les tarifs mobiles en livres vont être convertis au taux de la plateforme Sayrafa (24 300 livres pour un dollar hier), après avoir été divisés par trois. Une équation confirmée hier à L’Orient-Le Jour par le ministre. Signe que les Libanais surveillent ce dossier d’un œil fébrile, des points de vente appartenant aux opérateurs de téléphonie mobile Alfa et Touch dans le Akkar, une des régions les plus pauvres du pays, ont été assiégés par des usagers venus acheter des cartes de recharge prépayées, selon l’Agence nationale d’information (ANI, officielle). Le projet de budget pour 2022, qui est entre les mains des commissions parlementaires, prévoit un rappel de ces cartes en prévision des majorations de leurs prix à venir.
Ils ont la mémoire courte ces ministres et élus. Ont ils oublié que la révolution qui a vu le jour à cause de la hausse de tarification de quelques centimes sur what’s up alors que le dollars n’était qu’à 1500? Que feraient les libanais maintenant que ces malfrats essaient de le faire passer le tarif mensuel à 224.000 au lieu de 5100 vu le taux du dollar? Une question qui me taraude, avec quel argent les libanais sont se censés payer leur facture? Avec Leur travail payé au lance-pierre, leurs économies ou leur retraites tous avalés et placés par les voleurs sur leurs comptes personnels? Qu’attendent les libanais, tous les libanais les 4million et quelques, pour aller récupérer leur argent, leur dignité et leur honneur des mains de ces malotrus qui les prennent pour leurs vaches à lait et les traitent comme des esclaves bons à produire pour satisfaire leurs intérêts?
14 h 24, le 24 mai 2022