Le député Mohammad Raad, membre du Hezbollah, a déclaré dimanche que son parti "ne veut pas hâter les choses" quant à sa participation au futur gouvernement libanais, l'équipe actuelle étant désormais démissionnaire et chargée d'expédier les affaires courantes, après les élections législatives de dimanche dernier.
M. Raad, nouvellement réélu, a également défié le chef des Forces libanaises (FL), farouche opposant au Hezbollah, de pouvoir gouverner avec ses alliés, alors que les FL ont remporté le plus grand nombre de députés dans l'hémicycle, et que le camp politique du Hezbollah y a perdu sa majorité. Les mouvements de la contestation, généralement opposés aussi au Hezbollah, ont pour leur part enregistré une nette percée, raflant 13 sièges, un chiffre égal à celui du parti chiite.
"Nous ne voulons pas hâter les choses quant à la question de savoir si nous allons participer ou pas" au prochain gouvernement, a déclaré M. Raad lors d'un événement à Nabatiyé. "Nous sommes ouverts à la coopération positive avec tous ce qui convient aux intérêts du peuple et de notre pays", a-t-il poursuivi, ne donnant pas ainsi d'indication claire sur les alliés sur lesquels le Hezbollah compte s'appuyer.
"On va voir"
M. Raad a également adressé une critique à peine voilée à Samir Geagea, chef des FL, qui avait estimé dès la soirée électorale de dimanche dernier que "l'opinion publique chrétienne qui était restée dominée par le Hezbollah pendant 17 ans a changé de bord". Vendredi, le leader chrétien avait également affirmé, dans un entretien à l'AFP, que l'emprise du Hezbollah sur le Liban devait cesser.
"Malheureusement, certains Libanais que nous voulons pourtant comme partenaires dans ce pays ont proclamé qu'ils possédaient la majorité parlementaire au moment des élections", a dénoncé M. Raad en faisant allusion à M. Geagea, sur un ton toutefois plus modéré que lors de sa dernière prise de parole. "Nous restons une force parlementaire qui a son poids et qui peut être présente et agir pour protéger les intérêts de son peuple. Si vous possédez vraiment la majorité parlementaire, alors nous attendrons, sans nous hâter. Il s'agit d'une histoire de quelques jours. Nous verrons alors quelles sont vos priorités et comment vous allez utiliser cette majorité au pouvoir. C'est alors que nous agirons en fonction", a-t-il poursuivi, reconnaissant à demi-mot avoir perdu la majorité au Parlement. "On va voir comment vous vous comporterez au moment de former un gouvernement, de mener le pays et d'adopter des politiques", a-t-il lancé.
Au lendemain du scrutin, le député Raad avait tenu des propos virulents et mis en garde ses rivaux, les appelant à "ne pas attiser les flammes de la guerre civile". Mais lors de son dernier discours, vendredi, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a joué l'apaisement au niveau de la rhétorique, renvoyant toutefois le débat sur ses armes aux calendes grecques, alors que cette question est soulevée par de nombreux acteurs politiques, notamment les FL.
Même si le Hezbollah et ses alliés ont perdu leur majorité au sein du nouveau Parlement, le parti de Dieu et son allié chiite Amal ont raflé la totalité des 27 sièges réservés à leur communauté. Le prochain président du Parlement devrait donc être issu de l'un des deux partis, le poste étant réservé à la communauté chiite en vertu du Pacte national de 1943. Toutefois, le chef du Législatif actuel, Nabih Berry, qui dirige le mouvement Amal et qui est à son poste sans interruption depuis 1992, risque de voir son élection se compliquer, alors que de nombreux députés ont fait savoir qu'il ne voteront pas pour lui cette fois-ci. M. Raad n'a pas abordé cette question dans son discours.
commentaires (15)
Participe ou participe pas! en tout cas ils sont bon à rien le Hezb ou les autres!
Assouad Fady
20 h 04, le 23 mai 2022