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Économie - Développement durable

Sécurité alimentaire et commerce équitable font-ils bon ménage ?

Selon Fair Trade Lebanon, ce ne sont pas moins de 32 coopératives locales qui bénéficient des retombées économiques du commerce équitable.

Sécurité alimentaire et commerce équitable font-ils bon ménage ?

Des agriculteurs travaillant la terre dans un village de la Békaa. Photo João Sousa

À l’occasion de la « Quinzaine du commerce équitable », qui a lieu du 7 au 22 mai, et de la « Semaine libanaise » organisée par l’ambassade du Liban en France et le supermarché Carrefour à Auteuil (Paris) jusqu’à demain, l’ONG Fair Trade Lebanon tient un stand pour faire connaître ses produits commercialisés sous la marque « Terroirs du Liban ». Il s’agit d’abord de mettre en avant les produits libanais issus du commerce équitable, et ensuite d’aider les producteurs locaux à assurer leur sécurité alimentaire.

Ce dernier objectif est d’autant plus crucial aujourd’hui que le Liban doit composer avec les difficultés d’approvisionnement en blé en raison de la guerre en Ukraine et de l’envolée généralisée des prix des denrées alimentaires. Une situation qui devrait empirer avec la récente décision de l’Inde, 10e exportateur mondial en 2021 selon le site World’s Top Exports, d’arrêter d’exporter son blé. Le pays a en effet récemment été confronté à des températures extrêmement élevées qui ont dégradé les récoltes, ce qui a motivé la décision de New Delhi.

La contribution Fair Trade

Selon l’Organisation mondiale du commerce équitable (WFTO, pour World Fair Trade Organisation), « le commerce équitable est un partenariat commercial (…) dont l’objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial. Il contribue au développement durable en offrant de meilleures conditions commerciales et en garantissant les droits des producteurs et des travailleurs marginalisés ».

Au Liban, seule l’ONG Fair Trade Lebanon, lancée en 2006, prépare les producteurs pour obtenir le label international du commerce équitable. Celle-ci leur rachète ensuite dans certains cas jusqu’à 70 %, voire 90 % de leur marchandise qu’elle commercialise en leur garantissant une rémunération juste et libellée en devises, alors que le Liban sombre depuis plus de deux ans et demi dans une crise économique et financière et que la livre libanaise a perdu près de 95 % de sa valeur.

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Concrètement, l’ONG rachète en gros les produits concernés directement à la source qu’elle revend à 99 % à l’étranger, selon ses données les plus récentes, tout en les aidant dans le processus d’emballage et de marketing. Ce procédé évite aux producteurs de devoir passer par plusieurs intermédiaires pour écouler leurs stocks, et donc d’avoir à raboter leurs marges de profit. Au niveau du consommateur, le label « Fair Trade » lui garantit que les produits qu’il achète relèvent d’une pratique durable, équitable, transparente et respectueuse de l’environnement. Néanmoins, les prix de vente de ces produits sont généralement plus élevés que leurs équivalents, car outre la rémunération « juste », ceux-ci tiennent compte des frais de contrôle de la qualité et du processus de production.

« La contribution Fair Trade représente le prix que le consommateur est prêt à payer pour assurer la sécurité alimentaire du producteur », résume Philippe Adaimé, PDG de Fair Trade Lebanon. « Résultat, tous les acteurs y trouvent leur compte », poursuit-il. Le consommateur contribue en effet consciemment, en payant un peu plus cher, à faire perdurer un modèle qui assure à travers le partenaire commercial des revenus relativement stables aux producteurs sur plusieurs années. C’est ce même rôle que joue Fair Trade Lebanon auprès des agriculteurs libanais en leur permettant aussi de développer leurs produits grâce à des avances de paiement et des investissements d’infrastructures (irrigation, énergie renouvelable…).

En parallèle, la production qui n’est pas rachetée par Fair Trade Lebanon est destinée à être vendue par les agriculteurs eux-mêmes sur le marché local. Ceux-ci, ayant déjà sécurisé un revenu correct, seront alors enclins à vendre eux-mêmes le reste de leurs produits soit à l’étranger, soit au Liban en livres et avec des marges moins importantes. Résultat des comptes, le commerce équitable est, sur le papier du moins, à même d’assurer au niveau local la production et la vente de produits qui, en conditions normales et compte tenu des différents standards, soit auraient dû être commercialisés encore plus cher, soit n’auraient même pas été produits.

Satisfaction et reconnaissance

Toutefois, l’impact qu’aurait ce type de pratique à l’échelle nationale devrait, lui, être pris avec des pincettes, précise Antoine Hoyek, président du syndicat des agriculteurs. « Il ne faut pas se faire d’illusions. Cette pratique ne concerne que quelques petites entreprises et coopératives et n’est pas en mesure d’améliorer considérablement aujourd’hui la sécurité alimentaire au Liban » dans sa globalité.

Au Liban, selon Fair Trade Lebanon, ce sont 32 coopératives locales (sur plus de 1 200 en 2017, selon des chiffres de l’Organisation internationale du travail) qui bénéficient des retombées économiques de ce programme, impactant directement entre 1 200 et 1 500 personnes – dont près de 80 % de femmes – et jusqu’à 5 000 individus de manière indirecte.

Dans ce cadre, Georgette Saab, responsable de la coopérative de Qawzah (Liban-Sud) qui produit du thym, vendu majoritairement à l’étranger et qui fait partie du réseau Fair Trade Lebanon, souligne que « compte tenu du succès que connaît ce modèle dans notre village, chaque année nous recevons plusieurs demandes d’adhésion. Ainsi, cette année, ce sont trois femmes qui ont manifesté leur intérêt à rejoindre nos 18 membres ».

Au-delà des retombées économiques – majoritairement en devise – qui leur permettent de subvenir à leurs besoins sans devoir quitter leur village, Georgette Saab met en avant la satisfaction personnelle et la reconnaissance de leur travail que le commerce équitable apporte à sa coopérative. « Grâce à notre zaatar, nous faisons connaître Qawzah, ce petit village du sud du Liban, à l’étranger », se réjouit-elle.

En partenariat avec FAIR TRADE LEBANON


À l’occasion de la « Quinzaine du commerce équitable », qui a lieu du 7 au 22 mai, et de la « Semaine libanaise » organisée par l’ambassade du Liban en France et le supermarché Carrefour à Auteuil (Paris) jusqu’à demain, l’ONG Fair Trade Lebanon tient un stand pour faire connaître ses produits commercialisés sous la marque « Terroirs du Liban »....

commentaires (1)

IL EN SERAIT POSSIBLE QUAND ET SI LES PRODUCTEURS OU LEURS ASSOCIATIONS OFFRENT DIRECTEMENT LEURS PRODUITS AUX CONSOMATEURS DANS DES MARCHES POPULAIRES.

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 15, le 20 mai 2022

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Commentaires (1)

  • IL EN SERAIT POSSIBLE QUAND ET SI LES PRODUCTEURS OU LEURS ASSOCIATIONS OFFRENT DIRECTEMENT LEURS PRODUITS AUX CONSOMATEURS DANS DES MARCHES POPULAIRES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 15, le 20 mai 2022

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