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Économie - Sécurité alimentaire

Que signifie le prêt de la BM au Liban pour son approvisionnement en blé ?

La suppression ou non du mécanisme de subvention pour l’importation de blé au Liban, mis en place par la Banque centrale depuis le début de la crise, demeure sans réponse.

Que signifie le prêt de la BM au Liban pour son approvisionnement en blé ?

Un champ de blé en Ukraine. Photo Anatolii Stepanov/AFP

Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février dernier et le conflit guerrier subséquent qui semble se prolonger, le Liban s’inquiète des conséquences sur l’approvisionnement alimentaire du pays, ces deux nations belligérantes étant de longue date ses principaux fournisseurs de blé.

Ces récents problèmes de la chaîne d’approvisionnement mondiale sont donc venus s’ajouter à ceux déjà existants dans un Liban frappé par une crise économique et financière depuis plus de deux ans et demi.

Le 6 mai, le conseil d’administration de la Banque mondiale (BM) a approuvé un prêt d’urgence de 150 millions de dollars en faveur du Liban pour sa sécurité alimentaire. Ce prêt, annoncé la semaine dernière par les responsables, a été approuvé jeudi dernier par le Conseil des ministres mais ne sera effectif qu’après l’approbation du nouveau Parlement, issu des élections législatives de ce dimanche écoulé.

Contacté par L’Orient Today, un porte-parole de la BM a expliqué que le prêt avait été accordé pour « financer les importations immédiates de blé afin d’éviter une rupture de l’approvisionnement à court terme et contribuer à garantir un prix du pain abordable pour les ménages pauvres et vulnérables, y compris les populations déplacées et les réfugiés au Liban ».

Le point sur les conditions de ce prêt et le plan qui en découle.

Quel est le contenu du plan ?

Publiée le 15 avril, une étude sur l’impact environnemental et social préparée par la BM explique que ce plan sera mis en œuvre par le ministère de l’Économie et du Commerce et consistera à verser directement 147,5 millions de dollars aux fournisseurs de blé au Liban « par le biais d’achats effectués par les moulins du secteur privé selon les arrangements existants ».

Le document précise que la BM ne s’impliquera pas dans la mouture ou la distribution, et que son intervention se limitera à assurer l’arrivée du blé dans les ports de Beyrouth et de Tripoli (Liban-Nord). L’accord avec le gouvernement stipule toutefois que le blé sera livré à des boulangeries situées dans des zones à fort taux de pauvreté et de réfugiés, où la livraison et la distribution seront surveillées par des volontaires de la Croix-Rouge.

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La Banque mondiale a aussi noté dans son évaluation préalable à l’approbation de ce plan que, lors d’une session de consultation, « les propriétaires de moulins ont indiqué qu’ils se félicitaient du soutien de la BM mais ont en même temps fait part de leurs inquiétudes quant à la contrebande potentielle de blé, et la suppression du mécanisme de subvention ».

Quid des subventions ?

La question de la suppression des subventions et son lien avec le plan de la BM restent toutefois flous. En effet, outre les 147,5 millions de dollars destinés à financer les achats de blé, l’accord comprend aussi une composante intitulée « Gestion de projet et renforcement des capacités » de 2,5 millions de dollars, comprenant « des services de conseil et une assistance technique qui renforceront la fonction de surveillance du ministère de l’Économie, ainsi que sa capacité à gérer la transition progressive du système actuel des subventions sur le blé vers un système davantage axé sur le marché ».

Interrogé sur cette « transition progressive », un porte-parole du ministère de l’Économie a déclaré qu’« il n’y a pas de décision de supprimer les subventions » et a catégoriquement démenti que le gouvernement ait demandé à la Banque mondiale de l’aider à planifier ce genre d’initiative.

En revanche, un porte-parole de la l’institution internationale a, lui, déclaré que cette idée ne venait pas de la BM. « Les politiques concernant les subventions ou toute autre intervention dans le secteur du blé et du pain sont décidées par le gouvernement libanais », a-t-il déclaré. « La Banque mondiale n’a pas demandé au gouvernement de supprimer les subventions existantes dans le secteur alimentaire », ajoutant qu’elle « fournit seulement un soutien analytique et technique au gouvernement libanais pour atteindre les objectifs de sa politique de sécurité alimentaire ».

Dans le cadre du régime actuel, les minoteries locales achètent du blé, principalement en provenance de la région de la mer Noire, et l’acheminent au Liban pour le moudre en farine, qu’elles livrent ensuite aux boulangeries. Depuis le début de la crise, ces importateurs reçoivent une subvention sous la forme d’un accès aux dollars à des taux préférentiels de la part de la Banque du Liban, qui rembourse leurs dépenses d’importations en devises.

Ces derniers mois cependant, les livraisons de farine aux boulangeries ont été temporairement interrompues en raison des retards de remboursement de la BDL, ce qui a provoqué une certaine panique chez les consommateurs.

Ahmad Hoteit, porte-parole des importateurs de blé, a ainsi déclaré à L’Orient Today que le processus de mise en œuvre des achats et des livraisons de blé n’a pas encore été établi et que des réunions pour en discuter auront lieu cette semaine. « Ce qui est certain, c’est que les moulins auront un rôle dans cette mise en œuvre » , dit-il.

Interrogé sur l’avenir de ce mécanisme de subventions après la fin du plan de la Banque mondiale, le syndicaliste a répondu qu’une suppression serait « possible » mais qu’il est encore « trop tôt » pour l’affirmer.


Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février dernier et le conflit guerrier subséquent qui semble se prolonger, le Liban s’inquiète des conséquences sur l’approvisionnement alimentaire du pays, ces deux nations belligérantes étant de longue date ses principaux fournisseurs de blé. Ces récents problèmes de la chaîne d’approvisionnement mondiale sont donc venus...

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