Le chef des Marada Sleiman Frangié a estimé mercredi qu'il "n'y a aucun lien entre les résultats des élections législatives et la présidentielle", trois jours après le scrutin législatif de dimanche à l'issue duquel son parti a perdu un siège par rapport à 2018, passant de trois à deux députés. Michel Doueihy, membre d'une liste issue des groupements de la contestation, a décroché un siège à Zghorta, fief des Marada, dans une percée historique.
Le scrutin législatif s'est déroulé alors que le pays est englué dans une grave crise économique depuis 2019, qui a poussé 80% de la population dans la pauvreté. Les élections consacrent deux grands vainqueurs : les Forces libanaises, qui deviennent le premier parti chrétien au sein de l’Assemblée (19 sièges), mais aussi les mouvements de la contestation qui obtiennent 13 sièges. Ces deux évolutions ont pour principal effet de faire perdre au Hezbollah et à ses alliés leur majorité au Parlement.
"Il n'y a aucun lien entre les résultats des élections législatives et la présidentielle. Ce sont les circonstances qui décideront de qui accèdera à la présidence de la République", a lancé Sleiman Frangié, lors d'une conférence de presse. "Chaque présidentielle a ses propres caractéristiques, mais nous avons toujours dit que le président doit avoir une assise" populaire, a rappelé le chef des Marada.
Sleiman Frangié, ex-ministre et ancien député pro-régime syrien et proche du Hezbollah, est l'un des candidats officieux à la présidence de la République, qui doit se tenir en octobre afin d'élire un successeur à Michel Aoun, fondateur du Courant patriotique libre dirigé par Gebran Bassil, rival de M. Frangié.
"Je ne suis l'outil de personne"
La question d’une candidature de M. Bassil à la présidence revient régulièrement sur le devant de la scène. Cela a notamment été le cas début avril après un iftar qui avait réuni autour du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, les leaders du CPL et des Marada. Les chances de ces deux alliés du Hezbollah d’accéder à Baabda semblent toutefois limitées pour différentes raisons : Gebran Bassil ne peut en effet compter sur aucun allié à part le parti chiite sur la scène locale, tout en étant sanctionné par les États-Unis depuis novembre 2020. En ce qui concerne Sleiman Frangié, sa candidature semble fragilisée par son faible poids politique et sa proximité avec Damas.
Quelques jours avant les élections de dimanche, le chef des Marada avait indiqué qu'il serait ouvert à un dialogue avec le CPL après les législatives. "Je ne fermerai jamais la porte au dialogue, mais je ne suis l'outil de personne", a indiqué Sleiman Frangié mercredi. "Nous ne ferons pas de concession aux dépens de notre dignité", a-t-il poursuivi.
La loi électorale critiquée
Revenant sur les résultats des législatives, et estimant que sa formation a finalement limité les dégâts à l'issue des législatives avec la perte d'un siège, le chef des Marada a questionné la loi électorale en vigueur. "Nous avons accepté la loi électorale, mais il faut revoir ce texte", a déclaré Sleiman Frangié, estimant que le moment est "à l'entente et au dialogue" pour élire un président du Parlement et constituer un gouvernement.
La priorité selon lui : régler les questions économiques. "Il faut s'occuper de la situation économique des gens", a déclaré celui qui fait partie des personnalités politiques souvent pointées du doigt par les mouvements de contestation comme étant l'une des figures du féodalisme politique à la libanaise.
commentaires (11)
Tant que nous n'avons pas un président pro axe de la lose (ce qui a été le cas depuis 1988 à part Suleiman qui était neutre) ça me va. Les souverainistes et les indépendants ne répéteront pas la même erreur que Hariri le mou en 2016. Il faut d’ailleurs commencer à éjecter Berri et élire un chef du parlement moderne et ouvert
Liban Libre
22 h 45, le 18 mai 2022