
Des partisans du Hezbollah lors d’un rassemblement du parti, dans la Békaa, le 13 mai 2022, avant les prochaines élections du 15 mai. Photo AFP
Troisième discours en une semaine. A moins de 48h des élections législatives sur le territoire libanais, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, s'est adressé vendredi à sa base partisane, dans un discours en direct retransmis peu après 17h sur écran, devant des foules rassemblées à Baalbeck, Rayak et Machghara, dans la Békaa. Lors de cette prise de parole, devant des milliers de partisans en liesse, le leader chiite a appelé ses supporters à se rendre en masse aux urnes, le dimanche 15 mai à travers tout le territoire, pour voter en faveur du Hezbollah et de ses alliés. Un appel qui intervient alors que la grogne contre le parti chiite et ses armes se fait de plus en plus ressentir au sein d'une population éprouvée par trois ans de crises économique, financière et politique grave.
"Soyez généreux"
"Vous devez tous aller aux urnes, pour voter, protéger ces armes, et envoyer un message à tous ceux qui complotent contre vous. Le 15 mai, c’est de vos voix que nous avons besoin. Le sang, laissez-le pour la protection de nos frontières. Nous avons de grands espoirs dans toutes les circonscriptions électorales. Soyez généreux avec vos voix envers la Résistance et ses alliés. Nos alliés sont nos frères. Le 15 mai, nous attendons votre présence en masse. Ce sera l’occasion de renouveler votre fidélité", a martelé Hassan Nasrallah.
Les législatives du 15 mai interviennent alors que le Liban traverse depuis 2019 la pire crise financière et socio-économique de son histoire moderne, qui a fait basculer plus des trois-quarts de la population dans la pauvreté. Cet effondrement est marqué par la chute du taux de change de la livre, des pénuries de produits de première nécessité comme certains médicaments, un rationnement sévère de l'électricité et une importante émigration.
Dans ce contexte, certains partis politiques traditionnels, tel que le Courant patriotique libre (CPL) de Gebran Bassil, allié chrétien du Hezbollah, sont en perte de popularité. Selon des observateurs, le CPL risque de perdre plusieurs sièges, ce qui inquiéterait le Hezbollah. Ce dernier a fait savoir qu'il comptait soutenir ses alliés afin qu'ils remportent un maximum de sièges dans le prochain Parlement qui risque de voir une multitude de minorités et pas de majorité claire. Les groupes de l'opposition, notamment ceux qui se revendiquent de la révolte populaire du 17 octobre 2019, pourraient obtenir une dizaine de sièges sur les 128, selon certains pronostics.
"Ceux qui vous affament sont les Américains"
Dans son discours, Hassan Nasrallah, chef du seul parti ayant conservé ses armes depuis l'accord de Taëf en 1989 qui a mis fin à la guerre civile, a une nouvelle fois défendu l'arsenal de sa formation.
"Certains mènent la bataille contre les armes du Hezbollah. Est-ce ces armes qui ont empêché d’appliquer le plan pour l’électricité ou de faire fonctionner les barrages d’eau ? Est-ce les armes du Hezbollah qui ont permis le transfert de l’argent des déposants vers l’étranger ?", a demandé le chef du Hezbollah, avant de répondre, en s'adressant aux Libanais : "Ce sont les Américains et leurs alliés au Liban qui peuvent rapatrier tous ces dollars volés et les restituer aux banques et aux Libanais. Ce sont les Etats-Unis qui empêchent les investisseurs de venir au Liban. Ceux qui vous affament et qui vous font subir un blocus sont les Américains. Où est l’occupation iranienne ? Il n’y a pas de troupes iraniennes au Liban".
"Ce doigt levé"
Dans ce contexte, Hassan Nasrallah a une nouvelle fois mené la charge contre les Forces libanaises (FL) de Samir Geagea, parti chrétien qui fait de l'opposition aux armes du Hezbollah son cheval de bataille. "Certains disent qu’ils veulent briser cet index lors du 15 mai", a lancé le leader chiite, en évoquant son doigt qu'il a l'habitude de lever lors de ses discours incendiaires. "Ce doigt levé afflige l’ennemi. Ce doigt symbolise les vôtres qui appuient sur la gâchette. Il symbolise votre refus de l’oppression et de l’injustice. Mais je sais qu’ils ne peuvent pas briser ce doigt, et que tout cela n’est que des gesticulations (de Geagea)", a affirmé Nasrallah, en faisant un jeu de mots en arabe en utilisant le nom du chef des FL.
"Mon nom figure sur les listes électorales, mais je ne peux pas sortir pour aller voter. Mais vos doigts, le 15 mai, sont ceux qui nous protègent", a affirmé celui qui vit depuis 2006 dans un lieu sécurisé gardé secret et qui ne sort plus en public après la dernière guerre contre Israël.
Abordant, en outre, la crise financière et les dépôts en banque auxquels les Libanais n'ont plus accès depuis le début de la crise, Hassan Nasrallah a affirmé que la solution doit venir "de l'Etat", plaidant pour une participation de son parti au pouvoir pour régler cette situation. Il a enfin promis aux habitants de la Békaa d’œuvrer en faveur d'un projet de tunnel qui relierait la capitale Beyrouth à cette région, un projet resté lettre morte depuis les années 1950. Le chef du Hezbollah a également appelé à une normalisation des relations avec son allié, le régime syrien de Bachar el-Assad, affirmant que cela profiterait à la Békaa.
Lors de son discours lundi, Hassan Nasrallah s'était montré virulent. Il avait dénoncé une nouvelle guerre de juillet politique (en référence à celle contre Israël en 2006), martelé que le Liban serait incapable de se défendre sans la "Résistance", et accusé ses adversaires de vouloir prendre au Hezbollah son bien le plus précieux : ses armes. Mais mardi, dans un discours retransmis cette fois-ci à Hadath et destiné en partie au public chrétien, il s'était montré plus calme et moins menaçant. Il avait insisté sur le concept de partenariat dans un pays multiconfessionnel, refusant de parler de "majorité et de minorité" parlementaire.
Ce sont les américains et non les armes de ce parti vendu qui ont empêché les investisseurs de revenir au Liban. Ce sont les américains et non les armes de HB qui ont saccagé les institutions pour placer leurs pions et disposer de toutes les ressources de notre pays au profit de son allié Assad sous les yeux des libanais qui manquaient de tout et ce sont encore les américains qui ont vidé les caisses de l’état à coup de milliards et empêché tout projet de reconstruction après sa guerre de 2006 dont le rétablissement de l’électricité qui a coûté des milliards sans que les libanais puissent bénéficier de plus de quelques heures d’éclairage. Ce sont les américains qui assassinent tous les libanais qui ne sont pas d’accord avec sa politique d’anéantissement du pays au profit des pays étrangers tel que l’Iran et la Syrie. Mais oui. Il a bien fait d’énumérer les causes de la destruction de notre pays pour éclairer tous ceux qui hésitent encore puisque tous les libanais sensés savent qui a permis que tout cela arrive en un temps record. Quand aux index sur la gâchette de ses voyous, on les brisera ainsi que le sien. Il y a des façons pour gagner une guerre sans effusion de sang, le vote. Allez tous voter et votez pour la sauvegarde de votre pays de ces voyous lâches qui n’ont d’argument que leurs armes dirigées vers vos têtes qu’ils n’hésiteront pas à utiliser le moment venu.
11 h 19, le 14 mai 2022