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Nos Lecteurs ont la Parole

La décentralisation est l’opium des électeurs

En ces temps bénis d’élections parlementaires, de discours mémorables, aux élans foudroyants de grandiose patriotisme couplé à une expertise administrative et socio-politico-économique qui rendrait un Adam Smith, Karl Marx ou John Maynard Keynes envieux, nos oreilles sont bombardées à longueur de journée par le terme décentralisation. Thème électoral paradoxalement « central » aux programmes des différents candidats de 7 à 77 ans à travers tout le pays.

Bien sûr, la décentralisation a des bienfaits évidents et tangibles sur tous les pays où elle est appliquée : les États-Unis, l’Inde, la Russie...

Mais les déboires du système actuel centralisé de l’administration au Liban ne sont pas dus à son inadaptabilité à ses dimensions géographiques et démographiques très modestes.

Avec une population ne dépassant guère celle d’un département ou d’une région en France, comme la Provence-Alpes-Côte d’Azur et dont la superficie fait déjà trois fois celle de notre pays, l’obligation de nous décentraliser ressemblerait plutôt à celle des programmes scolaires spéciaux destinés aux élèves désespérément fainéants ou sous-doués.

De plus, de nos jours, les eGov ont rendu le débat sur la décentralisation, dans son volet de services rendus au public, presque désuet.

Quant à sa dimension relative au développement régional et à la redistribution « décentralisée » des ressources et richesses, je ne sais pas pourquoi j’ai comme un sentiment que des candidats hautement « décentralistes », aujourd’hui, ne le seraient peut-être plus demain quand le gaz et le pétrole de nos régions sud jailliront de sous les eaux. Et vice versa.

La fuite aveugle vers un « eldorado » supposé de la décentralisation ne serait en fait qu’un simple aveu public de notre fiasco, à partir de 1975, dans la gestion des affaires d’un pays plus petit qu’une région de France. La vraie complication réside en nous-mêmes : mélanger la même population à ses mêmes représentants mènera aux mêmes échecs ; quel que soit le système, centralisé, décentralisé, dégroupé, découpé ou décortiqué...

Le rabâchage du terme « décentralisation », souvent sans en avoir assimilé la compréhension, diminuera surtout notre sentiment de culpabilité et, à l’instar de l’effet de l’opium, nous permettra de passer des jours et des nuits avec moins de remords ou de cauchemars. Chaque matin nous renaissons de nouveau, comme les moines bouddhistes, avec une nouvelle dose quotidienne et inévitable qui nous attend.

Ainsi va la vie…


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En ces temps bénis d’élections parlementaires, de discours mémorables, aux élans foudroyants de grandiose patriotisme couplé à une expertise administrative et socio-politico-économique qui rendrait un Adam Smith, Karl Marx ou John Maynard Keynes envieux, nos oreilles sont bombardées à longueur de journée par le terme décentralisation. Thème électoral paradoxalement...

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