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Dernières Infos - Législatives 2022 au Liban

Les élections ne mèneront qu'à des changements politiques "mineurs", prédit Aoun

En réponse indirecte à Nagib Mikati, le président affirme qu'il quittera Baabda le 31 octobre, même si aucun successeur n'a été élu et que le nouveau gouvernement n'est pas formé.

Les élections ne mèneront qu'à des changements politiques

Le président libanais, Michel Aoun, lors d'une conférence de presse à Baabda, le 14 octobre 2021. Photo Dalati et Nohra

Le président libanais, Michel Aoun, a estimé que les élections législatives du 15 mai ne mèneront qu'à des "changements mineurs" sur la scène politique locale et que les voix des électeurs émigrés, qui ont voté vendredi et dimanche derniers, n'impacteront pas fortement les résultats généraux du scrutin. Dans un entretien au quotidien al-Joumhouriya publié mardi matin, le chef de l'Etat a en outre affirmé qu'il quitterait le palais de Baabda à la fin de son mandat le 31 octobre, même en l'absence d'un successeur ou d'un nouveau gouvernement effectif. Ces propos du président peuvent être perçus comme une réponse au Premier ministre Nagib Mikati qui avait déclaré mercredi dernier que "l’élection d’un nouveau président de la République ne sera pas chose facile", une position qui rejoint l'opinion de plusieurs analystes et observateurs qui estiment que le futur chef de l’État ne sera pas élu au 31 octobre, malgré les assurances de Michel Aoun, accusé par ses détracteurs d’œuvrer pour une prorogation de son mandat.

Dans l'interview, le président s'est dit satisfait du déroulement du vote de la diaspora. "On m'a constamment demandé si les élections auront bien lieu et j'entendais dire qu'elles ne se tiendraient pas à la date prévue, mais je répondais toujours qu'elles seraient organisées en temps et en heure, conformément aux échéances constitutionnelles", a-t-il affirmé. Ces derniers mois, de nombreux observateurs avaient évoqué la possibilité d'un report des législatives, dans un pays en grave crise économique, et alors que la date du scrutin a fait l'objet de tiraillements politiques. La situation sécuritaire dans le pays laissait également craindre un impact sur le bon déroulement des élections.  M. Aoun a toutefois estimé que, "si certains jeunes s'enthousiasment et veulent un vote punitif" des partis traditionnels, "les votes des émigrés ne provoqueront pas de grands changements dans les résultats". Lors du scrutin organisé vendredi et dimanche derniers pour les électeurs de la diaspora dans 58 pays, de nombreux Libanais ont exprimé l'espoir d'un changement de la classe politique dans le pays.

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"Les élections ne permettront d'obtenir que des changements mineurs" dans la répartition des sièges, a-t-il prédit, arguant notamment du fait que la loi électorale actuelle, adoptée en 2016 et qui se base sur un mode de scrutin proportionnel, avec une division du pays en quinze circonscriptions, "garantit la représentation de la majorité et de la minorité avec leur poids réel". Cette loi, qui a permis de remplacer un mode de scrutin majoritaire, "est l'une des réalisations du mandat actuel", s'est-il félicité, avant de rappeler qu'il avait milité pour son adoption "même si elle n'est pas dans l'intérêt du Courant patriotique libre", le parti qu'il a fondé. 

La présidentielle
Réagissant par ailleurs dans l'interview à un rapport des forces de sécurité concernant le versement, par certains candidats, de pots-de-vin aux électeurs, le président a dénoncé "des actions immorales", soulignant toutefois que "si certains électeurs acceptent" de tels paiements pour les aider à faire face à la crise, "ils ont le droit de recevoir cet argent et puis de voter en fonction de leurs convictions". Il a en outre démenti toute implication dans la campagne électorale du CPL, indiquant être "uniquement intervenu pour éviter un problème à Jezzine" où une rivalité oppose les deux candidats aounistes maronites Ziad Assouad et Amal Abou Zeid. Il a également déploré que "des personnalités qui ont pu accéder grâce au CPL à des postes de députés ou ministériels se retournent contre le parti juste parce qu'ils n'ont pas pu être candidats aux élections" sur les listes du parti.

Le président Aoun a également évoqué la question des législatives lors d'une réunion avec une délégation de l'Organisation internationale de la francophonie, dont des délégués seront chargés de surveiller le bon déroulement dimanche prochain. M. Aoun a appelé la justice et la commission de supervision des élections à intervenir suite aux informations faisant état du versement de pots-de-vin aux électeurs par certains candidats. "Toutes les dispositions ont été prises pour permettre que les législatives aient lieu dans une atmosphère de transparence et de liberté", a-t-il ajouté, saluant "l'augmentation du nombre de femmes candidates".

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Dans l'interview, le chef de l'Etat a encore affirmé qu'il quitterait le palais de Baabda le 31 octobre, même si la présidentielle ne mène pas, "pour quelle que raison que ce soit", à l'élection d'un nouveau président. "Le cas échéant, le gouvernement sera chargé de diriger le pays pendant la phase de transition". Et si, d'ici là, un nouveau cabinet n'a pas pu être formé après les législatives, "le gouvernement actuel, qui sera chargé de la gestion des affaires courantes, gèrera les choses, même si ses prérogatives sont limitées", a-t-il souligné. 

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Répondant à une question sur un soutien à une éventuelle candidature de Gebran Bassil, son gendre et le chef actuel du CPL, à la magistrature suprême, M. Aoun a affirmé "ne pas avoir de candidat à la présidence". "Gebran Bassil est une personne avec un fort sentiment national, qui a fait l'objet d'une tentative d'assassinat politique, mais qui s'en est sorti grâce à sa force et sa stabilité", a-t-il ajouté. Et d'estimer que "sa succession à la présidence dans ces conditions" serait "une mission difficile et délicate", en raison de la crise actuelle et de la limitation des prérogatives du chef de l'Etat. 

La question d'une candidature de Gebran Bassil à la présidence revient régulièrement sur le devant de la scène. Cela a notamment été le cas début avril après un iftar qui a réuni autour du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, le chef du CPL et celui des Marada, Sleiman Frangié. Les chances de ces deux alliés du Hezbollah d’accéder à Baabda semblent toutefois limitées pour différentes raisons : Gebran Bassil ne peut en effet compter sur aucun allié, à part le parti chiite, sur la scène interne, tout en étant sanctionné par les États-Unis depuis novembre 2020. En ce qui concerne M. Frangié, sa candidature semble fragilisée par son faible poids politique et sa proximité avec Damas. Il semblerait en outre que les Occidentaux et les pays arabes semblent favoriser la candidature de "personnalités compétentes, n’ayant pas de passif au pouvoir et pouvant bénéficier du soutien de la communauté internationale", selon un diplomate cité récemment par notre chroniqueur politique Mounir Rabih.

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commentaires (18)

le president fort papa de tous dit vrai. il ne ment jamais. il n'en a pas besoin. il sait jouer sur les mots que ne croient plus que ses pauvres suiveurs.

Gaby SIOUFI

11 h 17, le 11 mai 2022

Tous les commentaires

Commentaires (18)

  • le president fort papa de tous dit vrai. il ne ment jamais. il n'en a pas besoin. il sait jouer sur les mots que ne croient plus que ses pauvres suiveurs.

    Gaby SIOUFI

    11 h 17, le 11 mai 2022

  • C’est drôle, il a oublié de defendre le hezbollah cette fois-ci. Il se fait vieux semble-t-il. Vivement qu’il parte, oiseau de mauvais augure.

    Goraieb Nada

    07 h 12, le 11 mai 2022

  • Effectivement si Bassil n’est pas élu à Batroun c est mineur n’est-ce pas? Dieu vous entende Mr le président et fasse que ce point mineur se realise pour enfin mettre le pays sur des rails solides

    LA VERITE

    06 h 46, le 11 mai 2022

  • Iza badkon yeneh e7keh, sketou! Voilà, tout est dit sur ce que pensent les libanais de ses chevrotements.

    Christine KHALIL

    21 h 32, le 10 mai 2022

  • Si le Président fait cette déclaration , c'est qu'il jette le tablier et qu'il accepte sa pauvre et mauvaise gestion du pays durant son mandat.

    DRAGHI Umberto

    19 h 51, le 10 mai 2022

  • Pas surprenant que Aoun dise cela. Nous n'avons subi que des catastrophes chaque fois qu'il est au pouvoir. Parcourez son histoire depuis 1988, et fort intelligent celui qui peut nommer une seule réalisation accomplie... une seule, pas plus...

    Gilbert A.

    19 h 39, le 10 mai 2022

  • La déclaration du Chef de l'Etat a couvert tous les sujets sauf celui de la tragédie du port de Beyrouth qu'il a délibérément passé sous silence, alors que le port se trouve à un jet de pierres de Baabda. Cette omission jette le trouble sur toute la période de son mandat. Les Libanais auront-ils le droit un jour de savoir qui a détruit le tiers de la capitale, et a provoqué tant de morts et de blessés ?

    Un Libanais

    19 h 21, le 10 mai 2022

  • Ce corbeau qui ne sort que pour annoncer des catastrophes aux libanais peut s’abstenir de dire des conneries et ainsi humilier sa fonction. Un président n’est pas censé faire des pronostiques désastreux en promettant l’enfer par ex. Mais œuvrer pour que rien de désastreux n’arrive à son pays ni aux citoyens, en veillant sur leur sécurité et leur avenir, chose que ce pantin n’a pas su faire et se gargarise de phrases apprises pour achever le libanais, puis qu’apparemment ils bougent encore.

    Sissi zayyat

    18 h 01, le 10 mai 2022

  • Pourquoi vous utilisez le conditionnel du verbe quitter. Soit il quittera le palais de Baabda soit il quittera peut être mais écrire quitterait ne veut rien dire

    Lecteur excédé par la censure

    17 h 33, le 10 mai 2022

  • Eh khallass ba3aa...

    Aboumatta

    17 h 18, le 10 mai 2022

  • De toute façon Aoun n’a jamais rien compris à rien. Son analyse ne vaut pas une queue de cerise. C’est d’ailleurs sous son mandat et de sa faute que Hezbollah a pris les commandes pour le malheur des vrais patriotes Libanais de toutes confessions. Qu’il s’en aille et le Liban ira très très bien et surtout qu’il prenne avec lui son Bof-Fils.

    Le Point du Jour.

    16 h 20, le 10 mai 2022

  • "… Les élections ne mèneront qu'à des changements politiques "mineurs" …" - Il ne faut pas sous-estimer l’impact des élections. En 2005 par exemple elles ont pu élire un certain parti qui a su pendant ses 17 ans détruire le pays bien plus que les 17 ans de la guerre civile…

    Gros Gnon

    15 h 48, le 10 mai 2022

  • Très logique , avec la proportionnelle, les forces du changement n'auront raiment pas de place au soleil .

    Chucri Abboud

    14 h 52, le 10 mai 2022

  • Depuis le temps que dure ce barbarisme au Liban, doit-on parler d'élections présidentielles ou plutôt de nominations présidentielles ... ?

    Remy Martin

    14 h 26, le 10 mai 2022

  • JE NE COMMENTE PLUS QUE TRES RAREMENT. MES COMMENTAIRES MEME LES PLUS BENINS SANS CRITIQUE ET JAMAIS D,INSULTE SONT PRESQUE TOUJOURS CENSURES. A QUOI BON PERDRE MON TEMPS. C,EST LA DEMOCRATIE ET LA LIBRE EXPRESSION COMME VUES ET COMPRISES PAR L,OLJ.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 25, le 10 mai 2022

  • "Les urnes sont pleines avant les élections?" "Oui, mais on les jette à la mer sans les ouvrir, et après, c'est le plus fort qui gagne. Une coutume de chez nous." (Astérix en Corse)

    Emmanuel Durand

    14 h 22, le 10 mai 2022

  • Michel Aoun avait promis les résultats de l’enquête sur l’explosion du port en 5 jours .

    hawath nathalie

    13 h 02, le 10 mai 2022

  • Promis ?

    Esber

    12 h 18, le 10 mai 2022

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