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Moyen-Orient - Reportage

Des alarmes lumineuses dans les écoles à Idleb pour sauver des vies

Alors que les forces du régime bombardent régulièrement les infrastructures civiles de la région, un système d’alerte a été installé dans plusieurs établissements.

Des alarmes lumineuses dans les écoles à Idleb pour sauver des vies

Accroupi sous son pupitre, les mains sur la tête, un écolier s’entraîne lors d’un exercice d’alerte, dans une salle de classe, à Idleb. Photo Abdel Majid EL-KARH

Dans l’un des longs couloirs violet et vert pistache de l’école primaire Khaled Chaar à Idleb, une lumière rouge s’allume. Aussitôt, une vingtaine d’enfants se rangent le long des murs. Ils savent ce que cette couleur signifie : le risque de bombardement de leur région est immédiat. Accroupis, mains sur la tête, les écoliers patientent calmement, blottis les uns contre les autres. Leurs enseignants doivent alors leur donner les instructions à suivre pour procéder à l’évacuation de la zone et les amener en lieu sûr, dans l’abri de l’école. Ce jour-là, il ne s’agit que d’un exercice. Pourtant, la menace d’une attaque menée par les forces du régime de Bachar el-Assad et de son allié russe sur cet établissement est quotidienne. « En 2018, il y a eu une frappe aérienne sur l’école », rapporte pour sa part Chérine Cheikh Ibrahim, enseignante au sein de l’établissement Khaled Chaar. « Heureusement, il n’y a eu aucun dommage : le missile n’a pas explosé », soupire-t-elle.

En ligne de mire de Damas, le gouvernorat d’Idleb constitue le dernier grand bastion rebelle dans le nord-ouest du pays. Si plusieurs trêves ont été négociées dans cette zone dite de « désescalade » au cours de ces dernières années, elles n’ont cessé d’être violées par Damas et Moscou tandis que les infrastructures civiles font régulièrement l’objet de raids aériens. Le 4 avril dernier, quatre enfants sont décédés sur le chemin de l’école, à Maarat al-Naassane, suite à des frappes de l’armée régulière. « Les écoles sont des cibles permanentes », explique Mohammad Diab, coordinateur du projet d’alerte précoce. « Plus de 135 attaques ont été lancées par les forces du régime et leur allié russe au cours des trois dernières années sur des écoles et des établissements d’enseignement dans le nord-ouest de la Syrie », poursuit-il, précisant que ces chiffres n’incluent que les attaques auxquelles les secouristes ont pu répondre.

Face au danger, les Casques blancs ont travaillé en partenariat avec la direction de l’éducation à Idleb et le Réseau des gardiens de l’enfance pour installer un système d’alerte pour les écoles de la région, afin de préserver la sécurité du plus grand nombre d’élèves et du personnel éducatif. Avec un seul objectif : prévenir en temps opportun les personnes se trouvant dans les établissements médicaux et éducatifs de l’imminence de raids avant qu’ils ne se produisent, en envoyant des avertissements liés au mouvement des avions de combat. « Nous avons lancé un projet pilote au sein de 14 écoles, avant de l’élargir une fois que son efficacité a été prouvée », explique Hamad Aflouk, coordinateur de la sécurité et de la sûreté du Réseau des gardiens de l’enfance.

Dans le chaos

Le système de surveillance, ou « monitor », diffuse ses alertes par plusieurs moyens, à commencer par les sirènes à portée géographique limitée et les réseaux sociaux qui peuvent avoir un impact limité du fait de la préoccupation des personnels médicaux et éducatifs lors de leur travail, ce qui les empêche de prêter attention aux alertes à travers les messages envoyés sur leurs téléphones portables. « Le service a été développé et amélioré pour devenir une “alarme lumineuse”, qui est la plus avancée des branches de service de surveillance, pour s’assurer que ceux qui travaillent dans les institutions concernées sont avertis rapidement et efficacement », indique Mohammad Diab. « Le personnel éducatif et les élèves ont été formés sur les indications des couleurs d’avertissement, où la couleur rouge indique un danger immédiat dans la zone et la couleur jaune indique un danger potentiel, tandis que la couleur bleue indique la possibilité de l’arrivée de blessés, et elle est installée uniquement dans les établissements médicaux », poursuit-il. Au total, 110 structures de santé disposent de ces systèmes d’alerte installés par les Casques blancs depuis 2019, ainsi que 97 écoles.

« Avant d’installer le réseau d’alerte précoce, nous avions l’habitude de laisser les enfants s’enfuir au hasard, dans le chaos. La bousculade des enfants a causé de nombreuses blessures lorsqu’ils descendaient les escaliers ou fuyaient dans les couloirs, alors qu’ils étaient dans un état de panique et de peur », se souvient Chérine Cheikh Ibrahim.

« Je ne savais pas quoi faire. Rentrer chez moi ou me cacher dans un endroit sûr ?

Je courais parfois vers les bâtiments à côté de l’école pour me cacher là-bas, puis je rentrais chez moi après que les bombardements se sont calmés », confie pour sa part Mohammad Ismaïl, un écolier âgé de 10 ans.

Rassemblement à Damas dans l’attente de la libération de prisonniers

Des dizaines de Syriens ont passé la nuit de mardi à mercredi dehors à Damas dans l’espoir d’accueillir des proches parmi les prisonniers censés être libérés dans le cadre d’une récente amnistie. Cette amnistie est considérée par des militants des droits humains comme la plus vaste depuis le début du conflit en Syrie en 2011, qui a fait quelque 500 000 morts. « Des centaines de prisonniers ont été libérés ces deux derniers jours dans plusieurs régions syriennes », a indiqué mardi le ministère syrien de la Justice dans un communiqué. Les autorités n’ont pas communiqué l’identité des personnes relâchées, ni leur nombre. Une foule d’hommes et de femmes se sont rassemblés peu après à Jisr al-Rais, dans le centre de Damas, où se trouve la principale gare routière qui dessert les différentes provinces du pays, après avoir entendu des informations selon lesquelles des prisonniers y seraient conduits en bus. Des dizaines d’entre eux ont passé la nuit sur place. Un décret présidentiel annoncé samedi prévoit « d’accorder une amnistie générale pour les crimes terroristes commis » avant le 30 avril 2022, « à l’exception de ceux ayant entraîné la mort d’un être humain et ceux prévus par la loi antiterroriste ». D’autres concernés par l’amnistie « seront libérés progressivement dans les jours à venir », a ajouté le ministère sans donner de détails. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), plus de 250 détenus ont déjà été libérés dans le cadre de cette amnistie.

Dans l’un des longs couloirs violet et vert pistache de l’école primaire Khaled Chaar à Idleb, une lumière rouge s’allume. Aussitôt, une vingtaine d’enfants se rangent le long des murs. Ils savent ce que cette couleur signifie : le risque de bombardement de leur région est immédiat. Accroupis, mains sur la tête, les écoliers patientent calmement, blottis les uns contre les...

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