« L’omniprésence d’armes échappant au contrôle de l’État, l’existence de milices armées et les tirs de roquettes continuent de compromettre la sécurité et la stabilité du Liban, et constituent une violation des résolutions 1559 et 1701. Le fait que le Hezbollah admette ouvertement disposer d’importants moyens militaires de pointe échappant au contrôle de l’État libanais reste très préoccupant », plaide de nouveau le secrétaire général de l’ONU António Guterres dans son dernier rapport semestriel sur la mise en œuvre de la résolution 1559 (2004) du Conseil de sécurité de l’ONU. Ce rapport, qui couvre la période allant du 14 octobre 2021 au 22 avril 2022, décrit des « progrès limités dans sa mise en œuvre et bon nombre de ses dispositions, y compris celles concernant l’existence et les activités des milices libanaises et non libanaises, qui demeurent en suspens ». Le rapport fera l’objet de consultations à huis clos du Conseil de sécurité le 10 mai. Adoptée en octobre 2004, la résolution 1559 appelle au retrait des forces étrangères du Liban, au désarmement de tous les groupes armés au Liban et à l’extension du contrôle étatique sur l’ensemble du territoire libanais.

Dans ce rapport, le secrétaire général de l’ONU « réitère » son appel aux dirigeants libanais pour qu’ils travaillent de concert afin de résoudre la grave crise socio-économique qui « affecte » particulièrement les femmes et les enfants et les autres groupes marginalisés. À cet égard, le chef de l’ONU « note » la reprise des pourparlers avec le FMI ainsi que le plan de réforme du secteur de l’électricité pour résoudre la crise énergétique du pays. Il « salue » l’approbation du projet de budget par le Parlement et « réitère » l’importance de la tenue de législatives libres, justes, transparentes et inclusives à la date prévue du 15 mai. Le chef de l’ONU « exhorte » aussi à la formation rapide d’un gouvernement après les élections avec la pleine participation des femmes et des jeunes, et accordant la priorité à la mise en œuvre de réformes.

Arsenal du Hezbollah, violations israéliennes et soutien à l’armée

Dans ce rapport, M. Guterres condamne « les atteintes à la sécurité qui se sont produites entre le Liban et Israël, et les violations régulières par Israël de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du pays du Cèdre, qui rappellent avec force les risques que représentent l’existence d’armes échappant à l’autorité de l’État et la persistance de la présence de milices armées au Liban. Compte tenu des risques pour la stabilité régionale, il est vivement préoccupant que les Forces de défense israéliennes se servent encore et toujours de l’espace aérien libanais pour frapper des cibles en Syrie. Ces violations continuent de saper la sécurité et la stabilité du pays », relève-t-il. Le chef de l’ONU « appelle » Israël à respecter les obligations que lui imposent les résolutions du Conseil de sécurité, à retirer ses forces de la partie nord du village de Ghajar et de la zone adjacente située au nord de la ligne bleue, et à mettre fin immédiatement aux survols de l’espace aérien libanais.

Dans ce contexte, M. Guterres salue le soutien matériel que la communauté internationale apporte à l’armée libanaise ainsi qu’aux autres institutions de sécurité de l’État, et « exhorte » l’État libanais à redoubler d’efforts pour avoir le monopole des armes et de l’usage de la force sur tout son territoire.

Les informations selon lesquelles le Hezbollah et d’autres éléments libanais participeraient à des combats se déroulant dans la région demeurent aussi « préoccupantes », relève M. Guterres. « Non seulement le rôle pleinement assumé que continue de jouer le Hezbollah dans le conflit en Syrie contrevient à la politique de dissociation et aux principes de la Déclaration de Baabda, mais il risque également d’embourber le Liban dans le conflit régional, et menace la stabilité du pays ainsi que celle de la région », souligne-t-il.

Par ailleurs, M. Guterres appelle de nouveau à une enquête rapide, impartiale, approfondie et transparente sur la double explosion catastrophique du 4 août 2020 au port de Beyrouth, et « insiste » sur la nécessité de diligenter une enquête minutieuse et transparente sur les affrontements meurtriers à Tayouné le 14 octobre 2021 entre des éléments suspectés d’appartenir aux Forces libanaises et des hommes armés du tandem chiite, et sur l’assassinat de l’intellectuel Lokman Slim le 4 février 2021. Quant au Tribunal spécial du Liban (TSL) qui achève ses travaux, le secrétaire général se dit « convaincu » que le Liban, conformément à ses obligations en vertu du droit international, veillera à ce que les auteurs d’actes terroristes répondent de leurs actes.