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Société - Liban

La justice française émet un mandat d'arrêt international contre Carlos Ghosn

Cette mesure intervient dans le cadre d'une enquête instruite à Nanterre, notamment pour abus de biens sociaux et blanchiment.

La justice française émet un mandat d'arrêt international contre Carlos Ghosn

Le magnat déchu de l'automobile Carlos Ghosn, lors d'une conférence de presse à Beyrouth, le 8 janvier 2020. Photo d'archives AFP

La justice française a délivré un mandat d'arrêt international contre Carlos Ghosn, ancien patron de l'alliance Renault Nissan qui vit au Liban, dans le cadre d'une enquête instruite pour abus de biens sociaux, blanchiment et corruption.

Le Franco-Libano-Brésilien de 68 ans, qui devait être jugé à Tokyo pour des malversations financières, vit à Beyrouth depuis sa fuite rocambolesque du Japon fin 2019. Ce mandat d'arrêt international délivré jeudi, qui vaut inculpation, est un message fort envoyé aux autorités libanaises qui n'extradent pas leurs ressortissants et ont interdit à M. Ghosn de voyager.

Si le mandat est exécuté, il sera directement présenté à un juge d'instruction, à Nanterre, près de Paris, qui lui notifiera son inculpation. Dans le viseur: près de 15 millions d'euros de paiements considérés comme suspects entre RNBV, filiale néerlandaise incarnant l'alliance Renault-Nissan, et le distributeur du constructeur automobile à Oman, Suhail Bahwan Automobiles (SBA).

Le juge d'instruction a aussi délivré quatre autres mandats d'arrêt internationaux contre "les propriétaires actuels ou ex-dirigeants de la société omanaise SBA", a indiqué à l'AFP le parquet de Nanterre. Il s'agit du fondateur de SBA, de ses deux fils et de l'actuel directeur général, d'après deux sources proches du dossier. La justice leur reproche des faits de blanchiment ou encore de corruption. L'information judiciaire, ouverte contre X en février 2020, notamment pour abus de biens sociaux et blanchiment, a en effet été élargie en juillet au chef de "corruption".

"Etape majeure"

Le groupe Renault, partie civile dans ce dossier et qui ne s'était jamais exprimé jusqu'à présent, "prend note de la décision des magistrats", a indiqué à l'AFP son avocat Me Kami Haeri. "C'est une étape majeure qui s'explique par la gravité des faits nouveaux qui ont été mis en lumière au terme d'investigations minutieuses mettant au jour des relations financières occultes portant sur plusieurs millions d'euros entre Carlos Ghosn et les fondateurs et dirigeants de SBA", a-t-il ajouté.

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Dans ce dossier, la justice soupçonne également Carlos Ghosn d'avoir tiré un bénéfice personnel d'une convention de mécénat entre Renault et l'établissement qui gère le Château de Versailles, près de Paris, en y organisant deux soirées privées, ce qu'il conteste. "Il ne s'agit pas d'un mandat d'arrêt émis par la France mais par (...) le parquet de Nanterre", a réagi auprès de l'AFP l'un des avocats de M. Ghosn, Jean Tamalet, du cabinet King and Spalding. "Ce mandat est très surprenant car le juge d'instruction et le procureur de Nanterre savent parfaitement que Carlos Ghosn, qui a toujours coopéré avec la justice, fait l'objet d'une interdiction judiciaire de quitter le territoire libanais", a ajouté Me Tamalet.

De son côté, le fondateur de la société omanaise SBA, Suhail Bahwan, "conteste formellement avoir pris part, de quelque manière que ce soit, aux infractions visées par le mandat d'arrêt" émis à son encontre par le tribunal de Nanterre, a déclaré à l'AFP son avocat, Me Christophe Ingrain. "(M. Bahwan) a déjà transmis des éléments de preuve démontrant son innocence, et il se tient à l'entière disposition de la justice française", a ajouté Me Ingrain. Visé par un mandat d'arrêt d'Interpol, l'ancien magnat de l'automobile est contraint de rester au Liban depuis qu'il a fui le Japon, caché dans un caisson de matériel audio.

"Coup de poignard " 

Vénéré au Liban comme un géant des affaires, Carlos Ghosn donne des conférences à l'Université Saint-Esprit de Kaslik (USEK), près de Beyrouth. Il reste toutefois discret, s'abstenant de commenter la vie politique et économique troublée du pays. Arrêté à Tokyo en novembre 2018, il avait justifié son évasion en assurant avoir voulu "échapper à l'injustice", dénonçant un "complot" des autorités japonaises.

Dans une interview au quotidien français Le Parisien en février, il avait assuré vouloir revenir en France dès qu'il "pourrait". "Pour l'instant, je ne peux pas" du fait du mandat d'arrêt d'Interpol, avait déclaré Carlos Ghosn, en soulignant son attachement à la France. Il avait aussi dénoncé le "coup de poignard mortel porté par le gouvernement français et le conseil d'administration de Renault".

Vendredi, le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire s'est refusé à tout commentaire, appelant à "laisser la justice faire son travail". Pour mener à bien leurs investigations, des magistrats s'étaient déjà déplacés deux fois à Beyrouth.

La justice française a délivré un mandat d'arrêt international contre Carlos Ghosn, ancien patron de l'alliance Renault Nissan qui vit au Liban, dans le cadre d'une enquête instruite pour abus de biens sociaux, blanchiment et corruption.
Le Franco-Libano-Brésilien de 68 ans, qui devait être jugé à Tokyo pour des malversations financières, vit à Beyrouth depuis sa fuite rocambolesque...

commentaires (4)

Certains en font un saint homme accusé à tort, d'autres le décrivent comme un homme assoiffé de pouvoir et d'argent ! Je pense que la vérité est entre les deux mais je remarque que Renault et Nissan ont été bien lentes à réagir devant les arrangements financiers irréels accordés à Monsieur Ghosn !

Pandora

08 h 36, le 23 avril 2022

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Commentaires (4)

  • Certains en font un saint homme accusé à tort, d'autres le décrivent comme un homme assoiffé de pouvoir et d'argent ! Je pense que la vérité est entre les deux mais je remarque que Renault et Nissan ont été bien lentes à réagir devant les arrangements financiers irréels accordés à Monsieur Ghosn !

    Pandora

    08 h 36, le 23 avril 2022

  • Qu'on lui fiche la paix pour de bon. Ce ne sont qu'une bande d'ingrats, jaloux, envieux et médiocres. Tout cela parce qu'un Libanais a réussi là ou eux, français, japonais, etc. ont royalement échoué. Cher Carlos Ghosn, reste assuré que, quoi qu'ils fassent pour te salir, tu resteras aux yeux des libanais un héros et un génie. Tiens bon, le bon Dieu te protégera. Edmond Wehbé.

    Paul le Phénicien

    03 h 50, le 23 avril 2022

  • Que la France la ferme après ce qu’il a fait pour la société Renault

    Eleni Caridopoulou

    20 h 34, le 22 avril 2022

  • Ghosn restera au Liban. On cherche et on farfouille pour trouver des accusations contre un chef d'entreprise qui a racheté de grandes sociétés qui étaient en faillite.

    Esber

    15 h 39, le 22 avril 2022

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