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Économie - Crise au Liban

"Le temps presse" : le gouvernement veut adopter le plan de relance économique avant les législatives

Aucune avancée concrète concernant les dossiers de l'importation du courant électrique de Jordanie ou encore celui du blé.

Le Premier ministre libanais Nagib Mikati présidant la réunion du Conseil des ministres au Grand sérail de Beyrouth, le 21 avril 2022. Photo Dalati et Nohra

Le gouvernement de Nagib Mikati, qui s'est réuni jeudi au Grand sérail en Conseil des ministres pendant moins de deux heures autour d'un ordre du jour de 21 points, a fait savoir qu'il prévoyait de finaliser et adopter son plan de relance économique avant les législatives du 15 mai, prévenant que "le temps presse", alors que le Liban continue de patauger dans une grave crise depuis 2019.

Concernant l'importation du courant électrique de Jordanie via la Syrie et celle du blé, majoritairement d'Ukraine, le cabinet n'a réalisé aucune avancée concrète malgré l'urgence.

Ces derniers jours, les grands axes du plan de relance économique, qui s'inscrit dans le cadre d'un accord préliminaire avec le Fonds monétaire international (FMI), ont fuité dans la presse et suscité de nombreuses critiques.

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"Il est prévu que le plan de relance économique soit adopté avant les élections législatives car le temps presse", a affirmé le ministre de l'Information, Ziad Makari, en réponse aux journalistes à sa sortie de la réunion.

Contrôle des capitaux

Ce plan de relance est censé faire partie de l'accord préliminaire conclu dernièrement par le gouvernement avec le FMI afin de tenter d'aboutir à un accord sur une assistance financière de trois milliards de dollars sur quatre ans, conditionnée à de sérieuses réformes. Le plan souligne la nécessité pour le Parlement d’adopter une loi de restructuration du secteur, une autre instaurant un contrôle formel des capitaux et une troisième aménageant la législation sur le secret bancaire.

"Lier le contrôle des capitaux à la protection des dépôts (en banque) est une erreur. Le contrôle des capitaux aurait dû être instauré au début de la crise financière", a affirmé le Premier ministre en début de réunion. "Pour que nous puissions présenter un plan de relance économique, nous devons prendre cette mesure (l'instauration du contrôle formel des capitaux) afin que l'argent reste au Liban", a estimé le chef du gouvernement.

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Il a ensuite rappelé que le FMI "réclame le vote d'un budget et l'instauration du contrôle des capitaux et (la levée) du secret bancaire ainsi que la restructuration des banques". "Nous ne pouvons pas aboutir à une relance sans avoir adopté ces mesures en toute transparence", a prévenu Nagib Mikati. Il a enfin rappelé que le plan de relance "n'a pas été approuvé en Conseil des ministres". "Nous avons été clairs sur ce point et nous attendons les remarques et les opinions des ministres sur le document. Nous avons envoyé le texte hier au Parlement afin que les députés puissent seulement le consulter et y formuler leurs remarques", a fait savoir M. Mikati.

Les commissions parlementaires se sont réunies hier afin d'examiner le projet de loi sur le contrôle des capitaux, lors d'une séance houleuse, parallèlement à des manifestations de colères dans la rue, près du siège de la Chambre. Le chef du Parlement a convoqué ces commissions à une nouvelle réunion mardi prochain autour de cette question.

Blé

Concernant le blé, le Liban fait face à de sérieuses craintes quant à son approvisionnement en cette denrée essentielle, dans le cadre de l'invasion russe de l'Ukraine, Beyrouth important environ 60% de ses besoins en la matière de Kiev. Ces dernières semaines, ces inquiétudes ont paniqué de nombreux consommateurs qui se sont rués dans les boulangeries, celles-ci se retrouvant en rupture de stock de pain. Lors de sa dernière réunion, le cabinet avait décidé d'allouer 15 millions de dollars de ses Droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI à l'importation de blé.

"J'ai demandé un montant supplémentaire de 21 millions de dollars afin que nous puissions assurer les quantités de blé nécessaires pour les sept à huit prochains mois mais cela n'a pas été approuvé", a affirmé le ministre de l'Economie, Amine Salam, en réponse à une question du journaliste de notre publication anglophone L'Orient Today, Kabalan Farah, présent sur place. Se voulant rassurant, le ministre a toutefois assuré que les autorités "ne compte pas lever les subventions sur le pain".

Importation de l'électricité

Autre dossier pressant, celui de l'importation du courant électrique de la Jordanie, via la Syrie, dans le cadre d'une initiative américaine, Washington ayant accepté de faire une exception sur les sanctions qui auraient pu toucher le Liban pour coopération avec le régime syrien de Bachar el-Assad. Cet accord doit être financé par la Banque mondiale, mais ce volet n'a toujours pas été réglé, alors que le Liban est quotidiennement plongé dans le noir pendant de longues heures.

Avant le début de la séance, le ministre de l'Énergie, Walid Fayad, a affirmé à la presse : "l'accord a été conclu et nous avons fait notre devoir, mais il y a un retard de financement. Mais ce financement n'a pas été refusé comme cela a été dit", faisant allusion aux informations de certains médias affirmant que la Banque mondiale aurait refusé de financer l'accord. M. Fayad a estimé que "la balle est dans le camp de l'administration américaine et de la Banque mondiale". Le ministre de l'Énergie a soutenu ne pas avoir été officiellement notifié du retard de financement, révélant en revanche qu'une réunion qui s'est déroulée vendredi dernier n'a pas abouti aux "résultats positifs escomptés". "Ils (la Banque mondiale) continuent d'étudier "la pertinence politique du projet", a conclu M. Fayad, sans préciser ce qu'il sous-entend par là.

Le ministre de l'Information n'a pour sa part apporté aucune indication sur ce dossier, le gouvernement n'ayant vraisemblablement enregistré aucune avancée en la matière.

Enfin, le ministre de la Santé, Firas Abiad, a indiqué que 14 milliards de livres provenant des réserves du budget ont été transférés au ministère au profit des hôpitaux gouvernementaux, le secteur traversant une grave crise, surtout depuis le début de la pandémie de coronavirus en 2020.

Le gouvernement de Nagib Mikati, qui s'est réuni jeudi au Grand sérail en Conseil des ministres pendant moins de deux heures autour d'un ordre du jour de 21 points, a fait savoir qu'il prévoyait de finaliser et adopter son plan de relance économique avant les législatives du 15 mai, prévenant que "le temps presse", alors que le Liban continue de patauger dans une grave crise depuis...

commentaires (3)

Comment peut-on penser une seule minute que la canaille qui a pillle le pays avec la corruption peut maintenant mettre en place des politiques de redressement et de protection des citoyens ? Mikati et consorts devront un jour ou l'autre rendre des comptes.

Michel Trad

20 h 26, le 21 avril 2022

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Commentaires (3)

  • Comment peut-on penser une seule minute que la canaille qui a pillle le pays avec la corruption peut maintenant mettre en place des politiques de redressement et de protection des citoyens ? Mikati et consorts devront un jour ou l'autre rendre des comptes.

    Michel Trad

    20 h 26, le 21 avril 2022

  • Il suffit que vous rendiez tout l’argent volé depuis vingt ans pour redémarrer l’économie messieurs Mikati, Berri et les bleus,,,

    Wow

    18 h 01, le 21 avril 2022

  • On est en retard sur tout. Avant de récupérer l'argent sorti du système bancaire, et de nommer ceux qui ont participé à la débâcle, il faut oublier tout contrôle des capitaux. Les déposants ne sont pas des agneaux à offrir aux politiques corrompus. Oubliez le FMI avec.

    Esber

    14 h 28, le 21 avril 2022

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