Le ministre des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib a fait savoir mercredi que le principal "obstacle" dans l'organisation des législatives pour les Libanais émigrés consistait à se procurer "de l'argent liquide" notamment pour payer les personnes chargées du bon déroulement des élections, mais que cela "n'impactera pas l'organisation" du scrutin. M. Bou Habib a tenu ces propos alors qu'à l'approche de l'échéance électorale, plusieurs observateurs continuent de redouter le report des législatives ou encore leur entrave. C'est dans ce contexte que le chef des Forces libanaises Samir Geagea a accusé plus tôt dans la journée le ministère des Affaires étrangères de "compliquer" la procédure pour les électeurs libanais à l'étranger appelés à voter les 6 et 8 mai, annonçant qu'il proposera de soumettre le chef de la diplomatie à un vote de confiance en raison de sa performance dans ce dossier.
"Ceux qui doutent de la tenue des élections sont ceux qui ne veulent pas qu'elles aient lieu", a déclaré le ministre Bou Habib depuis le Grand Sérail, à l'issue d'une réunion avec le Premier ministre Nagib Mikati et son collègue de l'Intérieur Bassam Maoulaoui. "Le seul obstacle est de se procurer de l'argent liquide", a-t-il précisé, expliquant que ces fonds doivent servir à payer les honoraires des délégués chargés des bureaux de vote. "Nous avons besoin de 1.200 délégués, qu'il faudra rémunérer et former", a-t-il indiqué, soulignant que ces personnes devront rester à leur poste de 7h à 22h, et que certains devront également rester près des urnes jusqu'à ce qu'elles soient expédiées au Liban pour leur dépouillement. "Nous allons essayer de passer outre cet obstacle, qui n'impactera pas toutefois la tenue du scrutin", a-t-il déclaré.
Des diplomates envoyés en Australie
M. Bou Habib est par ailleurs revenu sur la problématique de la répartition des électeurs à l'étranger, qui avait notamment été soulevée ces derniers jours par des Libanais installés en Australie. Ceux-ci avaient dénoncé que des bureaux de vote distants parfois de plusieurs heures de route avaient été assignés à différents membres de certaines familles, ce qui pourrait rendre leur accès difficile, voire impossible. Des critiques avaient été adressées à ce sujet à l'encontre du consul général du Liban à Sydney, Charbel Macaron, qui a été accusé d'avoir modifié les listes électorales. M. Macaron est, comme le chef de la diplomatie, considéré comme proche du président Michel Aoun et du courant aouniste.
Cette question a fait l'objet de discussions entre MM. Mikati, Bou Habib et Maoulaoui. "Nous étudions cette affaire afin de prendre une décision définitive", a souligné le chef de la diplomatie, qui a assuré que le consul avait "respecté les directives des Affaires étrangères et de l'Intérieur". "Ce qu'il s'est passé, c'est que de grands partis libanais, influents dans la région de Sydney, ont aidé certains électeurs à s'inscrire et ont entré des numéros de code postal différents", a-t-il expliqué. Selon lui, la responsabilité de ces erreurs ne peut donc pas être imputée à l’État, au consulat ou aux ministères des AE et de l'Intérieur.
Il a encore indiqué que cinq diplomates allaient être envoyés en Australie pour aider le consul Macaron pendant le scrutin, étant donné le grand nombre de votants (17.000) inscrits sur les listes dans ce pays.
Les critiques de Geagea
Réagissant à cette polémique et aux différentes craintes exprimées ces derniers jours dans la presse concernant le vote des émigrés, Samir Geagea a accusé le ministère des Affaires étrangères de "compliquer" la procédure de vote pour les électeurs libanais à l'étranger. "Un crime est commis envers les Libanais expatriés. Au lieu de chercher des moyens de faciliter le vote, le ministère des AE le complique", a affirmé le leader chrétien. "Le Premier ministre doit demander au chef de la diplomatie de répartir les électeurs dans les bureaux de vote les plus proches de chez eux", a-t-il ajouté. Il a annoncé qu'il allait "proposer de soumettre le ministre des AE à un vote de confiance, en raison de ce qu'il a fait dans le dossier du vote des expatriés".
Dimanche soir, le chef druze Walid Joumblatt avait de son côté accusé Gebran Bassil, chef du courant aouniste, de compromettre le vote des Libanais de l'étranger.
commentaires (4)
"… Ceux qui doutent de la tenue des élections sont ceux qui ne veulent pas qu'elles aient lieu, a déclaré le ministre Bou Habib …" - Abdallah… Abboudi… hé ho! Tout le monde sait que le seul parti (pardon, courant) qui ait (aie?) quelque chose à perdre dans ces élections est le Courant Pasdaran *au* Liban (CPL). Alors s’il te plaît arrête de nous prendre tous pour des cons pas libanais (tiens, il faut que la note celle-là, elle rime aussi avec CPL)…
Gros Gnon
20 h 15, le 22 avril 2022