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Lifestyle - Créateur

Ralph Khoury défriche la jungle des NFT pour les artistes libanais

L’un des pionniers des jetons non fongibles, ou NFT, au Liban, l’artiste graphique Ralph Khoury propose ses œuvres dans les galeries du marché virtuel et relève le pari de vivre de son art.

Ralph Khoury défriche la jungle des NFT pour les artistes libanais

Illustrations de Ralph Khoury, dit « Ginger Potter ». Photo DR

Il est roux et myope, avec une préférence pour les lunettes rondes. Son pseudo était tout trouvé : Ginger Potter, le Harry Potter roux. Cet illustrateur tendance geek, détenteur d’un master en architecture d’intérieur de l’Alba, voulait vivre de son art plutôt que prendre un emploi et faire de son talent un passe-temps. Trois ans durant, bénéficiant du soutien de sa famille, il s’impose la discipline de publier sur son compte Instagram une œuvre par semaine, tout en réfléchissant à des moyens de devenir financièrement autonome dans un pays en crise. Ses œuvres reflètent ses états d’âme du moment et illustrent ses méditations de jeune Libanais pris au piège d’une dystopie. Un petit personnage un peu extraterrestre devient son avatar, voire sa marionnette, qu’il anime à son gré à travers des espaces qui tantôt rappellent le Liban et tantôt se font abstraits avec une note psychédélique.

Sans pinceaux ni toile

En octobre dernier, Ralph Khoury décidait de se lancer dans l’univers des jetons non fongibles, ou NFT, ces biens virtuels qui se vendent en cryptomonnaie sur les marchés du métavers, en l’occurrence dans une galerie d’art de l’OpenSea. Une pratique qui non seulement se révèle rentable, mais de plus ne lui coûte presque rien, puisqu’elle le dispense des frais de matériel souvent rédhibitoires pour les jeunes artistes qui comptent chaque sou pour s’équiper en pinceaux, toiles, couleurs et autres. Il lui suffit de dessiner son œuvre avec son équipement informatique et de la mettre en ligne. Il n’aura même pas besoin de l’affréter à l’acquéreur qui peut, de son côté, choisir ce qui lui plaît et l’acheter en cryptomonnaie.

Illustrations de Ralph Khoury, dit « Ginger Potter ». Photo DR

Un travail à plein temps

Converti artiste digital, celui que ses fans, passés en quelques mois de 600 à plus de 40 000, reconnaissent par son pseudo, Ginger Potter, va se lancer dans une opération de marketing pour sensibiliser le public à son travail ainsi qu’à sa démarche. Car la Toile est vaste et l’on peut facilement y disparaître.

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Le revers de cette brillante médaille est que cela suppose un travail à plein temps, presque sans plage de repos. Sans renoncer à son statut d’artiste traditionnel, Ginger Potter apprécie la liberté qu’offre l’espace virtuel de vendre ou pas la propriété intellectuelle de son œuvre, ce qui permet à l’acquéreur d’en faire l’usage qui lui sied, et même la commercialiser en l’imprimant sur des tee-shirts, des affiches ou d’autres supports. Ce choix a ses avantages matériels, puisqu’il peut rapporter à l’artiste des royalties à vie, de l’ordre de 10 % à chaque revente de l’œuvre. L’artiste peut aussi choisir de vendre l’œuvre physique avec sa version virtuelle sous forme de NFT, explique le créateur.

Des investisseurs convaincus

Avec deux collections de 21 pièces chacune, déjà épuisées depuis leur sortie, Ralph Khoury a désormais les deux pieds dans le métarvers. Après ses séries en format JPEG (image fixe compressée selon une norme de décodage définie par un algorithme), il se lance dans la préparation d’une série de petites animations vidéo, toujours 21, un chiffre porte-bonheur, en format MP4. À propos des acquéreurs de ses œuvres, Ralph Khoury les définit comme des passionnés d’art du monde entier. Ils n’auraient pas grand-chose en commun, à part le fait qu’ils aiment son travail et se montrent encourageants quand il les approche pour des conseils. L’illustrateur estime leur nombre à une quarantaine, tous collectionneurs habituels de NFT, à la fois amateurs d’art et spéculateurs qui espèrent voir la valeur de leurs acquisitions augmenter.

Illustrations de Ralph Khoury, dit « Ginger Potter ». Photo DR

Cette monnaie-là

À la question de savoir si ses NFT sont vendus aux enchères, comme cela se fait souvent dans le métavers, Ralph Khoury souligne que ses prix étant encore assez abordables, cela n’a pas encore eu lieu, même si, il y a quelques jours, un collectionneur était à la recherche d’un partenaire pour « partager » l’acquisition d’une œuvre. Néanmoins, à ce jour, les œuvres ont été vendues à des acquéreurs uniques, bien que l’artiste se dise tenté de tester une enchère, une fois sa prochaine diffusion vendue. « J’ai vendu mes premières œuvres à 0,05 Etherium, ce qui équivaut à peu près à 150 $. Les pièces de ma prochaine collection seront proposées à 0,25 Etherium (à peu près 750 $ selon le cours de l’Etherium au moment de la vente), ce qui représente cinq fois la valeur des précédentes et démontre une claire plus-value », affirme-t-il. Et si la plupart des collectionneurs de ses œuvres sont internationaux, Ralph Khoury souligne qu’il compte aussi un pourcentage de collectionneurs libanais qui ont déjà réservé certaines pièces de sa nouvelle série.

Une nouvelle norme ?

Si le métavers est un concept encore flou pour la majorité des gens, c’est qu’il en est encore à ses balbutiements. Tout comme l’internet dans les années 1990 ne présentait pas d’intérêt immédiat avant de s’imposer en pilier de la vie quotidienne, le marché virtuel que l’on peut déjà visiter avec des équipements de réalité augmentée n’est pas loin de devenir une nouvelle norme, notamment depuis que le Covid-19 a introduit dans le monde du travail et du commerce des habitudes appelées à durer. Le vœu de Ralph Khoury est d’entraîner les artistes libanais à se rallier à sa démarche et le suivre dans le métavers pour pouvoir vivre de leur art.


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