Après plusieurs cris d’alarmes lancés dès la semaine dernière jusqu’à hier matin annonçant la fermeture des minoteries et des boulangeries, et brandissant le spectre d’une pénurie de pain, la situation a finalement commencé à se débloquer hier en fin d’après-midi.
Premier facteur contribuant à cette avancée : la libération de Paul Mansour, PDG de la société Crown Flour Mills, l’une des 11 minoteries que compte le Liban, arrêté depuis mercredi passé alors que son entreprise avait été verbalisée et fermée. Un événement à la suite duquel quatre de ces moulins à farine avaient indiqué faire grève jusqu’à sa réouverture, ce qui est désormais acté depuis hier après-midi, selon des informations obtenues par L’Orient-Le Jour.
Deuxièmement, et alors que les acteurs de la filière se plaignaient de retards quant au débloquement des fonds par la Banque du Liban (BDL) pour couvrir les frais d’importation des cargaisons de blé se trouvant au large du pays, Ahmad Hoteit, porte-parole des importateurs de blé au Liban, a indiqué hier que le gouvernement libanais a approuvé l’allocation de fonds à ces importations sous la forme d’un emprunt contracté auprès de l’institution. L’enveloppe en question s’élève à 15 millions de dollars.
Jeudi dernier, le Premier ministre, Nagib Mikati, avait annoncé que celle-ci avait été approuvée par son gouvernement, déplorant par la même occasion le fait que « des rapports officiels aient montré que de grandes quantités de farine étaient stockées dans des boulangeries et des dépôts pour être revendues sur le marché noir ou pour la contrebande ». Selon Ahmad Hoteit, ce montant contribuerait à décharger « environ 30 000 tonnes de blé », permettant de « soulager le marché local pendant près d’un mois », a expliqué de son côté Ali Ibrahim, président du syndicat des boulangers.
À cette fin, reste encore l’approbation de la BDL, ce qui devrait avoir lieu aujourd’hui, selon les deux syndicalistes susmentionnés. Le cas échéant, les minoteries reprendront leur activité aujourd’hui et les boulangeries un jour plus tard. « Ce dénouement nous permettra d’opérer pendant environ un mois et puis la crise recommencera », a alors ironisé Ali Ibrahim.
Hier matin, ce dernier avait ainsi confirmé à notre publication sœur L’Orient Today que lundi (hier) « sera le dernier jour pour produire du pain ou distribuer de la farine si les fonds nécessaires ne sont pas assurés (par la BDL) pour importer du blé », menaçant alors que 90 % des boulangeries fermeront mardi (aujourd’hui), si le problème n’était pas résolu.
Essayant au mieux de préserver ses réserves en devises, dans un pays en crise depuis plus de deux ans, la BDL a imposé de nouvelles conditions aux crédits bancaires alloués à l’achat de blé, compliquant la situation, a poursuivi le syndicaliste, affirmant que « la banque centrale a demandé au Premier ministre l’autorisation de débloquer les fonds nécessaires pour l’importation de blé ». Il a également indiqué que le président du Parlement, Nabih Berry, qu’il avait rencontré samedi dernier, a contacté Nagib Mikati, qui lui aurait assuré avoir signé cette autorisation afin de l’envoyer hier à la BDL.
Le gouvernement à la BDL : "Donnez-nous aujourd'hui notre pain de ce jour"
14 h 21, le 12 avril 2022