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Moyen-Orient - Entretien express

En Jordanie, les dissensions au sein de la famille royale de nouveau sur le devant de la scène

Amer al-Sabaileh, universitaire jordanien et analyste géopolitique, décrypte pour « L’Orient-Le Jour » les enjeux derrière la décision annoncée dimanche par le prince Hamza ben Hussein de Jordanie de renoncer à son titre princier.

En Jordanie, les dissensions au sein de la famille royale de nouveau sur le devant de la scène

Le prince Hamza ben Hussein de Jordanie à Copenhague, le 17 décembre 2009. Attila Kisbenedek/AFP via Getty Images

Un an après l’éclatement d’une crise inédite qui avait ébranlé le royaume hachémite, le prince Hamza ben Hussein de Jordanie, âgé de 41 ans, a annoncé dimanche renoncer à son titre princier. L’ancien héritier du trône et demi-frère du souverain actuel, le roi Abdallah II de Jordanie, a fait part de sa décision dans une lettre publiée sur son compte Twitter. Il y explique notamment que ses valeurs « ne sont pas en accord avec les approches, les tendances et les méthodes modernes de nos institutions ». Des déclarations qui sonnent comme une provocation à l’égard du pouvoir en place, alors que le prince Hamza avait été accusé en avril 2021 d’être impliqué dans un complot d’inspiration étrangère pour déstabiliser la monarchie. Alors assigné à résidence, ce dernier avait tout nié en bloc et accusé les autorités de son pays de « corruption » et d’« incompétence » dans une vidéo transmise à la BBC par son avocat. Et même si, au terme d’une mission de médiation confiée à son oncle, le prince Hassan, le palais royal avait assuré peu après que le prince Hamza avait promis de « rester fidèle » à « l’héritage de (ses) ancêtres, à Sa Majesté (le roi Abdallah II) ainsi qu’à son prince héritier », la rupture semblait être consommée. Nommé prince héritier en 1999 mais démis de ses fonctions en 2004 par le roi Abdallah II qui a nommé son propre fils à la place, plusieurs observateurs avaient suggéré à l’époque que le prince Hamza n’aurait jamais pardonné à son demi-frère de lui avoir retiré le titre de dauphin. Sa récente décision intervient moins d’un mois après que le prince Hamza a adressé une lettre d’excuses au souverain, dans laquelle il reconnaissait avoir commis « une erreur » en critiquant le pouvoir. Amer al-Sabaileh, universitaire jordanien et analyste géopolitique, observe pour L’Orient-Le Jour les enjeux derrière ces événements.

Comment expliquer le timing de la décision annoncée par le prince Hamza dimanche ?

La décision du prince Hamza est intervenue le premier jour du ramadan en Jordanie, qui est généralement, dans le monde islamique, un jour de rassemblement familial et de réconciliation. La décision a donc quelque chose à voir avec cette date et avec le symbolisme du message. La plupart des Jordaniens pensaient d’ailleurs que l’affaire était close, notamment avec la lettre d’excuses du prince Hamza le mois dernier.

Quelles raisons peuvent se cacher derrière cette décision ? Dans quelle mesure le prince Hamza l’a-t-il prise seul ?

Il s’agit assurément d’une initiative personnelle, puisqu’il a annoncé sa décision sur son compte Twitter personnel et non par le biais de communications ou de canaux officiels de la cour royale. Décider de renoncer au titre n’est pas un geste anodin étant donné que c’est le roi qui a la capacité de donner ou de priver quelqu’un de ce titre. C’est une sorte de protestation, et la lettre du prince Hamza tente d’une certaine manière de dissimuler ou d’intégrer une critique des politiques et du système. D’une certaine manière, c’est une reprise de l’ancien narratif de sa vidéo diffusée l’an dernier, qui tente de diviser la Jordanie en chapitres : celui de son père, le défunt roi Hussein, auquel Hamza appartient, et celui de la nouvelle Jordanie, auquel il n’appartient pas politiquement.

Cette décision peut-elle lui permettre de retrouver sa liberté de mouvement ?

C’est un peu délicat car le prince Hamza n’a pas été jugé parce qu’il est membre de la famille royale. L’affaire devait rester au sein de la famille, comme le stipulait le décret royal de l’époque. Si sa décision de renoncer au titre venait à être approuvée, cela signifierait que le prince devient un citoyen normal et qu’il peut être accusé. En fin de compte, renoncer au titre ne lui rendra pas sa liberté.

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Quelles peuvent être les conséquences de cette décision sur la famille royale et, plus généralement, sur le royaume ?

C’est la première fois dans l’histoire de la Jordanie qu’une telle chose se produit, même si elle a été gérée au sein de la famille l’année dernière. Renoncer à un titre de cette manière, avec des critiques directes adressées dans son ancienne vidéo et dans sa récente lettre, aura une implication certaine. Cela montre que l’affaire n’a pas été contenue d’une bonne manière et qu’elle est prise dans un effet boule de neige qui fait que les choses continuent à bouger. Malheureusement, une telle attitude a des répercussions négatives à tous les niveaux au sein de la famille, sur les relations entre ses membres et sur la façon dont la famille est perçue aux niveaux local et mondial. L’affaire a en effet un impact international puisque l’année dernière, la Jordanie était en quelque sorte sous l’observation de la communauté internationale et de la presse. Avec la récente décision du prince Hamza, c’est comme si l’affaire n’avait pas été résolue et qu’on était revenu un an en arrière.

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commentaires (2)

dommage que Ms. Doukhi n'ait pas pose a mr Al sabaileh ce que le prince hamza aurait voulu signifier par-je le cite -""ses valeurs « ne sont pas en accord avec les approches, les tendances et les méthodes modernes de nos institutions"". mr alsabileh aurait ete bien inspire a y preter qq attention lui aussi.

Gaby SIOUFI

15 h 08, le 05 avril 2022

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Commentaires (2)

  • dommage que Ms. Doukhi n'ait pas pose a mr Al sabaileh ce que le prince hamza aurait voulu signifier par-je le cite -""ses valeurs « ne sont pas en accord avec les approches, les tendances et les méthodes modernes de nos institutions"". mr alsabileh aurait ete bien inspire a y preter qq attention lui aussi.

    Gaby SIOUFI

    15 h 08, le 05 avril 2022

  • La royauté, c'est obsolète.

    Politiquement incorrect(e)

    14 h 17, le 05 avril 2022

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