
Des forces de sécurité israéliennes et des civils rassemblés sur la scène de l’attaque, le 29 mars 2022, à Bnei Brak. Jack Guez/AFP
Israël commençait hier à enterrer ses morts et à traquer des proches d’un Palestinien auteur d’une attaque qui a fait cinq morts près de Tel-Aviv, la troisième en une semaine dans le pays, faisant craindre une nouvelle « vague » de violence. Mardi soir, un Palestinien de Cisjordanie occupée a ouvert le feu sur la foule en circulant en voiture dans la ville juive-orthodoxe de Bnei Brak, et celle voisine de Ramat Gan, avant d’être abattu par les forces de l’ordre. L’attaque a fait cinq morts, dont deux ouvriers ukrainiens arrivés en Israël bien avant la vague récente de réfugiés liée à l’invasion russe de l’Ukraine, et un policier arabe israélien, Amir Khoury, ayant participé à l’opération pour abattre l’assaillant et qualifié de « héros » par le gouvernement.
Hier, les funérailles des deux autres victimes, Yaakov Shalom et le rabbin Avishai Yehezkel, ont eu lieu à Bnei Brak. Yehezkel « s’était marié il y a un an et demi, il avait un fils de deux ans et sa femme était enceinte », a déclaré David Numa, l’un de ses proches. Les corps des deux Ukrainiens, dont l’identité n’a pas été confirmée, doivent être rapatriés dans leur pays, alors que l’oraison funèbre du policier, un chrétien de la ville de Nof Hagalil, près de Nazareth (Nord), est prévue aujourd’hui. « Il y a un mois, nous lui avons acheté une maison pour qu’il puisse s’y installer après son mariage », a confié son père Jiries Khoury, la voix tremblante d’émotion.
Abîme de la haine
Dans la foulée de l’attaque, l’armée a déployé des renforts en Cisjordanie occupée et multiplié les arrestations hier notamment de membres de la famille de l’auteur de l’attaque, Dia Hamarshah, un Palestinien du village de Yaabad, dans le nord de la Cisjordanie, ayant passé quatre ans dans les prisons israéliennes. Le mouvement islamiste armé Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza mais comptant aussi des supporters en Israël, à Jérusalem et en Cisjordanie, a salué l’attaque, vigoureusement condamnée toutefois par le président palestinien Mahmoud Abbas, l’ONU, la France, les États-Unis et l’Égypte notamment. « Le meurtre de civils palestiniens et israéliens ne fait qu’aggraver davantage la situation alors que nous nous efforçons tous d’atteindre la stabilité », a déclaré mardi soir M. Abbas, qui s’était plus tôt cette semaine entretenu avec le roi de Jordanie, pays garant des lieux saints musulmans à Jérusalem, dans l’espoir d’éviter des débordements lors des grands rassemblements dans la Ville sainte liés au mois de ramadan qui doit débuter ce week-end.
Et d’ailleurs, le président israélien Isaac Herzog s’est rendu hier en Jordanie pour des entretiens avec le roi Abdallah II. « Le fait que des dirigeants musulmans rencontrent des dirigeants juifs et israéliens est une alternative à l’abîme de la haine », a déclaré sur place le président israélien selon ses services.
L’an dernier, des heurts à Jérusalem-Est, portion palestinienne de la Ville Sainte occupée par Israël, avaient mené à des affrontements sanglants sur l’esplanade des Mosquées, puis à une guerre de 11 jours entre le Hamas et Israël. « Israël est confronté à une vague de terrorisme arabe meurtrière », a déclaré de son côté le Premier ministre israélien, Naftali Bennett, en référence aussi aux deux précédentes attaques, le 22 mars et dimanche, perpétrées par des Arabes israéliens liés à la mouvance jihadiste. « Nous allons (la) combattre (...) d’une main de fer ».
Du Hamas à l’EI ?
Si l’an dernier la guerre avait opposé l’État hébreu au Hamas, cette fois les autorités craignent de voir aussi des attaques inspirées ou liées à l’organisation jihadiste État islamique. Dimanche à Hadera, dans le nord d’Israël, deux policiers, dont une Franco-Israélienne, ont été tués dans une fusillade revendiquée par l’EI. Et la police a identifié les assaillants, qui ont été abattus, comme des agents arabes israéliens de l’EI venant d’Umm al-Fahm, ville arabe du nord d’Israël.
Le 22 mars, à Beersheva, grande ville du désert du Néguev (Sud), quatre Israéliens – deux hommes et deux femmes – ont été tués dans une attaque au couteau et à la voiture-bélier perpétrée par un enseignant condamné en 2016 à quatre ans de prison pour avoir planifié de se rendre en Syrie afin de combattre au sein de l’EI. Hier, la police a annoncé aussi l’arrestation d’une personne de 18 ans à Rahat, dans le Néguev, soupçonnée d’être un membre de l’EI.
Source : AFP