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Culture - Quoi qu’on en lise

Jésus est dans la place

Dans « Dehors Jésus », Charles Pennequin met en scène Jésus ou son double. Amen.

Jésus est dans la place

Charles Pennequin a écrit une vie de Jésus. © P.O.L

« Jésus se réveille en pleine nuit, putain. Il sait plus où il dort. Où est-ce qu’il crèche à cette heure-ci, putain, Jésus, il sait plus. Il a tout paumé en se réveillant. » Mais qui est Jésus ? Le Jésus de Dehors Jésus de Charles Pennequin ? Jésus ? Charles Pennequin ? Moi ? Vous ? « Dieu est en chacun de nous », disent-ils. Jésus, c’est un peu nous tous et, peut-être, un peu plus Charles Pennequin qui affirme dans sa biographie écrire depuis qu’il est né. Jésus a quarante ans dans le livre, donc ce n’est probablement pas le Jésus de la crèche. Enfin, peu importe. Il n’y a pas à chercher d’histoire dans Dehors Jésus, un début ou une fin, si ce n’est le début ou la fin du monde, c’est dire combien l’on peut toujours chercher.

Dehors Jésus est un livre qui surprend, étonne et in fine comble, ce que seules les éditions P.O.L savent nous offrir. Charles Pennequin est comme un enfant : « Ce roman a été écrit par un enfant de dix ans. Il fait une page. Parce que l’enfant avait quelque chose d’autre à foutre que d’écrire un roman. Un long roman bien épais, bien long et bien chiant. (…) Le roman écrit, lui, par l’enfant de dix ans, ça serait l’écriture qui se fout de la gueule de l’écriture. Ça rirait de tout écrit chiant et ronflant qui gît dans les librairies, mais partout ailleurs aussi. Dans les journaux, ça gît. Dans les articles sur internet aussi, ça gît. Tout est romancé-chiant car tout est rédigé par des adultes qui s’emmerdent ferme dans l’écrit. » Charles Pennequin écrit comme il parle, parle comme il écrit, c’est du pareil au même pour cet écrivain qui est aussi un poète-performeur. Je dois confesser que je préfère le lire que l’écouter, et il ne m’en voudra pas. Jésus n’en veut à personne. L’idée est brillante d’appeler son personnage ou son double : Jésus. Fils de Ludivinenfant, Jésus traîne dans la rue, regarde Facebook, se rend à Bruxelles, traîne dans les bars, Jésus croit en sa bonne étoile, il est bien Jésus. « L’euphorie le gagne. Ce n’est pas bon cependant, il faut se garder d’être euphorique. Il faut raison garder. » À chaque fois qu’il est euphorique, ça lui retombe dessus. Mais où est Jésus ? « Jésus est dans la ville. Il fait chaud. Les rues sont sales. Il marche sans arrêt. Jésus tourne sans savoir où il va exactement. Il a rien fait de spécial aujourd’hui, Jésus, à part marcher depuis un moment dans cette ville du bord de mer. » Serait-il à Beyrouth ? Marseille ? Naples ?

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Jésus est partout. « Jésus marche dans les villes. N’importe quelle ville, du moment qu’il ne la connaît pas, car une ville qu’il connaît, il s’y retrouvera toujours. » Jésus se rend dans la prison à Bobi. Bobi ? « Bobi pour les intimes. Et même les autres. Personne sait comment il s’appelle vraiment, le petit Bobi. On a toujours dit Bobi à propos de lui, sans trop savoir c’est qui. » Au milieu de toutes ses aventures jésuesques, m’est revenu en tête ce fameux syndrome de Jérusalem où des hurluberlus arrivés dans la Ville sainte et pris par l’émotion finissent par avoir des délires mystiques. Certains d’entre eux finissent par se prendre pour Jésus, adopter son look et prêcher dans la ville. Jetez-y un œil sur Google, c’est fascinant, mais revenons-en à Charles Pennequin. Il me rappelle ces slameurs ou ces zajjalis qui, une fois devant le micro, peuvent dérouler pendant des heures, et même si parfois l’on ne comprend rien, c’est si joliment dit, si bien rythmé qu’on s’en moque et on en redemande encore car au fond, il a raison, Charles Pennequin, les enfants écrivent mieux que les adultes, ils disent les choses comme elles viennent, et l’écriture, c’est ça, laisser les choses venir : « Bobi part en vacances. Bobi aime le soleil des vacances. C’est les vacances sous le soleil, cette année. Demain, il pleuvra moins, se dit Bobi. Pour l’instant, il pleut, mais le soleil arrive. Il arrive avec les vacances de Bobi. Bobi est heureux car il sait que ça va poindre. Le bonheur, point. Au coin du bois, le bonheur va surgir, se dit Bobi. Et le bonheur qui surgit, c’est forcément le soleil. On en a besoin. On a tous besoin d’amour et de soleil. » Jésus, reviens.

« Dehors Jésus », P.O.L., Charles Pennequin.

« Jésus se réveille en pleine nuit, putain. Il sait plus où il dort. Où est-ce qu’il crèche à cette heure-ci, putain, Jésus, il sait plus. Il a tout paumé en se réveillant. » Mais qui est Jésus ? Le Jésus de Dehors Jésus de Charles Pennequin ? Jésus ? Charles Pennequin ? Moi ? Vous ? « Dieu est en chacun de nous », disent-ils. Jésus, c’est un peu nous...

commentaires (1)

Est-ce la faute du critique ou est-ce celle du romancier? Cet article ne donne aucune envie de lire ce roman. L'impression finale: le livre est probablement aussi indigeste que cette page de Sabyl Ghoussoub.

Fadoul Paul

08 h 01, le 01 avril 2022

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Commentaires (1)

  • Est-ce la faute du critique ou est-ce celle du romancier? Cet article ne donne aucune envie de lire ce roman. L'impression finale: le livre est probablement aussi indigeste que cette page de Sabyl Ghoussoub.

    Fadoul Paul

    08 h 01, le 01 avril 2022

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